Belgique

La secrétaire d’Etat Sarah Schlitz (Ecolo) démissionne : "La polémique a pris une ampleur délétère pour le climat politique"

Invitée : Sarah Schlitz (Ecolo) annonce sa démission

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Par Thomas Gadisseux avec Alain Lechien via

Sarah Schlitz, secrétaire d’Etat (Ecolo) à l’Egalité des chances, des genres et à la Diversité, a présenté sa démission. Elle était attendue ce mercredi pour s’expliquer face aux critiques de l’opposition, l’accusant d’avoir menti plusieurs fois au parlement. Acculée depuis plusieurs jours, elle estime qu’elle n’est plus en mesure de pouvoir exercer son mandat de secrétaire d’Etat. Une motion de défiance devait être votée ce jeudi en séance plénière du parlement et le soutien de la majorité était clairement remis en cause. Sarah Schlitz prend les devants, et quitte le gouvernement. Elle l’a annoncé ce mercredi matin à la RTBF dans Matin Première. "Je vais présenter ma démission au Premier ministre".

"J’ai commis une erreur, pour laquelle je me suis excusée et je reconnais avoir commis cette erreur. Je tiens encore une fois à présenter mes excuses pour toutes les personnes que cela a pu choquer. Aujourd’hui la polémique a pris une ampleur qui est vraiment délétère pour le climat politique. Cela devient irrespirable et je ne me suis pas engagée en politique pour cela. Je me suis engagée en politique pour des valeurs, des combats sociaux, pour la justice sociale, pour protéger des femmes et des enfants des violences, pour une société plus égalitaire et plus juste. Aujourd’hui je souhaite m’effacer pour permettre au combat d’avancer et à tous ces projets en cours de continuer leurs chemins", explique-t-elle.

Evoquant, la polémique sur l’utilisation de son logo personnel pour des événements subsidiés par de l’argent public, elle admet : "J’aurais pu amener des éléments plus clairs au Parlement. J’aurais dû demander l’autorisation à la Commission de contrôle des dépenses électorales pour que ces logos soient apposés. Au départ c’était une habitude qui était en cours dans l’administration, et j’aurais dû y mettre un terme. Je ne l’ai pas fait, j’assume cette responsabilité politique".

Elle insiste : "Il reste encore beaucoup de victoires à engranger pour la Vivaldi en matière d’égalité". Une autre personnalité Ecolo reprendra le flambeau, selon elle. "C’est dans l’ADN d’Ecolo" de porter les combats féministes.

"Ma démission ouvre la voie pour augmenter les standards en matière d’éthique en politique"

Un peu plus tard dans la matinée, à 10 heures, Sarah Schlitz a tenu une conférence de presse où elle a réexpliqué les raisons de sa démission. Les propos étaient très proches de ceux tenus sur la Première plus tôt dans la journée.

Alors que rien n’a encore été décidé à propos de la succession de Sarah Schlitz et de l’avenir du secrétariat d’Etat à l’Egalité des chances, des genres et à la diversité, la secrétaire d’Etat démissionnaire a insisté sur la nécessité de cette fonction. "J’entends certains déjà dire qu’on ne devrait pas me remplacer, que ce secrétariat d’Etat ne serait pas utile ou nécessaire", a-t-elle dit, faisant référence à des propos tenus par le député N-VA Sander Loones. Ce à quoi Sarah Schlitz répond : "la Vivaldi a fait un travail historique sur les questions de lutte contre les violences sexuelles et sexistes et je veux que ce combat puisse continuer". Elle énumère alors les projets bouclés, en cours de réalisation ou à réaliser : la loi "stop féminicides", la loi pour réformer les législations anti-discriminations, les centres de prise en charge des violences sexuelles, l’interdiction des pratiques de conversion et l’interdiction des traitements médicaux sur les enfants intersexes. "Tous ces dossiers doivent avancer", a plaidé Sarah Schlitz.

Sarah Schlitz a aussi mis en avant "la gouvernance" qui "fait partie de l’ADN d’Ecolo". "On est plus dur avec nous qu’avec les autres et c’est normal", a-t-elle estimé. Et sa démission ouvre, selon elle, des perspectives en matière d’éthique en politique. "Aujourd’hui, ma démission ouvre la voie pour augmenter les standards en matière d’éthique en politique, y compris vis-à-vis des violences sexistes et sexuelles qui sont commises par des mandataires politiques", a-t-elle déclaré à la presse. Interrogée au sujet de l’identité de ces mandataires politiques, Sarah Schlitz n’a pas donné de réponse.

"Je vous renvoie pour toutes ces questions vers mes porte-parole", a-t-elle répondu aux journalistes qui tentaient de l’interroger, notamment un journaliste flamand qui lui demandait "Est-ce que vous avez menti au Parlement ?".

 

Son logo provoque sa chute

C’est le député nationaliste de la N-VA, Sander Loones qui a allumé la mèche. Lui qui a déjà fait tomber une autre secrétaire d’Etat, Eva De Bleeker en novembre dernier, à propos du budget. Mi-avril, il épingle la présence répétée du logo personnel de la secrétaire d’Etat Sarah Schlitz sur des flyers de conférences, de colloques ou des sites web d’associations ayant reçu des subsides publics. Il est question de l’usage d’un logo privé, pour des évènements et des associations financés par de l’argent public. Sarah Schlitz sera sommée de venir s’expliquer et s’excuser devant la Commission de contrôle des dépenses électorales, qui lui infligera une réprimande. Les excuses ne suffiront pas.

Quelques jours plus tard, le quotidien la DH mettra en lumière l’existence qu’un guide de subventions qui demande explicitement de faire apparaître le logo portant le nom de la secrétaire d’Etat sur les documents de promotion. Jeudi soir, la séance du parlement est suspendue. Sarah Schlitz n’avait-elle pas tout dit et tout expliqué devant les députés ? Elle reçoit une semaine de sursis.

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