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La sexualité, nouveau sujet phare pour les médias ?

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Depuis quelques années, la sexualité est de plus en plus présente, tout le temps et dans tous les médias. Nombre d’émissions sur la sexualité ont récemment fleuri, abordant le sujet de manière décontractée, devant une audience plus ou moins jeune. Mais paradoxalement, la sexualité, reste un thème assez tabou dans nos sociétés occidentales. Alors ça vient d’où cet engouement de la part des médias ? Le sexe est-il devenu le nouveau sujet tendance ?

Le cul, ça fait vendre. Le truc c’est que ça, ce n’est pas nouveau. Depuis les années 1970, l’industrie pornographique est grandissante. Comme expliqué dans le livre La pornologie de Sébastien Hubier, "l’influence des représentations de la sexualité est telle que la pub, le cinéma et même la littérature s’en inspirent".

Mais les représentations de la sexualité n’ont pas toujours eu la part belle. Nos sociétés occidentales proscrivaient soigneusement tout contenu à caractère sexuel. L’héritage judéo-chrétien y est pour beaucoup, puisque la sexualité était associée au péché de chair et à la honte.

Du coup, il ne fallait pas trop déconner avant le mariage. Marie-Reine Iyumva, journaliste et chroniqueuse sexo dans l’émission Sex’n’Sun chez Tarmac explique : "Le fait de se faire plaisir, le sexe individuel, la masturbation ce n’est pas quelque chose de vraiment accepté. On n’était pas des êtres qui devaient rechercher le plaisir dans la sexualité mais on devait se concentrer sur la procréation, on devait créer une famille". 

La révolution sexuelle 

Et puis il y a eu la révolution sexuelle en 1968. Les mœurs ont commencé à se libérer et les premiers moyens de contraceptions ont fait leur apparition. Le MLF (Mouvement de libération des femmes) qui prône la libération du corps des femmes, fait son apparition en 1970. La loi Veil contre l’avortement est votée en 1978. 

À partir de ce moment, la parole autour du sexe se libère. Si avant le sexe était synonyme de mariage, aujourd’hui on peut avoir une vie sexuelle sans être nécessairement en couple. On peut également en apprendre plus grâce aux médias. 

Aujourd’hui la RTBF compte plusieurs émissions dédiées à notre vie sous les draps. Il y a aussi les plateformes d’écoutes avec leurs gammes de podcasts traitant de la sexualité et de l’intime sous toutes ses coutures. Victoire Tuaillon et son podcast "Les couilles sur la table " est un bel exemple. Selon Le Monde, il pouvait se targuer en 2019 de plus de 500.000 écoutes mensuelles. Mais les médias " traditionnels " ne font pas exception. En première ligne ? Les magazines dits " féminins " dotés de la fameuse rubrique "sexo". Qui n’est d’ailleurs plus seulement le propre de ce type de magazine, des radios comme France Inter, Europe 1 ou encore le site RTBF ont leur rubrique. 

Les jeunes en première ligne

La sexualité reste un sujet qui demande à être traité avec une attention particulière, surtout quand on s’adresse aux jeunes. Marie-Reine Iyumva précise : "Les jeunes sont très exposés, mais il y a toujours un grand besoin de s’éduquer. Pour leur protection, pour rechercher son propre plaisir, sa propre anatomie, … Ce n’est pas parce qu’on fait l’amour qu’on en sait plus. Ou à l’inverse, on peut rester vierge et extrêmement bien se connaître… ". 

Les émissions d’éducations sexuelles remplaceraient-elles l’éducation faite à l’école ?

Selon un article de Daphné Van Ossel, journaliste à la RTBF, l’Education à la vie Relationnelle, Affective, et Sexuelle (EVRAS) fait partie des missions prioritaires de l’enseignement depuis 10 ans. Mais en pratique, seuls 20% des élèves en font véritablement l’expérience. Ce qui correspond à deux fois deux heures de formation à la vie relationnelle, affective et sexuelle sur la totalité de leur scolarité.

Et on ne va pas se mentir, notre éducation sexuelle se limitait souvent à retourner une chaise, à tenter d’ouvrir un préservatif sans le faire tomber et à l’enfiler sur un des pieds, les doigts gluants de lubrifiant.

Un sujet universel

La sexualité est un sujet qui touche tout le monde dans toutes les couches de la société. Marie-Reine Iyumva explique : "La sexualité est un sujet infini. On ne saura jamais tout sur la sexualité du monde entier. C’est vraiment un sujet dans lequel on peut puiser et repuiser pour apprendre de nous-même, des autres. Et c’est vraiment quelque chose au centre des sociétés. C’est très intéressant d’apprendre les mœurs sexuelles de tel et tel peuple pour comprendre comment ces personnes vivent."

Le phénomène #metoo

Le mouvement #Metoo voit d’abord le jour en 2006 avec Tarana Burke, militante et enseignante originaire de New-York. A la base, Tarana Burke, qui travaillait dans le Bronx à New York, a décidé de lancer une campagne "Me Too" afin que les victimes de violences sexuelles puissent se parler.

Mais le mouvement décolle vraiment le 5 octobre 2017. Le New-York Times et le New-Yorker publient des révélations sur les agissements du producteur Harvey Weinstein. Pendant la nuit du 14 au 14 octobre, Alyssa Milano poste sur son Tweeter : "Si vous avez été harcelé ou agressé sexuellement, écrivez "moi aussi "en réponse à ce tweet."

Ce tweet marque le début du phénomène que l’on connaît aujourd’hui, où des dizaines de femmes se sont exprimées sur les événements qu’elles subissaient au jour le jour sur leur lieu professionnel. #Metoo, c’est un phénomène qui a eu un effet de libération notable, avec plus de 3 millions de tweets recensés en trois mois, comme le rappelle France Info. Même si comme dans tous les mouvements, il existe des nuances.

Quand bien même, la société se retrouve en demande d’apprentissage. Si le mouvement démarre sur Internet à travers les différentes accusations, il devient plus tard un support d’échanges sur les questions de sexualité, une véritable mine d’informations. Des comptes " sexo " comme "Clit' révolution " possède 124.000 abonnés. " T’as joui ? ", compte de 506.000 abonnés libère la parole et permettent d’aborder les questions liées à la sexualité au rapport à l’intime. 

Quelle qu’en soit la raison, les différents contenus disponibles partout montrent que la sexualité est un sujet de société qui suscite l’intérêt puisque les gens s’y intéressent toujours plus, mais le contenu se doit d’être de qualité. Marie-Reine Iyumva rappelle qu’un sujet en vogue n’est pas une solution de facilité : " Surfer sur la tendance ça ne fait pas tout. Parce que si ton contenu n’est pas bon, comme on est dans une société de consommation et qu’on passe vite à autre chose il faut savoir garder l’attention parce que tout le monde se bat pour son bout d’audience. "

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