Les personnes âgées ne sont pas "d’abord des objets de soins" mais "peuvent encore aimer et être aimées", affirme Yann Lasnier, le délégué général de cette association française qui lutte contre l’isolement des plus âgés. D’après une étude CSA Research réalisée pour le compte des "Petits frères" auprès de 1500 seniors de plus de 60 ans, 91% des personnes âgées en couple disent éprouver du désir pour leur conjoint, 74% ont encore des relations sexuelles et 71% des seniors estiment qu'"un corps qui vieillit peut rester désirable".
Des constats à rebours de nombre d’idées reçues, que l’association veut combattre à travers une campagne de communication en octobre. "Ne réduisons pas les aînés à nos clichés", suggèrent les affiches, qui montrent des couples aux cheveux blancs se caressant ou échangeant de fougueux baisers.
"Changer les mentalités, c’est important", approuve Patricia, 61 ans, qui évoque volontiers son "désir" pour Raymond, 68 ans, avec qui elle a refait sa vie voici cinq ans.
"Parce qu’on est vieux, on n’aurait plus de valeur, plus de vie perso, plus de vie sexuelle ?" s’indigne-t-elle.
Sur la ligne d’écoute anonyme gérée par les "Petits frères", une sorte de "SOS amitiés" pour seniors, plus d’un appel sur dix a trait à la vie affective ou sexuelle, témoigne Mélanie Rossi, la responsable de ce dispositif.
"Beaucoup d’hommes font état d’une misère sexuelle et ont besoin de raconter leurs fantasmes sur la voisine ou l’aide-soignante", raconte Mme Rossi. "Et beaucoup de femmes de 75 ou 80 ans, souvent des veuves, se disent en manque de tendresse." "Pour cette génération, la sexualité a surtout été associée à la maternité ou au 'devoir conjugal'. Elles ont été très mal informées, y compris sur leur propre corps. Certaines femmes aujourd’hui s’interrogent sur les sex toys ou la masturbation mais ne savent pas à qui s’adresser", ajoute cette responsable.