Questions-Réponses

"La solution au déficit de la Belgique est à trouver dans la croissance et l’emploi", avance l’économiste Bruno Colmant

QR l'actu

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35 milliards d’euros. Le déficit budgétaire de tous les pouvoirs publics belges se creuse et atteint 6,1% du PIB. Alors comment expliquer ce trou budgétaire ? Faut-il s’inquiéter de la dette ? La Belgique est-elle en "faillite"? Pour répondre à toutes vos questions, QR l’actu a reçu l’économiste Bruno Colmant.

Pourquoi un tel déficit ?

L’État prend 55% du produit intérieur brut. Une somme rondelette pour faire fonctionner la Belgique. Mais alors comment expliquer un tel déficit ? Pour Bruno Colmant, il ne faut pas perdre de vue les crises successives de ces dernières années : "Il y a eu le Covid puis cette guerre en Ukraine avec de la récession et de l’inflation. Nous avons un déficit budgétaire important qui tourne autour des 6% et il sera du même ordre l’année prochaine. Ce qui nous sauve, c’est le fait que la banque centrale européenne (BCE) prête de l’argent à tous les États européens à des taux extrêmement bas. Donc on ne sent pas les aspects douloureux de cet endettement et de ce déficit".

Classe moyenne trop taxée ?

Certains Belges aux revenus faibles ne contribuent pas ou peu ou finances publiques alors qu’ils reçoivent pourtant pas mal en retour et d’autres aux revenus très confortables parviennent à éviter les taxes. Bref, la classe moyenne serait surtaxée. À entendre, notre économiste, il faudrait revoir notre système de taxation.

"Le problème avec notre fiscalité actuelle, c’est le fait que nous avons concentré, au cours des 60 dernières années, les taxes sur le travail. Donc, cette fiscalité est excessive. On est bien trop vite taxé à 50%. Il faut un nouveau système fiscal et je pense qu’il est en préparation. L’idée serait de globaliser tous les revenus (les loyers, les dividendes, les intérêts) pour taxer de manière plus correcte et dans ce cas, faire baisser la fiscalité sur le travail."

Belgique en "faillite"?

Doit-on craindre des diminutions de salaire ou de pension comme on a connu en Grèce ? Pour Bruno Colmant, ce scénario est bien exagéré : "Ces 50 dernières années, il y a deux pays en Europe qui ont été mis sous la tutelle du FMI (Fonds monétaire international, ndlr), c’est l’Angleterre en 1976 et la Grève, il y a une dizaine d’années. On n’en est pas là. La Belgique est un pays assez riche. L’épargne belge est très importante mais si la BCE ne prête plus à la Belgique alors on va voir les taux d’intérêt grimper et dans ce cas, on devra lever des impôts supplémentaires pour payer les intérêts de notre dette".

Mauvaise gestion publique ?

Cette dette et ces déficits sont-ils le signe d’une mauvaise gestion de l’argent public ? À entendre Bruno Colmant, cette vision des choses doit être fortement nuancée. "Il ne faut pas corriger ce problème en réduisant fortement les dépenses de l’état même si cette option est possible, ni en augmentant les impôts parce que nous allons rentrer dans une période de récession", souligne-t-il.

Et d’ajouter : "À mon sens, la solution est à trouver dans la croissance et surtout dans l’emploi. Il faut augmenter le taux d’emploi principalement dans le sud du pays. Si on arrive à augmenter le taux d’emploi, on va mécaniquement augmenter la croissance et réduire ainsi l’endettement public".

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