En effet, "ces spéculateurs ne sont pas intéressés d’acheter des tonnes de blé, de maïs ou de soja, ajoute Olivier De Schutter. Ils sont intéressés à faire du profit à court terme en anticipant l’évolution des prix et en faisant des paris sur l’avenir".
Les marchés à terme
Ce qui les intéresse, c’est un "bout de papier", qui est aujourd’hui évidemment électronique, une sorte de bon de livraison pour 50 tonnes de blé à une échéance précise, deux mois plus tard par exemple. C’est ce qu’on appelle un contrat à terme. C’est l’engagement entre deux parties de livrer, physiquement, une quantité donnée à une date donnée, à un prix fixé aujourd’hui.
Un agriculteur, par exemple, pourrait s’engager à livrer à un meunier, une tonne de blé fin août. Pour le meunier c’est la garantie de pouvoir produire sa farine à ce moment-là. Pour le producteur, c’est la garantie d’écouler sa moisson quelle que soit l’évolution des prix du marché d’ici-là et d’ainsi ne pas être exposé à des risques météo ou géopolitiques.
Mais dans l’intervalle, ce "bout de papier", pourra être vendu et acheté par d’autres acteurs du marché, les banques et fonds. Ainsi, les contrats conclus au début de la guerre, tant que les prix étaient encore à des niveaux normaux, vont prendre de la valeur avec les semaines et les prix qui grimpent. Les spéculateurs ont acheté en faisant le pari de pouvoir revendre plus cher dans les deux mois et en tout cas avant la date de livraison par laquelle ils ne sont pas intéressés.