La Symphonie des jouets, une paternité incertaine

La symphonie des jouets, une paternité incertaine

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Par Dominique Corbiau

Le contreténor Dominique Corbiau profite de la trêve des confiseurs pour nous raconter chaque jour sur Musiq3 une histoire surprenante sur de grands musiciens ou de grandes œuvres.

La Symphonie des jouets ou Kindersinfonie en allemand fait dialoguer des jouets-musicaux très en vogue au XVIIIe siècle, tels un appeau-coucou, un sifflet-rossignol, une trompette-jouet à une note, une crécelle, un triangle et un petit tambour, avec le reste de l’orchestre. La renommée de cette œuvre est aussi grande que le mystère qui entoure la paternité de celle-ci.

La Symphonie des jouets fût d’abord attribuée à Joseph Haydn. La légende veut que Haydn aurait eu l’idée de composer cette symphonie à l’approche de Noël, après avoir acheté des jouets pour les enfants du Prince Esterhazy dont il était le Maître de chapelle. Une distribution de cadeaux qui se serait faite en musique, au rythme de cette symphonie interprétée par les musiciens du Palais. Cette légende a perduré jusqu’au XXe siècle.

Dans les années 30, des musicologues commencèrent à renier cette hypothèse, la Symphonie des jouets ne figurant pas dans le catalogue exhaustif de Haydn rédigé par le compositeur lui-même. La question restait entière : qui donc est l’auteur de la Symphonie des jouets ?

Comme la première édition ne mentionnait que le nom de Haydn et pas son prénom, la paternité de l’œuvre a alors été attribuée au frère cadet de Joseph, Michael Haydn, beaucoup moins célèbre mais néanmoins bon compositeur. Une paternité qui sera finalement contestée lors de la découverte de la partition manuscrite de l’œuvre.

En effet, cette partition manuscrite porte la signature de Léopold Mozart, qui n’est autre que le père de Wolfgand Amadeus Mozart. Tout s’éclaire, on fait le rapprochement avec d’autres pièces de circonstance de Léopold Mozart, qui présentent beaucoup de similitudes stylistiques avec la Symphonie des jouets.

Et si le mystère semblait enfin être résolu, c’était sans compter la découverte, en 1992, d’un second manuscrit, visiblement plus ancien et signé de la main d’un certain Père Edmund Angerer, moine et Maître de chapelle ayant vécu dans un monastère de la région du Tyrol. Qui donc a bien pu composer cette symphonie ? Qui a copié le manuscrit de l’autre ?

Depuis cette découverte, la question n’a jamais été véritablement tranchée, les spécialistes n’arrivant pas à se mettre d’accord sur qui de Léopold Mozart ou du Père Angerer aurait copié le manuscrit de l’autre.

Néanmoins, aujourd’hui l’œuvre est très souvent présentée comme étant celle de Léopold Mozart.

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