Dans l’émission La Tribune de ce lundi, toute l’équipe est revenue longuement sur les incidents qui ont marqué le football belge ce week-end. Le choc wallon entre le Standard et Charleroi a été le lieu de débordements spectaculaires. Ces derniers ont été dénoncés unanimement par toutes les personnes présentes sur le plateau. Mais les acteurs de La Tribune ont également tenu à se pencher sur le ras-le-bol des véritables supporters du Standard, perdus dans un projet de club par clair, avec de nombreux changements d’entraîneurs et peu de communication de la direction. Une situation indigne de l’institution que représente ce club en Belgique.
Swann Borsellino, notre chroniqueur de nationalité française, a livré un point de vue intéressant sur le Standard. Celui d’un nouvel observateur, qui découvre la Pro League depuis un et demi : "J’ai appris depuis un an et demi à découvrir ce championnat. Quand je suis arrivé ici, je connaissais bien deux équipes, Anderlecht et le Standard parce que ce sont les équipes dont on parle en France. J’arrive ici, je connais le Standard de réputation. Ça fait un an et demi que je suis ici, j’ai vu trois coaches, et chaque week-end, je travaille, mais si je devais choisir, je n’ai pas envie de regarder le Standard. Je n’arrive pas à trouver un comparatif avec ce que j’entendais quand je ne connaissais pas le football belge et aujourd’hui où je le connais bien, je ne vois pas le rapport en fait."
Il faut avouer que certains fans sont perdus au milieu de tout ça aujourd’hui : "Et en ça, je comprends certains supporters. Ne pas comprendre les supporters du Standard aujourd’hui, ça veut dire qu’on n’est pas supporter d’une équipe. Quand vous supportez une équipe, vous avez besoin d’un peu d’espoirs, pas forcément de gagner la Ligue des Champions ni le championnat belge, c’est un truc auquel vous vous raccrochez chaque week-end en vous disant 'je vais quand même passer un bon moment'. Ça peut être comme à Anderlecht en se disant, 'je vais croire au process de Kompany' ou 'je vais voir des jeunes de Neerpede' mais au moins il y a un truc qui me fait vivre le week-end. J’ai vu trois coaches au Standard, j’ai vu des joueurs passer mais si j’étais supporter du Standard aujourd’hui, je ne sais pas ce qui me ferait allumer la télé le dimanche ou le samedi."
Les gens n’acceptent pas de se dire que dans le club pour lequel ils vivent, il n’y a plus de 'tête', plus de philosophie, plus de politique, il n’y a pas de point de vue, il n’y a pas de souffle.
Stephan Streker abonde dans le sens de Swann : "La méthode (employée par les supporters) ne fonctionne pas, ils ne peuvent pas se permettre de faire ce qu’il s’est passé. Les gens qui ont mis en danger la santé d’autrui doivent être poursuivis devant les tribunaux mais ne pas comprendre la détresse des supporters du Standard, c’est incroyable. Un supporter acceptera toujours la défaite, et même la défaite cruelle ou injuste. Les gens acceptent ça, ce qu’ils n’acceptent pas c’est de se dire que dans le club pour lequel ils vivent, il n’y a plus de 'tête', plus de philosophie, plus de politique, il n’y a pas de point de vue, ; il n’y a pas de souffle."
En tant qu’ancienne joueuse du Standard, Cécile est restée supportrice du club : "Je suis supporter du Standard, vous le savez, ce n’est pas un secret, j’y ai joué longtemps. Et comme le dit Swann, quand j’allume la TV pour les regarder, c’est parce que je viens ici le lundi, sinon parfois c’est quand même un peu compliqué. Juste pour revenir sur l’aspect sportif, on parlait de la dynamique dans laquelle le groupe est : le groupe de joueurs qui est présent maintenant, depuis les trois coaches, c’est le même groupe. Ils n’ont presque jamais connu une spirale positive à part trois matches avec Leye, où on ne sait pas très bien ce qui s’est passé, c’était un peu magique. Depuis un an et demi, les Raskin, les Siquet, ils ne connaissent pas de spirale positive, ils ne savent plus ce que c’est. […] À un moment, ça doit venir d’en haut et après ça se répercute."
Thierry Luthers de conclure : "La désaffection progressive du public, ça, c’est un signe qui ne trompe pas."