Retour aux sources

La tyrannie, hier, aujourd’hui… demain : une constance hélas très humaine !

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À la source de la tyrannie, tel est le titre du premier documentaire que vous propose Elodie de Sélys dans " Retour aux sources ", cette semaine. Si ce film plonge dans les raisons qui ont possiblement mené des hommes tels Kim Jong Un, Hitler, Mussolini, Staline, Mao, Pol Pot ou Saddam Hussein à être des tyrans, la dictature et le despotisme constituent une constante dans l’histoire…

De nos jours, les tyrans – autrement dits, les dictateurs – sont une race bien établie sur Terre : Biélorussie, Érythrée, Guinée équatoriale, Syrie, Turkménistan… sont dirigés depuis parfois plusieurs décennies par le même homme. Et que penser de la Russie ou de l’Iran ? Courageux mais pas téméraire, je préfère évoquer ici quelques tyrans aujourd’hui disparus, mais que nous avons, pour certains, bien connus…

Porfirio Diaz

Le général Jose de la Cruz Porfirio Diaz Mory.
Le général Jose de la Cruz Porfirio Diaz Mory. © GettyImage

Né en 1830 à Oaxaca, au Mexique, José de la Cruz Porfirio Diaz Mori sera militaire. Il sera l’adversaire de Benito Juarez, président des États-Unis mexicains de 1867 à 1872, suite l’assassinat de Maximilien Ier, l’éphémère empereur du Mexique. Diaz sera finalement élu le 28 novembre 1876, les débuts de sa présidence seront un peu chaotiques mais, une fois réélu, la loi électorale sera modifiée afin de lui assurer des mandats illimités.

Porfirio Diaz prend la tête d’un pays qui sort d’une guerre d’indépendance (1810-1821), qui a perdu la guerre contre son voisin américain (1847-1848) et qui sort du Second empire mexicain (1864-1867). Economiquement exsangue, Diaz redressera le Mexique, malgré le maintien de la majeure partie de la population dans une grande pauvreté, travaillant dans des haciendas occupant 57% du territoire.

Le " règne " de Diaz, de 1876 à 1911, porte le nom de Porfiriato ou Porfiriat. Il est caractérisé par une concentration des terres dans l’escarcelle d’une minorité. Beaucoup de terres sont spoliées aux populations indigènes. Lorsqu’une centaine de villageois se rebellera à Tomochic, ce sont 800 soldats qui seront envoyés. A l’issue de cette révolte, il ne demeurera que 290 habitants… Diaz combattra les Mayas souhaitant établir une république du Yucatan, en envoyant à Cuba les rebelles, condamnés aux travaux forcés.

En 1910, Diaz briguera un nouveau mandat, mais il sera opposé à Fracisco I. Madero qu’il fera emprisonner… ce qui mettra le feu aux poudres de la révolution mexicaine. Le 25 mai 1911, Diaz abandonnera le pouvoir, craignant une guerre civile et une intervention américaine, et s’exilera à Cuba, puis en Espagne. Il mourra à Paris en 1915 où il est inhumé au cimetière de Montparnasse. Bien que pouvant être considéré comme un tyran, Porfirio Dias est aujourd’hui vu par les Mexicains comme le 3e meilleur président, avec Benito Juarez et Lazaro Cardenas.

Josip Broz, dit « Tito »

Tito, en 1957.
Tito, en 1957. © GettyImage

Né en actuelle Croatie, à Kumrovec, le 7 mai 1892, Tito est l’un de ses noms de guerre, qu’il utilisait lors de ses missions pour le Komintern. Entré très tôt au Parti communiste yougoslave, il en prend la direction à la fin des années 1930 avant de devenir Président de la République fédérative socialiste de Yougoslavie en 1945.

S’il est à l’origine du mouvement des non-alignés, par suite de sa rupture avec l’URSS, l’homme n’en est pas moins un dictateur. Un seul parti existe en Yougoslavie, le Parti communiste… et Tito en est le chef tout puissant, avec un culte de la personnalité affirmé, jusqu’à son décès à Ljubijana, le 4 mai 1980. La Yougoslavie de Tito, ce sera, comme l’écrira Ignacio Ramonet dans Le Monde Diplomatique du 1er février 1999 :

… six républiques, cinq nations, trois religions, deux alphabets et un seul parti.

L’autoproclamé « maréchal » Tito.

Après l’arrestation de 30.000 fermiers en 1948, les terres yougoslaves seront placées en collectivité par le biais des " Coopératives paysannes du travail " ; même si elles seront rapidement supprimées, la propriété privée demeurera extrêmement limitée.

Camps de détention et prisons accueilleront bien des condamnés, que ce soient des opposants tels les indépendantistes, les staliniens, les fascistes, les monarchistes et même les ecclésiastiques. C’est ainsi que Mgr Aloys Stepinac, archevêque de Zagreb, sera condamné à 16 ans de réclusion, pour avoir soi-disant collaboré avec les Oustachis qui obligeaient les Serbes orthodoxes à se convertir au catholicisme, persécutions dénoncées par Stepinac dès 1945 ! Après 5 ans de prison, il sera assigné à résidence. Il meurt en 1960 et sera béatifié 38 ans plus tard.

Nicolae Ceausescu… et Elena.

Nicolae et Elena Ceausescu, à Bucarest en 1985.
Nicolae et Elena Ceausescu, à Bucarest en 1985. © GettyImage

Autoproclamé " Conducător " (guide), " Génie des Carpates " et " Danube de la pensée ", Ceausescu est né le 26 janvier 1918, en Valachie. Suite au décès du président de la République populaire roumaine, Gherghe Gheorghiu-Dej, il devient en 1965 premier secrétaire du Parti ouvrier dont il change le nom en Parti communiste roumain. Il rebaptise aussi le pays en République socialiste de Roumanie.

La Roumanie sera, tout au long du règne de Nicolae et Elena Ceausescu, le royaume du culte de la personnalité et du népotisme. Faut-il rappeler la sombre biographie de cet homme qui, en décembre 1989, donnera l’ordre de tirer sur les manifestants anti-communistes de Timişoara ? Lors d’un discours le 21 décembre, Ceausescu est hué. Le couple tente de fuir le lendemain, en vain. Le jour de Noël, à Târgovişte, un procès expéditif, tel que le dictateur les aimait, condamne Nicolae et Elena à mort, pour génocide. Ils seront immédiatement fusillés.

Les derniers jours de Ceausescu

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" À la source de la tyrannie ", suivi de " La sexualité des tyrans ", à voir dans " Retour aux sources ", samedi 26 novembre à 20h35 sur La Trois.

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