Belgique

La vérité crue de la Shoah au centre d’un jeu vidéo à visée éducative avec "The Light in the Darkness"

Capture d’écran du jeu

© "The Light in the Darkness"

Dans "The Light in the Darkness", le joueur incarne les membres d’une famille juive française originaire de Pologne et suit leur périple jusqu’à leur arrestation et leur déportation vers Auschwitz.

Cela se fait sous la forme d’un film d’animation interactif (qui devrait inclure de vrais témoignages de survivants dans une version ultérieure). Le joueur n’a d’ailleurs pas d’emprise sur le déroulé de l’histoire et assiste passivement au sort tragique des personnages.

Capture d’écran du jeu
Capture d’écran du jeu © "The Light in the Darkness"

Un jeu disponible gratuitement

"The Light in the Darkness" est actuellement disponible pour PC (sur Xbox dans le courant de cette année) gratuitement sur la boutique en ligne d’Epic Games.

Une volonté de son créateur français. Luc Bernard espère, avec ce travail de mémoire, toucher un plus grand nombre : "C’est gratuit car je veux que les gens qui habitent dans des zones rurales ou dans des zones défavorisées puissent apprendre sur la Shoah. Si vous regardez, nous mettons tous nos efforts sur les musées, qui sont formidables, mais c’est seulement une petite population, un petit pourcentage de la population qui peut aller aux musées, ou même rencontrer des survivants."

Ce créateur de jeu vidéo s’est d’ailleurs longuement documenté pour réaliser ce jeu en consultant les archives, mais aussi en récoltant des témoignages de survivants.

Vu cette réalité crue, le jeu est limité aux plus de 16 ans. 

Capture d’écran du jeu
Capture d’écran du jeu © "The Light in the Darkness"

Changement des mentalités

En 2008, Luc Bernard avait déjà tenté de sortir un jeu vidéo sur le même thème avec "Imagination Is The Only Escape", mais cela avait provoqué une levée de boucliers jugeant l’univers du jeu vidéo trop peu sérieux pour aborder une thématique pareille.

Mais en quelques années, les mentalités ont changé, estime Bjorn-Olav Dozo, professeur de culture vidéo ludique à l’université de Liège (ULiège) : "Pendant longtemps, la Shoah a été le symbole de l’indicible, de l’irracontable, qui ne pouvait pas être transmis par des mots alors qu’il y a énormément de textes qui parlent de la Shoah. Ici, c’est sans doute la première fois qu’un jeu affronte cette thématique de manière aussi frontale. Alors, je ne sais pas si on peut dire que l’on casse des tabous, mais ce jeu est le prolongement d’un changement de statut et de légitimité du jeu vidéo qui maintenant est reconnu comme pouvant prendre en charge ce type de discours."

Et d’ajouter que l’idée du jeu vidéo comme média poussant à l’insociabilité et à une certaine forme de violence, est révolue. "Aujourd’hui, le jeu vidéo est entré au musée, à l’université. C’est devenu une pratique culturelle, un objet culturel suffisamment légitime pour assumer des discours plus graves. D’autant que "le jeu vidéo est un objet culturel pleinement investi par les plus jeunes, il est donc important qu’il puisse parler du monde et du monde dans toute sa complexité." 

Loading...

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous