Changement des mentalités
En 2008, Luc Bernard avait déjà tenté de sortir un jeu vidéo sur le même thème avec "Imagination Is The Only Escape", mais cela avait provoqué une levée de boucliers jugeant l’univers du jeu vidéo trop peu sérieux pour aborder une thématique pareille.
Mais en quelques années, les mentalités ont changé, estime Bjorn-Olav Dozo, professeur de culture vidéo ludique à l’université de Liège (ULiège) : "Pendant longtemps, la Shoah a été le symbole de l’indicible, de l’irracontable, qui ne pouvait pas être transmis par des mots alors qu’il y a énormément de textes qui parlent de la Shoah. Ici, c’est sans doute la première fois qu’un jeu affronte cette thématique de manière aussi frontale. Alors, je ne sais pas si on peut dire que l’on casse des tabous, mais ce jeu est le prolongement d’un changement de statut et de légitimité du jeu vidéo qui maintenant est reconnu comme pouvant prendre en charge ce type de discours."
Et d’ajouter que l’idée du jeu vidéo comme média poussant à l’insociabilité et à une certaine forme de violence, est révolue. "Aujourd’hui, le jeu vidéo est entré au musée, à l’université. C’est devenu une pratique culturelle, un objet culturel suffisamment légitime pour assumer des discours plus graves. D’autant que "le jeu vidéo est un objet culturel pleinement investi par les plus jeunes, il est donc important qu’il puisse parler du monde et du monde dans toute sa complexité."