La Vie de l’Homme de Léonid Andréïev, un condensé de théâtre, de poésie, de roman, de peinture et de musique

La Vie de l’Homme de Léonid Andréïev, un condensé de théâtre, de poésie, de roman, de peinture et de musique

© Editions Mesures

Par Tania Markovic via

Tania Markovic nous fait découvrir La Vie de l’Homme, une pièce de Léonid Andréïev qui, s’il est tombé dans l’oubli aujourd’hui, était l’un des écrivains russes les plus connus de son époque.

Avec André Markowicz nous avons évoqué La Vie de l’Homme de Léonid Andréïev. Ce texte, publié en 1908, reste aujourd’hui quasiment introuvable. André Markowicz a traduit l’œuvre tout récemment et l’a publiée au sein de Mesures, maison d’édition qu’il a fondée avec Françoise Morvan en 2019. Leonid Andréïev, tombé dans l’oubli aujourd’hui, était pourtant, au début du XXe siècle, un écrivain russe parmi les plus connus de son temps. Il a fait sienne dans sa vie et dans son œuvre la réplique de Tréplev dans La Mouette de Tchekhov : "Il faut des formes nouvelles. Des formes nouvelles, voilà ce qu’il faut, et, s’il n’y en a pas, alors, tant qu’à faire, plutôt rien." Avec La Vie de l’Homme, il ouvre la voie à une nouvelle forme de théâtre : celle du théâtre épique européen allemand si cher à Bertolt Brecht (La Vie de l’Homme a d’ailleurs été traduit en allemand dès sa publication).

La Vie de l’Homme est donc une pièce qui ouvre la voie au théâtre expressionniste. Elle est construite en cinq tableaux. Chaque tableau raconte une étape de la vie de l’homme, de sa naissance à sa mort. Au cours d’une interview donnée à un journaliste au moment des répétitions de La Vie de l’Homme au Théâtre d’Art (dès 1907 la pièce est montée par deux monuments du théâtre russe, Meyerhold et Stanislavski), Léonid Andréïev aurait déclaré : "La première idée de ces tableaux tirés de la vie de l’homme m’est venue à l’étranger devant un tableau de Dürer. Les phases de la vie de Jésus y étaient séparées, dans un même tableau, par des panneaux. Là je me suis dit : Voilà comment on peut construire un drame."

La Vie de l’Homme s’inscrit dans la lignée des mystères médiévaux, toutefois, c’est un mystère sans Dieu. En lieu et à la place de Dieu, il y a L’Être en gris, qui ne décide pas de tout mais voit tout. Avec ce personnage, Léonid Andréïev révolutionne le chœur de la tragédie antique. Dans sa postface de La Vie de l’Homme, André Markowicz écrit : "Andréïev lançait là deux défis aux lois de la représentation. Oui, certes, il devait y avoir un chœur mais ce devait être un chœur sans paroles, et réduit à un seul personnage : L’Être en gris, toujours présent, toujours visible, suivant toujours l’action qui se déroule sans scène mais sans jamais intervenir (sauf une fois, à la toute fin). Et, en même temps, ce chœur muet avait une voix, celle qui parvenait au public par les didascalies."

Chaque tableau s’ouvre par une didascalie qui permet aux lecteurs de situer le temps et le lieu de l’action. Ces didascalies, comme en fait tout le texte de La Vie de l’Homme, sont un condensé de théâtre, de poésie, de roman, de peinture, de musique…

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