Lorsqu’elle rencontre Pablo Escobar, celui-ci n’est qu’au début de sa "carrière" criminelle avec notamment du trafic de cigarettes ou des enlèvements contre rançon. Au milieu des années septante, il ouvre la voie vers les États-Unis. Que savait-elle de tout cela ? Comment pouvait-il justifier à l’aube des années 80 les énormes sommes d’argent en sa possession ?
Maria Isabel Santos-Escobar vivait alors dans une culture machiste ou "on n’autorise pas les femmes à donner leur avis ou à poser des questions". Par ailleurs, dit-elle, son rôle était celui d’être femme au foyer, de prendre soin de ses enfants et de les éduquer.
Sans entrer dans les détails, elle rappelle aussi que son mari a d’abord été reconnu comme entrepreneur dans l’élevage, notamment. Compte tenu du statut qu’il s’est forgé, il a pu aussi intégrer le monde politique. Pendant presque 8 ans, il était une personne appréciée. Mais ensuite, le gouvernement a mené ses enquêtes "et toi tu ne peux pas dénoncer ce que tu ne vois pas devant tes yeux". Ces seules sources d’information étaient les nouvelles et ce qui se disait en public sur son mari et de toute façon : "J’étais comme enfermée dans ce monde des mandats de l’église qu’il fallait respecter comme épouse et comme mère".
Et puis, après toutes ces années, d’abord de luxe, puis de traques, de menaces, de violence et d’horreur, elle confie qu’il lui aura encore fallu 25 ans pour se confronter à cette histoire, enquêter et approfondir tout ce qu’elle avait vécu. "J’ai été horrifiée de toute cette violence".
Il est évidemment assez peu probable qu’elle n’ait rien su des activités criminelles de son mari. L’hacienda de Napolès où elle vivait était en effet remplie d’hommes de main armés jusqu’aux dents. Mais c’est la parole minimum qu’elle est prête à livrer aujourd’hui.