Le mug

La violence dans les séries : un phénomène ancien

Céline Dejoie s’est penchée sur la représentation de la violence à l’écran. Dans les films mais également dans les séries. Un phénomène pas si neuf que cela. Décryptage.

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La violence est un sujet vaste. Il ne faut pas nécessairement montrer des effusions de sang pour montrer la violence. Souvent même, dans les séries policières notamment, elle est suggérée et elle se passe hors champ. Il y a aussi la question de la violence psychologique, qui est bien plus insidieuse.

Les Américains ont même réussi à la rendre drôle, avec le slapstick. Le slapstick c’est un genre d’humour qui implique une part de violence physique qui est volontairement exagérée.

C’est d’ailleurs une des caractéristiques du cinéma burlesque américain avec Charlie Chaplin par exemple. C’est la violence qu’on voit dans les cartoons ou même dans Maman j’ai raté l’avion.

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La série Urgences s’est pas mal illustrée dans la violence. Non seulement une violence au niveau du système de soin de santé qui fait défaut aux patients et aux patientes en ne pouvant pas les prendre en charge correctement mais aussi une violence plus graphique.

Dans l’épisode 1 dans la saison 9 par exemple, où le docteur Romano se fait sectionner un bras par une hélice d’hélicoptère en préparant un patient pour l’évacuation.

 

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Alors dis comme ça, c’est loin d’être la scène la plus gore qu’on ait pu voir dans une fiction, mais il faut se remettre dans le contexte, on est en 2002 sur un network, une chaîne nationale donc, et c’est très surprenant d’oser montrer ce genre de contenus.

Ça se constate particulièrement au niveau des chaînes et des séries américaines où la censure est très présente. Ce qui est " amusant " c’est que le sexe est plus censuré que la violence.

Et les chaînes les plus censurées ce sont les chaînes publiques comme NBC qui diffusait Urgences. Il y a aussi ABC, CBS ou la FOX. Et puis il y a les chaînes câblées, Showtime, FX mais surtout HBO

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HBO qui a été lancée en 1972 a été précurseur en matière de diffusion de sexe et de violence à l’écran. Ça s’explique par le fait que c’est une chaîne payante et que donc ses revenus dépendent des abonnés et non pas des annonceurs.

HBO s’est donc permis beaucoup moins de censure. Il y a eu la série OZ en 1997 qui parle du milieu carcéral. The Wire juste après, qui n’est pas violente graphiquement mais qui plonge dans la problématique du trafic de drogue à Baltimore et qui est donc très sombre.

Et plus récemment Game of Thrones évidemment, violente, choquante a plus d’une reprise mais avec un scénario tellement efficace qu’on en redemande.

 

Comment expliquer cet attrait du public pour la violence, surtout sur des plateformes de streaming populaire ?

Quand on réfléchit au fait que des plateformes comme Netflix, Amazon Prime ou Apple TV + ont moins de contraintes, plus de libertés parce que moins de censure et de législations, on pourrait s’imaginer qu’elles se permettraient tout. Et elles restent cependant prudentes parce qu’elles visent un public très large.

Et pourtant avec des séries comme la Casa De Papel ou Squid Game, on ne peut pas nier un certain engouement. Le pourquoi c’est une question presque philosophique. Par fascination pour des univers qui nous sont inconnus, qui nous révulsent et nous fascinent à la fois.

Pour ce fameux effet de catharsis, un concept qu’on retrouve dans la Poétique d’Aristote. C’est la purgation des passions, l’extériorisation des sentiments négatifs qui nuisent à l’âme, une sorte de défoulement. Un effet qui fonctionne parce que l’on sait que c’est fictif et que l’on est bien au chaud dans notre canapé ce qui permet paradoxalement de se plonger totalement dans des contenus dérangeants.

Et c’est sans doute pour ça que Squid Game a autant choqué, parce qu’au-delà du gore, ça pose énormément de questions morales et éthiques. C’est une violence sociale et psychologique, une critique du capitalisme et une vraie métaphore de notre société. Sans compter le lien très étroit avec l’enfance et de jeux a priori innocents totalement pervertis. Et ça, c’est finalement peut-être un peu trop proche de la réalité.

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