Si la filière propre de production d’hydrogène se développe, cela ne sera pas sans conséquence sur la demande en électricité. Car les pertes sont nombreuses. Plutôt que de brancher une prise directement sur le réseau pour charger un véhicule électrique, on doit passer par une usine de transformation d’eau en hydrogène et oxygène. Le rendement n’est plus que de 70% environ. Ensuite, il faut compresser, stocker et transporter le gaz.
Comme l’explique Hervé Jeanmart, professeur à l’Ecole Polytechnique de Louvain et spécialiste des carburants, "On perd encore 10 à 15% supplémentaires. On se retrouve donc avec la moitié de l’énergie initiale contenue dans le réservoir. Et il faut encore compter sur les pertes mêmes du véhicule lors de son fonctionnement. Tandis qu’avec un véhicule totalement électrique, les pertes sont minimes et on a besoin de moins d’électricité et donc ça coûte moins cher au final."
Car on multiplie les étapes avec l’hydrogène, un peu comme la transformation du pétrole brut en essence ou diesel. Et si on a besoin que toute l’électricité soit verte, il va falloir très fortement augmenter la part du renouvelable ou du nucléaire.
Le développement de cette filière implique une production locale suffisante d’électricité en plus de l’augmentation du nombre de sites de production, de stockage et de distribution de l’hydrogène. Et tout cela, bien entendu, à des prix raisonnables et compétitifs. Cela prendra du temps, mais la piste est loin d’être abandonnée.