La Wallonie en danger

Philippe Walkowiak

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La Wallonie dispose-t-elle des moyens de ses ambitions ? Ou plutôt des moyens pour assurer sa survie en tant qu’institution, que Région.

Le PIB du sud de la Belgique reste chroniquement sous la moyenne européenne et tous les plans depuis 30 ans n’ont rien changé fondamentalement à cette statistique. Le double impact de la crise sanitaire et de la catastrophe des inondations pourrait mettre inexorablement la Wallonie en danger.

Double peine

Si la Wallonie a su créer des pôles de développement technologiques innovants, son économie reste en convalescence avec un chômage structurel élevé et une création de richesse chétive.

Lors de la sixième réforme de l’état (2011), la Wallonie a en outre concédé de voir une partie de son financement, coulant notamment de la "richesse flamande", se tarir au-delà de 2024. D’où la nécessite pour le gouvernement wallon de mettre sur les rails un "nouveau nouveau" plan de relance.

Comme pratiquement, toutes les régions du globe, la crise sanitaire est passée par là, poussant les pouvoirs publics à intervenir financièrement massivement, ce que les autorités wallonnes ont alors traduit dans un nouveau nouveau nouveau plan. Mais tout cela est désormais à réorienter à la suite des dégâts causés par le "tsunami" qui a tué, ravagé maisons et infrastructures les 14 et 15 juillet derniers. La Wallonie n’a pas le choix, elle va devoir investir, alourdir son endettement déjà problématique.

Le fédéral absent

La Wallonie creuse sa dette. Dangereusement, à moyenne échéance. Si les taux d’emprunt demeurent quasiment nuls aujourd’hui, qu’en sera-t-il au terme, dans 10 ans, quand il faudra à nouveau payer la dette ? Les défis sont plus colossaux que jamais. L’Europe se dit prête à intervenir.

Toutefois, bien au-delà de l’engagement concret de nombreux citoyens du nord du pays venus aider les sinistrés, la classe politique flamande se cantonne plutôt à la seule compassion. Même dans des pays fédéraux comme l’Allemagne ou la Suisse, quand une région est profondément meurtrie, l’état central mobilise des moyens, matériels et financiers. Ici, rien.

Dans la Belgique fédérale de 2021, la Wallonie sait désormais qu’elle ne peut compter que sur elle-même, mobiliser ses propres énergies et ses maigres moyens. Pour avoir trop souvent/longtemps compté sur "les autres", cette mobilisation peut être perçue comme une chance. Mais pour cela, il faudra oublier les querelles de clocher, le sous-régionalisme, la particratie ou les mesquineries politiciennes.

La reconstruction devra sans doute aller bien au-delà des localités lourdement sinistrées.

@PhWalkowiak

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