Chroniques

La Wallonie sur la corde raide

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Par Bertrand Henne

Le Gouvernement wallon a bouclé son budget. Il révèle que la Wallonie est financièrement très fragilisée. On n’est pas dans la situation de la Grèce, c’est-à-dire d’un endettement non maîtrisé et des marchés financiers qui ne prêtent plus. On n’y est pas, mais on pourrait y arriver assez rapidement. Je ne vais pas vous abreuver de chiffres, mais quand même il faut s’arrêter 10 secondes sur le constat de la Cour des comptes.

Une dette quasiment doublée en 6 ans.

La dette directe en Wallonie c’était 7,9 milliards d’euros en 2015. 5 ans plus tard, à la fin de l’année 2020 c’était 17,4 milliards, vous avez bien entendu, une hausse de 120%. Bien sûr il y a eu le Covid, mais la tendance était déjà là. Et puis il y a eu les inondations, la dette tourne aujourd’hui autour des 21 milliards. En quelques années la dette a quasiment doublé. J’arrête là pour les chiffres, il ne faut pas avoir fait un master en finance à Londres pour comprendre qu’une telle hausse n’est pas soutenable.

Comment le Gouvernement fait-il pour éviter l’explosion de la dette ? Pour les détails il faudra attendre, nous n’avons que les intentions aujourd’hui. Un communiqué du Gouvernement qui commence par ces mots : "Le déploiement de l’intervention publique, avec l’investissement de sommes colossales, a atteint un niveau jamais égalé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale".

Heureusement pour la Wallonie, ces sommes colossales liées au Covid et aux inondations dont parle le communiqué ont été immunisées dans la comptabilité, merci l’Europe. Heureusement il y a un prêt du Fédéral, merci le Fédéral. Heureusement il y a des aides de l’Europe, merci l’Europe. Heureusement il y a des recettes en hausse, merci le retour de la croissance. Sans tout cela, il faut le dire, la Wallonie serait aujourd’hui au fond du trou.

Grâce à ça, le Gouvernement wallon a donc pu maintenir une grande partie de son plan de relance, et éviter une hausse de la fiscalité. Il a aussi annoncé des économies de l’ordre de 150 millions d’euros par an pour que la dette arrête de grossir en 2026.

Fragilité

La Wallonie s’attaque donc à sa dette, mais reste très fragile. La Wallonie est financièrement sur la corde raide. Les prochaines années s’annoncent compliquées. Le prêt du Fédéral, il faudra le rembourser à partir de 2025. En 2024 ce sont les assurances qu’il faudra payer. C’est aussi en 2024 que la solidarité nord sud va un peu diminuer, 60 millions d’euros en moins par an. C’est aussi à ce moment-là qu’il faudra peut-être songer à reprendre les compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles dont les finances sont dans le rouge complet.

Tout ça donne déjà le tournis. Ajoutez à cela qu’avec l’inflation qu’on connaît aujourd’hui, on risque une remontée des taux d’intérêt et un brusque arrêt de la croissance qui pourrait plonger la Wallonie dans un vrai cauchemar.

La trajectoire budgétaire décidée par le Gouvernement Di Rupo tient la route si plus aucun événement extérieur ne vient frapper la Wallonie et si les agences de notation ne dégradent pas la note. Bref, la Wallonie peut croiser les doigts et se préparer à serrer les dents.
 

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