L’abattage rituel sans étourdissement bientôt interdit à Bruxelles ? "Les animaux souffrent lorsqu’on les égorge"

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Par Ambroise Carton sur base d'une interview menée par Thomas Gadisseux et François Heureux

Bernard Clerfayt (DéFI), ministre en charge notamment du Bien-être animal en Région de Bruxelles-Capitale, était ce jeudi l’invité de Matin Première. Bernard Clerfayt qui compte bien remettre sur la table du gouvernement la question de l’abattage rituel sans étourdissement, toujours autorisé dans sa Région.

Pourtant, fait-il valoir, "il y a une vérité scientifique sur le fait que les animaux souffrent lorsqu’on les égorge. […] L’animal met plusieurs dizaines de secondes, si pas plusieurs minutes avant de mourir. Il y a des techniques qui permettent de réduire la souffrance animale lors de l’abattage."

L'abattage avec étourdissement est déjà en vigueur en Flandre et en Wallonie. "La question se posait en Région bruxelloise aussi parce que certains invoquaient la liberté religieuse pour dire qu’il ne fallait pas imposer cette technique".

Bernard Clerfayt, qui reconnaît qu’il s’agit d’une "question sensible", rappelle que la Cour européenne de justice et la Cour constitutionnelle de Belgique ont établi que l'interdiction de l'abattage sans étourdissement "est une atteinte très marginale aux libertés religieuses, mais elle est proportionnée et légitime. Donc le cadre constitutionnel permet aujourd’hui d’indiquer que c’est une bonne manière de réduire la souffrance animale".

Un accord au sein du gouvernement bruxellois ?

Reste à voir si les autres partis du gouvernement bruxellois, dont PS et Ecolo, suivront l’avis de DéFI dans ce dossier qui n’avait pas été réglé par le passé. "Comme ministre du Bien-être animal, je ne peux pas ne pas mettre ce dossier sur la table du gouvernement", affirme Bernard Clerfayt.

Il rappelle que, en 2019, quand le gouvernement a été constitué, il y avait "une incertitude sur le fait que la volonté de protéger le bien-être animal était ou non une atteinte aux libertés religieuses […] L’accord de gouvernement n’a pas avancé cette question parce qu’il y avait une incertitude juridique". Une incertitude qui a donc été levée depuis par la Cour européenne de justice et la Cour constitutionnelle.

La question de l'emploi

Bernard Clerfayt estime que "ce débat de société doit être ouvert en Région bruxelloise". Mais cette méthode pour mettre à mort les animaux, c’est aussi de l’emploi au sein des abattoirs d’Anderlecht. Quid de l’enjeu commercial ? L’abattage rituel va-t-il se déplacer vers la France ou la Pologne ?

"Je suis bien conscient des enjeux qui existent. C’est pour ça qu’en gouvernement on peut en parler aussi sur le volet économique avec nos partenaires", répond celui qui a aussi la charge de l’Emploi en Région bruxelloise.

Et d'interroger : "Est-ce qu’au nom de l’emploi on doit accepter la souffrance animale ? Le ministre du Bien-être animal ne peux pas vous dire oui."

"Beaucoup d'associations nous le rappellent sans cesse et indiquent qu'ils ne comprennent pas pourquoi en Région bruxelloise la souffrance animale serait tolérée alors qu'elle ne l'est pas en Flandre, en Wallonie, en Suède, au Danemark, en Autriche, en Islande, dans plein d'autres pays du monde", énumère-t-il en guise de conclusion.

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