Champions League

L’AC Milan enfin revenu dans la cour des grands après des années de purgatoire

La joie des joueurs milanais après avoir éliminé Naples en quart de finale de Champions League.

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Par Giovanni Zidda

Quinze ans que l’AC Milan attendait cela ! Pour la première fois depuis 2007, les Rossoneri joueront les demi-finales de la Ligue des Champions. Un retour sur le devant de la scène lent et semé d’embûches mais finalement bouclé avec patience et savoir-faire par un club à l’ADN résolument européen.

L’obscurité après les paillettes

L’AC Milan en 2012 face à Anderlecht en phase de poules de Ligue des Champions
L’AC Milan en 2012 face à Anderlecht en phase de poules de Ligue des Champions © Tous droits réservés

Ceux qui connaissaient l’AC Milan des paillettes, des Ballons d’Or rassemblés dans le même vestiaire, ont appris à l’oublier. Ce Milan-là a disparu en 2008 déjà, sans doute avec le départ de Silvio Berlusconi de la présidence.

L’ancien président du conseil italien a quitté le navire précipitamment et laissé son club dans l’incertitude la plus totale à une période où le Calcio commençait inexorablement à perdre pied face aux autres championnats européens.

Portés par leurs cadres (Maldini, Nesta, Pirlo, Seedorf, Gattuso, …) encore pendant quelques années, les Milanais ont tout doucement sombré dans l’anonymat, multipliant les transferts ratés et les flops colossaux.

Le septuple champion d’Europe a ainsi plongé dans la crise après son dernier sacre national de 2011, ne jouant pas la moindre compétition européenne pendant trois ans (2014-2017).

Le retour de Maldini, l’étincelle indispensable

Paolo Maldini, directeur technique de l’AC Milan
Paolo Maldini, directeur technique de l’AC Milan © AFP or licensors

Les Rossoneri sont lentement parvenus à relever la tête quelques années plus tard seulement, avec quelques participations – sans gloire - à l’Europa League. Mais il a véritablement fallu attendre la saison 2019 pour voir une lueur d’espoir regagner les cœurs des supporters milanais.

Une lueur d’espoir qui a un nom et un prénom : Paolo Maldini.

Véritable légende du club (687 matches entre 1984 et 2009), l’ancien défenseur de la Nazionale a intégré l’organigramme de son club de cœur pour redonner stabilité et charisme à un AC Milan, perdu par les changements de propriétaire et les problèmes financiers.

'Directeur de l’aile technique', il commence son parcours en nommant Marco Gianpaolo au poste de T1. Une aventure qui ne durera pas bien longtemps mais qui sera, sans doute, la première et seule grande erreur de Maldini depuis qu’il est devenu dirigeant.

La confiance en Pioli et les reins solides face à Donnarumma

Stefano Pioli
Stefano Pioli © AFP or licensors

Preuve que l’année 2019 est une année charnière, l’AC Milan recrute en quelques semaines une série de joueurs qui deviendront par la suite des joueurs incontournables au sein du club.

Les jeunes Frank Kessie, Rafael Leao, Theo Hernandez, Ismaël Bennacer… et Alexis Saelemaekers sont les premiers gros coups signés Maldini. Les vétérans Zlatan Ibrahimovic et Simon Kjaer débarquent aussi à San Siro et sont censés encadrer ces joueurs plutôt inexpérimentés. Ce qu’ils feront avec brio.

Pour mettre tout ce joli monde ensemble, après le départ de Giampaolo, l’AC Milan fait confiance à Stefano Pioli.

Ses premiers pas sont incertains, les résultats décevants et le spectre d’un nouveau changement d’entraîneur plane plus que jamais au-dessus du crâne chauve du coach parmesan.

Le retour en forme du club après le confinement, l’enthousiasme d’Ibrahimovic pour son nouveau coach et l’instinct de Maldini permettront finalement à Pioli de rester au poste et d’éviter l'arrivée - pratiquement bouclée - de Ralf Rangnick sur le banc milanais.

Lancé dans une nouvelle dynamique positive, l’AC Milan va rapidement gravir les échelons grâce à un bloc solide, organisé et d’intéressantes individualités. Deuxième de Serie A (2020-2021), le club ne va pas hésiter à poser de nouveaux choix fors pour poursuivre sa marche en avant.

En fin de contrat, Gianluigi Donnarumma réclame une prolongation de contrat pharaonique. Dos au mur, Paolo Maldini ne va pas céder face au chantage des agents du joueur et accepter de lâcher son joyau gratuitement.

Une décision que l’arrivée d’un Mike Maignan tout simplement impérial permettra de digérer avec un grand sourire.

Gianluigi Donnarumma
Gianluigi Donnarumma © Tous droits réservés

Le Scudetto, la victoire que tout un peuple milanais attendait

Alessio Romagnoli soulève la Coupe du Scudetto
Alessio Romagnoli soulève la Coupe du Scudetto © Tous droits réservés

Deuxième derrière l’intouchable Inter d’Antonio Conte la saison précédente, l’AC Milan entame la saison 2021-2022 dans la peau d’un outsider, derrière le tenant du titre et une Juventus revancharde.

Sous-estimés et dans l’ombre, les Rossoneri vont brillamment tenir tête à l’Inter et à Naples en première partie de saison. L’hiver passé, les pensionnaires de San Siro ne vont pas flancher, bien au contraire. S’ils semblent moins inspirés offensivement et doivent composer avec la blessure de leur leader Zlatan Ibrahimovic, les hommes de Stefano Pioli vont faire preuve d’un cynisme redoutable.

Pas de football champagne comme au bon vieux temps mais un style de jeu plus sobre, basé sur une efficacité défensive redoutable et un réalisme écœurant pour les adversaires.

Peu séduisant mais efficace, l’AC Milan aura l’humilité de faire le sale boulot dans les matches pièges. Ces rencontres face auxquelles l’Inter et le Napoli finiront par buter pour dérouler le tapis rouge aux Diables milanais, champions d’Italie 11 ans après leur dernier sacre.

L’ADN européen pour édulcorer l’année de transition

La saison 2022-2023, une saison de transition, notamment pour Charles De Ketelaere.
La saison 2022-2023, une saison de transition, notamment pour Charles De Ketelaere. © AFP or licensors

Confirmer après un succès important, c’est toujours plus difficile. L’AC Milan l’apprend à ses dépens cette saison. Le ventre plein après le Scudetto, l’équipe de Stefano Pioli a fait preuve d’une inconstance inquiétante tout au long de la saison.

Un parcours en dent de scie lié à l’état de forme, mental et/ou physique, de ses meilleurs joueurs.

L’efficacité dans les deux rectangles a notamment été entachée par la longue absence sur blessure de Mike Maignan (6 mois), les pépins physiques du leader défensif Simon Kjaer ou les quelques passages à vide de Rafael Leao, peut-être distrait par les négociations à propos de sa prolongation de contrat.

Le départ du "général" Frank Kessie a également contribué à déstabiliser un collectif affaibli par le mercato et les arrivées, jusqu’à présent déficitaires, de Charles De Ketelaere et Divock Origi.

Sans ses cadres au plus haut niveau, l’AC Milan a souvent ressemblé à une équipe ordinaire, sans relief et incapable de faire trembler ses adversaires.

Un visage que les Rossoneri auront su gommer sur la scène européenne, là où ils ont toujours historiquement performé. Là où ses joueurs phares (Leao, Diaz, Hernandez, Kjaer, Maignan) retrouvent leur meilleur niveau, en accord avec un ADN européen que les Milanais avaient mis au frigo pendant de trop longues années.

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