Politique

L’accueil des réfugiés ukrainiens au centre de Jeudi en Prime : trouver du logement, soutenir les hébergeurs, autant de questions à résoudre

Pierre Verbeeren, le coordinateur pour l’accueil des réfugiés ukrainiens à Bruxelles était l’invité de l’émission Jeudi en Prime.

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Pierre Verbeeren, Directeur général du CPAS de Bruxelles et actuel coordinateur de l’accueil des réfugiés ukrainiens à Bruxelles, était l’invité de l’émission Jeudi en Prime, sur la Une, après le Journal Télévisé. La solidarité des citoyens dans l’accueil des réfugiés et le rôle des pouvoirs publics ont, notamment, été au centre de la discussion.

"Pour l’instant, on travaille sur la manière de soutenir les hébergeurs citoyens"

Depuis six semaines, la Belgique accueille des réfugiés ukrainiens. Ils sont actuellement environ 30.000. Dans cet accueil des réfugiés, les citoyens jouent actuellement un rôle essentiel. Cependant, précise Pierre Verbeeren, il y a aussi "énormément d’autorités communales et de CPAS qui sont sur le pont et qui accompagnent les citoyens dans l’hébergement".

La question se pose toutefois de savoir comment aider, notamment financièrement, les personnes qui hébergent des réfugiés ukrainiens. "Pour l’instant, on travaille sur la manière de soutenir les hébergeurs citoyens", explique Pierre Verbeeren. "Puisque les Ukrainiens ont droit à l’ensemble des aides auxquelles les Belges ont droit, normalement le paiement d’un loyer est quelque chose qui sera possible dès qu’ils auront un revenu du travail, parce qu’ils veulent travailler, ou dès qu’ils auront une aide sociale du CPAS", ajoute Pierre Verbeeren. En attendant cela, il y a "la solidarité, j’ai envie de dire gratuite", explique Pierre Verbeeren. Ensuite, pour ce dernier, après il y a aura une forme de réciprocité, avec "le financement par l’Ukrainen de sa chambre, de son loyer, etc".

Où trouver des logements pour les réfugiés ukrainiens ?

Ce ne sera pas évident de trouver des appartements disponibles pour héberger les réfugiés ukrainiens. "Le marché locatif en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre est complètement sous tension. Il ne peut pas absorber le choc d’une augmentation de population de 2%", explique Pierre Verbeeren. "On expérimente donc dans quelle mesure on peut faire loger des personnes chez l’habitant", ajoute-t-il. "Bien sûr qu’il peut y avoir des dérives", réagit-il, mais pas plus qu’actuellement dans les relations entre propriétaires et locataires, selon lui.

Selon les projections faites par les autorités, la Belgique pourrait devoir accueillir 200.000 réfugiés. "Sur Bruxelles, l’idée est de travailler sur 20.000 personnes. En trois mois, on doit trouver 20.000 places d’hébergements. Cela veut dire en gros 6000 logements, ce ne sera pas possible", estime le responsable de l’accueil des réfugiés ukrainiens à Bruxelles, car "6000 logements, c’est plus ou moins ce qu’on fait sur une législature en création de logements durables".

Comme on ne parviendra pas à faire sortir de terre autant d’immeubles en peu de temps, il faudra trouver d’autres solutions. Il y faudra toujours pouvoir compter sur l’hébergement citoyen. Et puis, "Je suis en train de chercher 150.000 m2 de bureaux qu’on doit pouvoir transformer en logements", explique Pierre Verbeeren, qui compte sur les bureaux libérés par le recours plus important au télétravail. "On va avoir du modulaire, probablement, des containers", ajoute Pierre Verbeeren. Des lieux sont actuellement examinés pour accueillir ce type de logements en container. Il faut notamment pouvoir raccorder ces logements aux commodités. "On travaille aussi avec les congrégations religieuses et les hôtels", ajoute Pierre Verbeeren.

Comment gérer l’attribution de logements entre réfugiés et populations belges en difficulté de trouver un logement ?

Pour l’attribution de logements, particulièrement les logements sociaux, "il n’y aura pas de passe-droit où les Ukrainiens passent devant", réagit Pierre Verbeeren. "La décision du gouvernement bruxellois, et je pense que c’est la même chose dans les autres régions, a été de dire qu’à partir du moment où tous les Ukrainiens ont des droits quand même assez costauds, puisque l’Union Européenne leur a accordé la protection temporaire, on ne va pas les faire passer avant tous ceux qui attendent des logements", explique Pierre Verbeeren. "Il n’y aura pas de possibilité d’avoir un logement social alors qu’il y a des files énormes pour logements sociaux", mais "il y aura des logements temporaires dans des solutions qui seront collectives", précise le responsable de l’accueil des réfugiés ukrainiens à Bruxelles.

Pour cette raison, Pierre Verbeeren estime qu’il faut "bien dialoguer avec la communauté ukrainienne", pour "qu’elle comprenne bien", "pour qu’elles n’aient pas l’impression qu’il y a des discriminations là où il n’y en a pas", car "on fait beaucoup d’efforts", ajoute Pierre Verbeeren. Il faut aussi, précise Pierre Verbeeren.

A l’avenir, "cela va être compliqué de refuser le statut de protection temporaire"

Parmi les réfugiés en provenance d’Ukraine, on compte beaucoup de femmes et d’enfants. Cela veut dire aussi, à terme, des places à trouver dans les écoles et les crèches. "La communauté ukrainienne est pleine de ressources", fait remarquer Pierre Verbeeren. "Il y a des gens capables de donner des cours, de faire de l’accueil à la petite enfance", estime-t-il. Reste à les "intégrer dans le marché du travail", ce qui pour Pierre Verbeeren, serait "un choix raisonnable et positif". Pour lui, la manière dont sont accueillis les réfugiés ukrainiens devrait servir d’exemple pour les futures crises migratoires. "Essayons de capitaliser sur cette crise-ci, parce que demain, comment va-t-on dire non à d’autres ?", se demande le responsable de l’accueil des réfugiés ukrainiens à Bruxelles et Directeur général du CPAS bruxellois, car pour lui, lors de la prochaine crise, "cela va être compliqué de refuser le statut de protection temporaire".

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