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Lael Neale : Ballades au cœur du rêve américain

Lael Neale sort du bois avec un album miraculeux sous le bras.

© Guy Blakeslee

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Par Nicolas Alsteen

Alternative au spleen de Lana Del Rey, la musique de Lael Neale plonge la mélancolie dans un océan de beauté. Enregistré avec trois fois rien sous le soleil de Los Angeles, le deuxième album de la chanteuse américaine met de la splendeur au cœur du néant. De quoi rêver la vie autrement.

Parfois, le chemin est long pour arriver à destination. L’itinéraire de Lael Neale en témoigne. Partie des décors bucoliques de Virginie avec une irrépressible envie de chanter, la jeune femme s’est installée en Californie avec l’espoir de séduire l’Amérique. Pour charmer l’Oncle Sam, la chanteuse s’est essayée à des ritournelles country-folk, des petites chansons gravées sur un disque coquet, mais assez anecdotique. Sorti en 2015, "I’ll Be Your Man" est passé inaperçu. Loin des odeurs de foin et de la grange poussiéreuse de l’americana, Lael Neale s’est alors retirée du monde pour enregistrer ses vagues à l’âme sur les quatre pistes d’un enregistreur K7. Anachronique et totalement artisanale, la méthode accouche aujourd’hui d’un album miraculeux.

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Un glamour sans fond, une nostalgie sans fin

Seule avec ses rêves déchus et sa mélancolie, Lael Neale abandonne ses sentiments en tapotant sur les boutons d’un omnichord, petit appareil désuet à ranger quelque part entre un synthé, une harpe et de vieux jouets. Étrange mélange de pulsions organiques et de sensations électroniques, cet instrument rétrofuturiste offre un refuge inespéré à la voix d’une chanteuse habitée par les doutes. Le chant en lévitation sur une bande-son cosmique, Lael Neale en profite pour dorloter son spleen sous le soleil californien. Beau à pleurer, son nouveau "Acquainted With Night" explore le versant alternatif de la marque déposée par Lana Del Rey : un glamour sans fond, une nostalgie sans fin.

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Aimer autrement

Les chansons du deuxième album de Lael Neale évoquent également la fragilité de Mazzy Star, les premiers baisers de Sharon Van Etten et la classe éplorée d’Angel Olsen. Dans un registre à fleur de peau, ce disque s’offre quelques instants inoubliables, comme Every Star Shivers in The Dark, par exemple. Ici, la mélodie est clairement une échappatoire, un moyen d’esquiver les codes de la société yankee, une façon de rêver la vie à l'écart des terrains de baseball et des gros bras bodybuildés. Lael Neale chante un besoin d’évasion, son envie de tomber amoureuse ailleurs, autrement. C'est un peu mystérieux, mais vraiment fascinant.

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