Belgique

L’Amiral Hofman, chef de la Défense belge à "Jeudi en Prime" : son avis sur un an de conflit en Ukraine

Jeudi en Prime

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Le chef de la Défense, l’Amiral Michel Hofman était l’invité de l’émission Jeudi en Prime, sur la Une. Un an après le début de la guerre en Ukraine, le patron de l’armée belge a passé en revue différents aspects du conflit.

Après un an, un conflit enlisé. A-t-on surestimé l’armée russe ?

Comment expliquer, par exemple, qu’après un an, ce conflit donne l’impression d’être enlisé alors qu’au départ, dans l’esprit de Moscou, l’issue aurait dû être plus rapide ? "Les Ukrainiens, depuis le début, ont montré énormément de résistance et de capacité de défense", note l’Amiral Hofman. Cela a obligé la Russie à se repositionner dans la partie est de l’Ukraine. "Depuis, ce front s’est stabilisé, un front qui fait quand même 1200-1500 km de long", explique Michel Hofman, "avec beaucoup d’intensité dans les combats le long de la ligne de front". Par ailleurs, les Russes ne sont toujours pas parvenus à reprendre la ville portuaire d’Odessa.

Dans les rangs russes, on compterait, selon les estimations européennes, 200.000 morts ou blessés. "C’est une estimation, je pense qu’elle est proche de la réalité", estime Michel Hofman. "C’est dix fois plus qu’en Afghanistan pendant 10 ans", poursuit-il.

Les pertes russes s’expliquent en partie parce que les Ukrainiens ont visé les faiblesses de l’armée russe dans les premiers mois du conflit. Depuis leur repositionnement dans le Dombass, les forces russes paieraient le prix de leurs troupes pas assez entraînées et formées, "de la chair à canon", souligne Michel Hofman.

A-t-on surestimé l’armée russe ? "Il est fort probable qu’on l’ait surestimée", répond l’Amiral Hofman. "Ce qu’on a probablement surestimé, c’est sa capacité à mener des opérations complexes, terre, air et marine. C’est ce qui est indispensable quand on mène des opérations de cette envergure", estime Michel Hofman.

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Que vont apporter les chars fournis à l’Ukraine ?

Les alliés de l’OTAN se sont engagés à fournir des chars d’assaut à l’Ukraine. "Cela va probablement permettre aux Ukrainiens de mener leur contre-offensive", estime Michel Hofman. Selon ce dernier, la prochaine phase du conflit sera, pour les Ukrainiens, d'"essayer de reconquérir une partie de leur territoire". Face à "une défense russe bien organisée et solide", les Ukrainiens ont besoin, "à côté des chars, de véhicules blindés et d’infanterie", estime Michel Hofman. Les Ukrainiens souhaitent aussi des avions de combat, mais, pense l’Amiral Hofman, ce sera "pour plus tard que la contre-offensive de printemps". A ce moment-là, les avions, "cela leur permettra à terme d’au moins sécuriser leur espace aérien, si pas leurs forces au sol", ajoute Michel Hofman.

En face les Russes misent beaucoup sur les drones, "des drones kamikazes, une arme redoutable", explique Michel Hofman. "Cela sature les moyens de défense [antiaérienne, ndlr] des Ukrainiens", poursuit-il.

Serait-il temps de négocier la paix ?

"Il faut à un moment commencer à négocier", fait remarquer l’Amiral Hofman. Cependant, "deux personnes sont à même de commencer cette négociation. L’une est à Kiev, l’autre à Moscou", ajoute-t-il. Et au moins une de ces deux personnes n’envisagerait pas de négocier tout de suite. "Si vous posez la question aux Ukrainiens, ils ont eu beaucoup trop de sacrifices et de victimes pour penser aujourd’hui à négocier avec les Russes", estime Michel Hofman. Les Ukrainiens vont d’abord "mener une contre-offensive pour aller le plus loin possible", prédit-il.

Zelensky, "un bon leader". Poutine, "un leader autoritaire"

Du président ukrainien Zelensky, l’amiral Hofman dira qu'"il a prouvé que c’était un bon leader pour sa population". "Il a réussi à maintenir la motivation de sa population et celle de ses militaires", souligne Michel Hofman.

Le chef de la Défense fait aussi remarquer que le président Zelensky a obtenu l’appui de plus de 50 pays. C’est, dit-il, "un leader politique impressionnant" qui "est bien entouré" et qui "a clairement défini ses objectifs stratégiques", avec un effet sur le terrain.

Du président russe Poutine, l’amiral Hofman dira que "c’est plutôt un leader autoritaire". Cela s’explique. "C’est dans la doctrine et la mentalité militaire russe. Il y a une chaîne hiérarchique qui remonte tout au-dessus", poursuit Michel Hofman. "C’est aussi pour ça que les Russes ont autant de victimes et n’ont pas atteint les résultats espérés", ajoute-t-il.

 

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