Comment expliquer, par exemple, qu’après un an, ce conflit donne l’impression d’être enlisé alors qu’au départ, dans l’esprit de Moscou, l’issue aurait dû être plus rapide ? "Les Ukrainiens, depuis le début, ont montré énormément de résistance et de capacité de défense", note l’Amiral Hofman. Cela a obligé la Russie à se repositionner dans la partie est de l’Ukraine. "Depuis, ce front s’est stabilisé, un front qui fait quand même 1200-1500 km de long", explique Michel Hofman, "avec beaucoup d’intensité dans les combats le long de la ligne de front". Par ailleurs, les Russes ne sont toujours pas parvenus à reprendre la ville portuaire d’Odessa.
Dans les rangs russes, on compterait, selon les estimations européennes, 200.000 morts ou blessés. "C’est une estimation, je pense qu’elle est proche de la réalité", estime Michel Hofman. "C’est dix fois plus qu’en Afghanistan pendant 10 ans", poursuit-il.
Les pertes russes s’expliquent en partie parce que les Ukrainiens ont visé les faiblesses de l’armée russe dans les premiers mois du conflit. Depuis leur repositionnement dans le Dombass, les forces russes paieraient le prix de leurs troupes pas assez entraînées et formées, "de la chair à canon", souligne Michel Hofman.
A-t-on surestimé l’armée russe ? "Il est fort probable qu’on l’ait surestimée", répond l’Amiral Hofman. "Ce qu’on a probablement surestimé, c’est sa capacité à mener des opérations complexes, terre, air et marine. C’est ce qui est indispensable quand on mène des opérations de cette envergure", estime Michel Hofman.