Henri Désiré Landru a été surnommé par la presse " le Barbe-bleu de Gambais " lors de son procès. Le terme de Barbe-bleu fait référence à un conte de Charles Perrault dont le personnage principal, un homme laid doté d’une barbe bleue, a pour fâcheuse habitude d’assassiner ses épouses.
Ce qui représente assez bien le mode opératoire de Landru : charmer des dames, leur faire miroiter un mariage, pour mieux les assassiner et voler leurs biens, enfin.
Pendant la guerre, beaucoup de femmes se retrouvent seules et doivent devenir financièrement autonomes. Landru, lui, a pu échapper à la conscription du fait de son âge (45 ans en 1914), ce qui lui livre un terrain de choix : Paris vide de toute concurrence masculine à l’exception des très jeunes hommes ou des vieillards, ainsi qu’un large nombre de proies de choix.
Landru avait commencé sa carrière d’escroc en hameçonnant des investisseurs potentiels à l’aide de petites annonces pour financer la production d’un vélo à moteur (dont il était l’inventeur) mais disparaissait vite avec l’argent grâce à l’usage qu’il faisait de noms d’emprunt.
Cette technique se révélera tellement efficace qu’il l’utilisera ensuite pour dépouilleur des braves femmes d’un certain âge, au physique peu avantageux mais aux revenus confortables dont Landru pourra largement profiter… après les avoir assassinées.
Après avoir ferré une dame à l’aide d’une petite annonce de genre :
Monsieur sérieux, ayant petit capital, désire épouser veuve ou femme incomprise, entre 35 et 45 ans, bien sous tous rapports, situation en rapport.
Landru vérifiait qu’elle corresponde bien à ses critères : disposant de fonds suffisants et facilement isolable, l’attirait hors de Paris dans sa villa de Gambais dans les Yvelines pour l’y étrangler dans son sommeil et s’approprier ainsi librement tous ses biens.
Le Barbe-bleu de Gambais va sévir en toute tranquillité ainsi pendant plus de 5 ans. Cette totale impunité s’explique par l’usage de fausses identités et du contexte de la grande guerre.
Les fausses identités lui permettent à la fois d’échapper à une autre condamnation qui lui assurerait le bagne, étant donné ses nombreuses inculpations pour escroquerie dans le passé. Mais aussi à dissimuler le fait qu’il était en réalité marié, à Marie-Catherine Remy, avec qui il avait 4 enfants. Landru mettait un point d’honneur à fournir à sa famille les moyens de vivre dans un certain standing.
Le contexte de la première guerre mondiale occupait fort la police sur des affaires de contre-espionnage au détriment de ce qui était considéré comme des cas de disparitions de femmes d’un certain âge qui étaient sûrement quelque part à mener joyeuse vie avec un amant quelconque.
Jusqu’à ce qu’un jeune inspecteur des brigades du Tigre s’empare de l’affaire et fasse tomber Landru, en 1919.