Icône représentant un article video.

Monde Europe

L’argent cash a-t-il encore de beaux jours devant lui ?

La question echo

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Les révélations se succèdent dans le dossier du Qatargate. Ce pays du Golfe est suspecté de corruption auprès de députés européens, à coups de liasses de billets de banque. Digne d’un film de gangsters, mais au cœur de la capitale européenne. Des sacs remplis de billets de banque, aussi bien de 10 que de 200 euros, ont été trouvés lors de perquisitions au domicile d’eurodéputés.

Au total, 1,5 million d’euros a été saisi en cash. À l’heure où le cash tend à disparaître, la possibilité de retirer des grosses coupures sans difficulté aucune a de quoi étonner. Une question se pose alors : l’argent liquide a-t-il encore un avenir ?

"On a parfois l’impression que l’utilisation du cash pour des activités criminelles est une méthode qui appartient au passé. On parle souvent de blanchiment d’argent via des circuits compliqués de la finance internationale ou encore via l’achat et la vente de cryptomonnaies", note Gilles Quoistiaux, journaliste à L’Écho au micro de Marie Vancutsem sur La Première.

Tout l’enjeu pour les criminels réside donc dans le fait de masquer les traces informatiques. "Mais le bon vieux cash a visiblement encore de l’avenir. Il peut encore être utile aux voyous, ici des présumés corrupteurs et corrompus", assure le journaliste.

Compliqué de retirer autant d’argent ?

Pour des raisons évidentes de sécurité, les banques ne disposent pas de telles sommes en stock. Pour autant, "il est tout à fait de commander du cash à votre agence bancaire et la commande peut atteindre des montants très importants", souligne Gilles Quoistiaux.

Quel montant maximum les clients peuvent-ils retirer sans avoir à passer commande ? Il n’y a pas de règle. "On pense à tort que l’utilisation du cash est très réglementée, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Vous savez qu’il y a une limite de paiement en cash, vous pouvez payer jusqu’à 3000 euros en liquide. Au-delà, il faut justifier la provenance des fonds. C’est une mesure qui vise à éviter le blanchiment d’argent. Donc, réinjecter du cash dans le circuit, c’est contrôlé. Par contre, retirer du cash en agence bancaire, ce n’est pas réglementé et chaque banque peut fixer ses propres règles", explique notre confrère.

Du côté de Belfius, le journaliste assure qu’il est possible de retirer 500.000 euros en guichet, à condition qu’une demande ait été formulée à l’avance. "Dans une autre grande banque, la limite est fixée à 248.000 euros, ce qui n’est déjà pas mal. Il faut commander les billets et, de nouveau, ils sont livrés en agence dans les 24 heures et le client les reçoit discrètement dans un endroit sécurisé de l’agence", ajoute-t-il.

Pour ce dernier, contrairement aux croyances, le cash n’est pas mort. "De nombreuses initiatives ont été prises pour limiter les paiements en liquide. On oblige aujourd’hui les commerçants à accepter les paiements électroniques, même pour de très petits montants. La période Covid a aussi favorisé les paiements par carte sans contact. Et pourtant, le cash est toujours là", indique-t-il.

Retrouver la trace des billets en Europe

Il s’agit maintenant pour les enquêteurs de retrouver la trace de ces billets en Europe. "Les policiers ont découvert que ces billets étaient neufs, ce qui donne déjà une première indication, ils n’ont pas été injectés dans le circuit commercial. Et ils viennent d’une des 11 Banques centrales européennes qui impriment encore de l’argent. Ce n’est pas la Banque Nationale de Belgique, qui n’imprime plus de billets, mais la Banque de France ou encore la Bundesbank en Allemagne continuent à en imprimer. Les enquêteurs vont donc pouvoir commencer à remonter la trace de ces billets à partir de leur lieu d’impression", souligne le journaliste.

Si l’on ne connaît pas encore le trajet exact de cet argent, "on pourrait penser qu’il a été retiré à l’étranger, et pourquoi pas au Qatar, évidemment ? Il aurait pu ensuite transiter par avion vers la Belgique, par exemple par valise diplomatique, valise qui ne peut pas être contrôlée par la douane", avance Gilles Quoistiaux.

Cependant, il s’agirait d’un scénario "assez peu probable" puisqu’il faudrait dans ce cas "que le Qatar ait accès à des billets d’euros neufs, fraîchement imprimés dans une banque centrale", relève le journaliste. S’ils ne sont pas arrivés de l’étranger, il est fort à parier qu’ils aient été retirés en Europe. Seule certitude à ce stade-ci : une partie des billets a été retirée en Belgique.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous