La passion selon...

L’art codifié de la danse baroque, résumé dans "Les Caractères de la Danse" de Jean-Fery Rebel

Dancing Scene With Palace Interior

© Fine Art Images / Heritage Images via Getty Images

Par Céline Scheen via

La danse baroque est un art très complexe et hyper codifié. La soprano Céline Scheen revient sur les codes de cette danse dans sa chronique La passion selon Céline.

La danse baroque, la "belle danse" prisée aux XVIIe et XVIIIe siècle

Par le rythme, maître du jeu baroque, le geste de "la belle danse" trouvera sa place au XVIIIe siècle, dans toute l’écriture musicale, sacrée ou profane.

Jean-Georges Naverre écrira : " L’étude de la belle danse est à l’art ce que le rudiment et la grammaire sont à la pureté du langage."

Par les contrastes du mouvement et de l’harmonie, les compositeurs, violonistes, et maîtres à danser, mettront la musique instrumentale à l’honneur au siècle des Lumières, avec notre illustre Rameau en chef de file.

Sous Louis XIV, les Français adorent "la belle danse", qui est alors un art savant pratiqué par la noblesse. On danse à la Cour, lors du bal, selon un cérémonial très hiérarchisé où la moindre erreur peut défaire une réputation.

On danse aussi au théâtre, dans les spectacles de ballet, d’opéra, et de comédie… Au même titre que les armes et l’équitation, la danse fait partie de la belle éducation. C’est elle qui donne un maintien gracieux, une posture noble, tellement nécessaire pour s’annoncer dans le monde avec quelques avantages.

Le roi lui-même est élevé dans l’exercice de la danse. Dans sa jeunesse, il se produit sur scène aux côtés de professionnels, comme Jean-Baptiste Lully.

En 1661, Louis XIV crée l’Académie Royale de Danse, chargée de perfectionner et d’enseigner la danse afin de former les danseurs professionnels et les maîtres à danser, qui diffuseront cet art à travers l’Europe entière.

C’est aussi à sa demande que l’on travaille au développement et à l’élaboration d’un système d’écriture permettant la notation des chorégraphies. Ce système, exposé en 1700 par Pascal-Auger Feuillet dans son traité chorégraphie ou l’art de décrire la danse par caractères, figures, et signes démonstratifs, transcrit précisément les déplacements du danseur dans l’espace, les pas utilisés, et la façon de placer le pas sur la musique.

Près de 300 chorégraphies nous sont parvenues.

La danseuse Françoise Prévost, peinture de Jean Raoux
La danseuse Françoise Prévost, peinture de Jean Raoux © Fine Art Images via Getty Images

"Les Caractères de la Danse" de Jean-Fery Rebel

Jean-Fery Rebel est un violoniste et compositeur français de l’époque baroque. Parmi ces œuvres, on retrouve "Les Caractères de la Danse".

Cette œuvre est la parfaite illustration, sous forme condensée, de la suite où toutes les danses sont esquissées par leur métrique et leur caractère, sans développement, et s’enchaînent pour ne former qu’un seul morceau. Outre la qualité des thèmes, le talent de Rebel consiste à avoir usé d’artifices d’écritures variés pour relier entre elles toutes ces miniatures.

Jean-Fery Rebel condense et résume dans un enchaînement rapide 11 danses en vogue à la cour.

Dans une seule œuvre, assez courte d’ailleurs, nous entendons une courante, un menuet, une bourrée, une chaconne, une sarabande, une gigue, un rigaudon, un passe-pied, une gavotte, une loure et une musette.

Lors de la création de l’œuvre, en 1720, la danseuse Françoise Prevost, dite mademoiselle Prévôt, exécutait des pas appropriés sur chaque air de danse, en y ajoutant un peu de mines et d’attitudes dépeignant une action.

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