Ce mercredi 17 mai était la Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie. A cette occasion, le poète Gabriel Vittorio a écrit un poème inédit, que Laurence Vielle nous lit dans sa capsule poésie.
"Avec joie, passion et fierté"
Poème pour le 17 mai, par Gabriel Vittorio, inédit de 2023.
Pour Lucas, 13 ans, poussé au suicide
À force de brimades,
parce qu'il avait assumé aimer les hommes,
Pour Jefferson, violemment agressé
À la sortie d'une boîte de nuit,
Juste avant son mariage avec Pedro,
Pour Arturo, Adriano et Killian
Insultés, menacés et frappés
Sur le cours Saleya,
Pour les deux femmes de Fontenay-sous-Bois
Rouées de coups parce qu'elles
Avaient osé s'embrasser sur un banc,
Pour ces deux toulousains, jetés au sol et
Violemment battus un dimanche matin,
Parce qu'ils se donnaient la main,
Pour ce couple d'hommes
Insultés et frappés
Dans le métro de Lyon,
Pour ces deux amoureux
Suivis par une dizaine de personnes,
Dans le tramway de Clermont-Ferrand,
Pour ces femmes, frappées
Par un alcoolique
Dans le RER parisien,
Pour le jeune Guinéen jeté au sol et frappé au visage
Par cinq hommes qui ne supportaient pas
La vue de son drapeau arc-en-ciel,
Pour tous ceux et celles
Qui ont été insultés, menacés,
Frappés du poing et du pied,
Pour celles et ceux
Que l'on regarde de travers
Pour une simple différence,
Pour tous ceux et celles
Abandonnés par
leurs familles,
Pour ces jeunes youtubers
Qui n'ont que vingt ans de moins que moi
Et qui parlent de leur différence
Avec une facilité, une liberté
Impressionnantes et inimaginables
Jusqu'à il y a quelques années,
Pour celles et ceux,
À qui il n'est rien arrivé
Mais qui ont peur,
Pour tous ceux et celles, contraints
De surveiller gestes et postures,
De sans cesse dissimuler qui ils sont,
J'écris ce poème pour vous tous,
Parce qu'il faut rappeler
Qu'aimer une personne du même sexe
N'est pas une aberration,
Pas une maladie mentale,
Mais juste de l'amour,
Pas une abomination,
Pas une erreur fatale,
Mais juste de l'amour,
Pas une monstrueuse aspiration,
Pas une folie létale,
Mais juste de l'amour,
Et que l'amour ne se commande pas,
Il plante sa flèche là où il veut,
Et où qu'elle se fiche c'est merveilleux,
J'écris ce poème
Pour dire cette chose toute simple
Que l'amour est le plus beau
Et sans doute aussi
Le plus fort et le plus grand
Sentiment de l'univers,
Et que personne ne devrait
Avoir honte d'être amoureux
Ni peur de le montrer,
Fût-ce en le criant sur tous les toits,
En dansant, en chantant, en hurlant,
Face à la terre entière,
Fût-ce avec exubérance,
Avec énergie, folie
et sans tempérance,
Avec joie, passion
et fierté.
Gabriel Grossi, né à Nice en 1987, vit à Cagnes-sur-Mer où il est actuellement professeur des écoles. Docteur ès lettres, il a consacré sa thèse de doctorat à l’œuvre de Jean-Michel Maulpoix, sous la direction de Béatrice Bonhomme. Il poursuit des travaux de recherche en tant que membre associé du Centre Transdisciplinaire d’Épistémologie de la Littérature et des Arts Vivants (Université de Nice). En 2015, il fonde le blog "Littérature Portes Ouvertes" afin de diffuser le savoir littéraire et vulgariser la poésie contemporaine. Il fait partie du "PoëtBuro" qui organise chaque année les Journées Poët Poët, grand festival de poésie contemporaine dans les Alpes-Maritimes. En 2022, il publie en impression à la demande son premier recueil de poésie, "Concordance". Il participe régulièrement à des manifestations poétiques et à des scènes ouvertes de poésie.