Laurence Vielle

Laurence Vielle lit "Credo", un poème de Francesco Pittau, écrit en réaction à la tentative d’assassinat de Salman Rushdie

Par Céline Dekock via

Laurence Vielle lit "Credo", un poème inédit du poète, romancier, illustrateur belge Francesco Pittau, écrit quelques jours après la tentative d’assassinat Salman Rushdie.

CREDO, inédit de Francesco Pittau

Je crois à Pinocchio, à Don Quichotte, à Huckleberry Finn,

je crois aux voyous de Villon, à la chatte sur le Toit Brûlant,

à Vladimir et Estragon, à Laurel et Hardy,

je crois à Groucho et à Sherlock Holmes,

Je crois à Krazy Kat, à Little Lulu, à Melvin Monster,

au Cantique du soleil de Giovanni di Pietro, à la Feuille Morte de Prévert,

je crois aux chiens du Mexique de Vian, à Zazie,

au petit rien-du-tout tout neuf plié dans une feuille de persil,

je crois aux épiphanies de Joyce, aux grenouilles de Basho, à la voix de Verlaine, aux portes d’ombre de Reverdy, aux dialogues de Diderot,

je crois aux animaux de James Stevenson, à l’âne de Robert Louis Stevenson, aux mondes à facettes de Dick, aux failles temporelles de Jack Finney,

je crois à la colère de Thompson, à la Bombe de Gregory Corso, aux architectures de Cummings,

je crois aux tartes aux pommes et aux abeilles d’Emily Dickinson,

aux blues de Kerouac dans Mexico grouillante d’une foule bigarrée,

aux souris de Spiegelman,

je crois à Zorro, à Buster Keaton, à la moue gênée de Bourvil,

à du Bellay errant dans Rome et au Kaddish de Ginsberg,

je crois à Giono plantant des arbres, à Béatrix Beck,

à l’Incendie de Los Angeles, au Grand Sommeil,

je crois à Popeye, à Corto Maltese et au Capitaine Cap,

je crois à la mélancolie de Henri Thomas

et à Follain revisitant par la mémoire son village disparu sous les bombes,

je crois au fantôme de Lorca,

je crois aux "cataclop" de Jolly Jumper, à Fante marchant dans la neige de 1933,

je crois à John Giorno, à Monsieur Songe, à Don Camillo, à la Cosmoroute de Cortazar,

je crois à Rutebeuf sous les mouches blanches de l’hiver,

je crois à la mer des Histoires de Salman Rushdie,

etc, etc, etc.

Amen.

Le mot de Laurence Vielle

Ce credo-là, je l’ai trouvé sur le Facebook de Francesco Pittau, poète, romancier, illustrateur belge né en Sardaigne,

poème écrit les jours qui ont suivi la tentative d’assassinat de Salman Rushdie.

Francesco Pittau est souvent connu comme illustrateur de livres pour enfants. Ses dessins m’enchantent toujours.

Il est poète aussi et a reçu en 2021 deux prix pour son recueil Epissures (éditions l’Arbre à Paroles / 2020) :

le prix Charles Plisnier et le Grand prix de Poésie de l’Académie de langue et de littérature française de Belgique 2022.

Voici ce qu’il dit de lui : "Je suis peintre, dessinateur et graveur de formation. J’ai publié en tant qu’auteur ou concepteur ou illustrateur des livres et des albums pour la jeunesse depuis de nombreuses années. A peu près 130 titres chez Gallimard, Le Seuil, Albin Michel, Pastel/l’école des Loisirs.

Aussi quelques recueils de poèmes à mon actif chez Le Seuil, Les Carnets du dessert de Lune et l’Arbre à Paroles… Le dernier intitulé Epissures a reçu le Grand de Poésie de l’Académie Royale de Belgique pour l’année 2022.

J’ai écrit un roman "Longtemps et des poussières" paru chez Maelstrom.

Un autre roman va paraître chez Buchet Chastel en janvier/février 2023. Je n’aime pas les foules, j’aime beaucoup le silence, la discrétion, le rire et la stupeur qui s’empare de chaque être humain devant la mer ou n’importe quel spectacle de la nature."

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