Laurence Vielle

Laurence Vielle lit le poème "A mes sœurs" de Stéphanie Vovor

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Par Laurence Vielle

Laurence Vielle lit le poème A mes sœurs de Stéphanie Vovor, paru dans l’anthologie Ces mots qui traversent les frontières parue en janvier 2023 aux Editions Le Castor Astral.

Diplômée en droit et en théâtre (cours Florent), elle intègre la promotion FIEVRE du master de création littéraire de Paris VIII, au sein de laquelle elle développe un récit questionnant l’ordinaire, les exutoires, le point de bascule.

Au sein du collectif LE KRACHOIR, elle explore de nouvelles formes poétiques via l’élaboration d’un fanzine et de créations scéniques et/ou sonores.

Elle a été publiée dans plusieurs journaux et revues, dont L’Humanité, La Tribune, Fracas, L’Éclectique ou encore L’Allume-Feu, s’est produite sur scène à la Comédie de Reims et au Théâtre de Lorient.

Elle termine actuellement son premier recueil, Frénésies, publié aux éditions du Castor Astral.

A mes sœurs, un poème de Stéphanie Vovor, lu par Laurence Vielle :

C’est pour les filles dont le trait d’eye-liner est mieux tracé que l’avenir,

Celles qui sont déjà ratées avant d’avoir mis un pied en grande section de maternelle,

 

Celles qui n’ont pas su rectifier le tir

Et ne prononceront jamais de grands discours lors d’une remise de diplômes

Comme quoi elles sont le pur produit de la méritocratie et bla-bla-bla,

 

C’est pour celles qui ont la flemme,

 

Les paresseuses du fond de la classe

Qu’on n’a pas envie de se coltiner

Parce qu’elles ralentissent le groupe,

 

Celles qui refusent de faire un stage de 80 heures / semaine

Car leur but dans la vie

C’est pas "avoir une résidence secondaire et peut-être une autre après"

 

Celles qui ont mal et à qui on répond qu’elles se plaignent trop,

Qu’il serait bon d’arrêter de s’écouter,

Que "ça va bien se passer",

 

Celles qu’on interpelle dans la rue

Pour leur ordonner de sourire parce que c’est plus joli,

 

Pour celles qui se disent souvent qu’un truc colle pas,

 

Qu’elles sont éveillées au sein d’un rêve qui n’est pas le leur,

 

Celles qui parfois son tout comme sidérées dans leurs têtes,

Ont le corps qui se fige,

Restent pétrifiées dans leur lit

Et murmurent des prières pour ne pas en arriver

Au point de s’uriner dessus,

 

Celles noyées émotionnellement,

 

Celles chez qui la peur a tout inondé,

Au point qu’elles ne se sentent plus capables de penser,

Encore moins d’écrire,

 

Celles qui déconnent à bloc,

 

Celles qu’on traite de candidates au viol dans la rue,

 

Celles qui ont la cervelle rongée de haine,

 

Celles qui matent des films d’épouvante chaque soir

Pour tenter d’oublier que le plus souvent

L’horreur est à l’intérieur de la maison,

 

Celles qui ne peuvent pas affronter le monde sans cachetons,

 

Toutes celles qui sont un brasier

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