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Laurent, ancien sans-abri devenu agent de gardiennage, vient en aide à ses compagnons d’infortune

"Aujourd’hui, la vie est belle et je m’épanouis dans mon travail", lance Laurent Chermanne. Derrière ses lunettes rectangulaires, son regard bleu azur plein de reconnaissance cache de profondes blessures. "Je suis agent de gardiennage, je gagne bien ma vie. Mais la vie n’a pas toujours été facile. J’ai moi aussi connu la rue quand j’étais jeune", précise-t-il tout en étalant sa centaine de petits sacs remplis de vêtements thermiques sur la table de l’arrière-salle du centre de jour "Comme chez nous" à Charleroi.

Dans ses "kits anti-froid", il y a deux sous-pulls et deux paires de collants thermiques, de même que des sous-vêtements, des chaussettes et une couverture de survie. "Le froid, c’est le pire quand on est SDF", explique Laurent Chermanne. Avec sa petite asbl "Les amis de la rue", il a répondu à un micro-appel à projets du CPAS de Charleroi et décroché la somme de 3000 euros.

3000 euros de subsides, ça peut paraître peu mais moi ça me permet de faire une centaine de kits anti-froid et d’aider une centaine de personnes qui sont dans la rue.

Laurent Chermanne a créé l’association "Les amis de la rue" pour venir en aide à ses anciens compagnons d’infortune.
Laurent Chermanne a créé l’association "Les amis de la rue" pour venir en aide à ses anciens compagnons d’infortune. © RTBF

Faire les magasins quand on est SDF, c’est galère !

"Recevoir des vêtements thermique, c'est le plus beau des cadeaux!"

"Je vis dans une tente de quatre mètres sur trois. Je ne me plains pas, j’ai tout ce qu’il me faut mais les nuits sont froides", confie Thierry connu de tous à Charleroi sous le pseudo "Le solitaire".

Dans la rue, les nuits sont rudes. Et pas facile de transporter des vêtements chauds qui prennent beaucoup de place dans le sac à dos. Du coup, ces vêtements thermiques ultra-fins sont les bienvenus.

Pas évident non plus "par rapport au regard des gens" d’aller faire les magasins pour s’acheter des vêtements chauds. "Quand on nous voit arriver dans un magasin, on nous regarde bizarrement. Les gens ont des préjugés mais on est humain comme tout le monde", rappelle Alexander.

Pour que les vêtements thermiques soient efficaces, il faut pouvoir les laver et se laver régulièrement

Denis Uvier, militant infatigable depuis 40 ans accompagne "les délaissés du système".

Ces difficultés, Denis Uvier les connaît bien. Après avoir lui-même connu la rue, il a passé 40 ans comme éducateur de rue à Charleroi. Aujourd’hui, ce militant infatigable est pensionné mais il continue à se démener pour ceux qu’il appelle "les délaissés du système".

"Ceux qui vivent, ceux qui restent et ceux qui dorment en rue doivent impérativement avoir vêtements de remplacement mais pas des vêtements comme ceux que toi et moi on porte pour aller en boîte hein, il leur faut des vêtements chauds !", insiste-t-il.

"Mais l’inconvénient des vêtements thermiques, c’est qu’ils font transpirer", précise Denis Uvier. Pour qu’ils soient vraiment efficaces, il faut donc aussi pouvoir les laver et se laver régulièrement.

D’où l’importance de mettre à disposition des douches et des machines à laver. C’est le cas du centre de jour "Comme chez nous", situé Rue de Charleville, 36C. Ici, en plus de boire un café et de manger un bon petit plat dans une ambiance familiale et chaleureuse, les personnes qui traversent une période compliquée peuvent aussi prendre une douche et laver leurs vêtements.

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