L’auteur de harcèlement contre Myriam Leroy, condamné à 10 mois de prison avec sursis

De 2012 à 2017, l’autrice Myriam Leroy a fait l’objet de harcèlement sur les réseaux sociaux.

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Par Véronique Fievet

C’est une décision qui ne manquera sans doute pas de provoquer quelques débats enflammés sur les réseaux sociaux, là où précisément toute cette affaire a commencé. Ce mardi, le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné sévèrement un homme, coupable de harcèlement sur internet et les réseaux sociaux. Sa victime était la journaliste, romancière et réalisatrice, Myriam Leroy. Il écope de 10 mois de prison avec sursis probatoire moyennant le suivi d’une formation sur les violences faites aux femmes, une amende de 400 euros (avec sursis partiel) et à un dédommagement de 3000 euros. Selon son avocat, l’homme envisage d’interjeter appel mais réserve pour le moment sa décision.

La liberté d’expression n’autorise pas tout

Entre 2012 et 2017, la victime avait fait l’objet de ce que la justice vient de considérer comme un véritable harcèlement. Insultes sexistes, propos méprisants et atteintes à la vie privée, Myriam Leroy avait fini par déposer plainte. L’homme, estimant que ces propos étaient une opinion, et donc relevant de la liberté d’expression, espérait être jugé par une cour d’assises. La Chambre des mises avait toutefois considéré que ses propos ne relevaient ni d’une pensée, ni d’une opinion. En conséquence, c’était bien au tribunal correctionnel qu’il revenait de se pencher sur les faits.

Le jugement rendu ce mardi satisfait donc Me Benjamine Bovy, l’avocate de Myriam Leroy : "La juge a en effet reconnu qu’il y avait d’une part la liberté d’expression, et d’autre part, le droit à la vie privée et que pour faire la balance entre les deux, le critère qui méritait d’être retenu était celui de l’intérêt général. Or ici, les insultes, la grossièreté de certains propos, les éléments relatifs à la vie privée de Myriam Leroy, tout cela ne relevait pas de l’intérêt général, ne constituait pas un délit de presse et donc était pénalement répréhensible, constitutif de harcèlement".

"Mon client est choqué, c’est de la censure ! "

Me Alexis Ewbank défendait l’homme reconnu coupable de harcèlement. A la sortie de l’audience, il estime que c’est la liberté de la presse qui est ici mise en cause. L’avocat reste convaincu que cette affaire aurait dû être traitée par la cour d’assises et qu’à défaut, c’est donc le juge du tribunal correctionnel qui a tranché de ce qui relève de l’intérêt général, et non un jury populaire, comme cela aurait dû, selon lui, être le cas. "Ce qui s’est échangé sur les réseaux sociaux, c’était un cyberclash, c’est-à-dire, l’expression réciproque d’opinions et en aucun cas, mon client n’a souhaité porter préjudice à Madame Leroy. La sanction est lourde, et constitue un grave précédent."

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