L’avocat pénaliste Sébastien Courtoy est décédé

Veste en cuir, lunettes de soleil, parfois jusque dans la salle d’audience, une dégaine de rebelle et un franc-parler inimitable, cet avocat pénaliste ne passait pas inaperçu.

Sébastien Courtoy, âgé d’une quarantaine d’années, assurait actuellement la défense de Smail Farisi dans l’un des plus importants procès de l’histoire judiciaire belge, celui des attentats du 22 mars 2016, à la cour d’assises de Bruxelles. Le pénaliste avait déjà défendu Smail Farisi lors du procès "Paris bis", relatif à l'enquête belge sur les attentats à Paris, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Il avait obtenu l'acquittement de son client en juin dernier. C'est également ce qu'il réclamait devant cette cour d'assises.  

Ces dernières années, toujours devant la cour d’assises de Bruxelles, il avait aussi défendu Mehdi Nemmouche, l’auteur de l’attentat au Musée Juif de Belgique ou encore Jean-Louis Denis, un prédicateur musulman, devant le tribunal correctionnel puis la cour d’appel.

Il a aussi défendu des prévenus controversés tels que l’humoriste Dieudonné ou encore le député Laurent Louis.

Très cultivé et bon orateur, le pénaliste Sébastien Courtoy avait la réputation de défendre ses clients avec acharnement, plaidant parfois de très longues heures. Son côté provocateur, parfois à l’extrême, en faisait une personnalité atypique du barreau bruxellois. "Sébastien Courtoy était le Cyrano de Bergerac du barreau", dit de lui aujourd’hui Me Henri Laquay qui a travaillé avec lui pendant 11 ans. "C’est un homme qui prenait beaucoup de coups, mais qui savait en donner dans l’intérêt exclusif de ses clients", poursuit Me Laquay. "C’était un plaideur exceptionnel, flamboyant. Il vous emportait dans sa plaidoirie et parvenait à vous convaincre. La preuve en est, les excellents résultats qu’il a toujours eus", ajoute Me Laquay.

L’avocat Sébastien Courtoy était aussi passé maître dans l’art de la punchline, la petite phrase qui marque les esprits, comme celle-ci, prononcée en marge d’une audience : "Ce garçon a fait deux ans à l’isolement comme un chien dans un trou et tout cela pendant que le parquet fédéral allait au cinéma, dîner avec des amis et tout était faux". "Avec une bonne punchline, vous pouvez convaincre, ce qu’il faisait admirablement bien", dit de lui Me Henri Laquay.

Le parler sans langue de bois de Sébastien Courtoy, son humour mordant et son style rebelle étaient appréciés par les uns, moins par d’autres lorsque certaines de ses interventions devenaient irrespectueuses. A une reprise, une telle intervention lui a même valu une sanction.

L’avocat décédé était aussi un travailleur acharné. "C’est quelqu’un qui se donne à 300%, qui va abattre des heures entières, qui va aller finalement au combat [à l’audience, ndlr], avec son style, son humour, son ironie et surtout, son œil avisé", témoigne aujourd’hui Me Virginie Taelman, qui a collaboré plusieurs années avec Me Courtoy.

"C’était quelqu’un d’extrêmement minutieux et de pragmatique", explique Me Michel Degrève, avec qui Sébastien Courtoy travaillait actuellement au procès des attentats de Bruxelles. "Dans la défense des intérêts de ses clients, il n’y avait aucune limite. C’était la défense à tout prix", poursuit Michel Degrève qui va poursuivre le travail entamé au procès des attentats de Bruxelles.