C’est il y a deux ans jour pour jour que les Belges s’apprêtaient à vivre leur tout premier confinement. Deux ans de mesures difficiles à tenir pour la population, tant sur le plan moral que financier. Cinq vagues qu’il n’aurait pas été possible d’éviter, à en croire l’épidémiologiste Marius Gilbert (ULB) : "Si nous avions maintenu les mesures plus longtemps, nous n’aurions peut-être pas eu de remontée des cas de contamination maintenant… mais nous l’aurions eue plus tard", confie-t-il. "Il y a une forme d’équilibre que l’on doit retrouver entre l’impact sanitaire et l’impact social et économique des mesures."
Et cet équilibre a été rendu possible le 4 mars dernier grâce à l’immunité naturelle et à la vaccination : "Il ne faut pas imaginer que le virus est devenu inoffensif intrinsèquement. Sans la vaccination et l’immunité naturelle, Omicron serait aussi dangereux que la première souche", indique l’épidémiologiste Marius Gilbert (ULB). "On le voit dans les pays dans lesquels la vaccination est plus faible."
Malgré tout, relâcher les mesures ne signifie pas que la crise sanitaire est derrière nous pour autant. Entre le 10 et le 16 mars dernier, 161 personnes ont été admises à l’hôpital. C’est une augmentation de 13% par rapport à la semaine précédente.
Et selon l’épidémiologiste, bien que les différents variants rencontrés ces deux dernières années devraient permettre de maintenir dans la durée une protection contre les formes sévères, "il n’est pas impossible de détecter un variant plus virulent" pour lequel on recommanderait à nouveau l’usage du port du masque à l’intérieur, par exemple.
"Nous aurons encore des vagues épidémiologiques similaires à Omicron. Mais je pense qu’il est relativement improbable que nous vivions encore un confinement à très grande échelle comme nous l’avons vécu dans le passé", estime-t-il. "Ce qui a toujours orienté la gestion et les confinements, c’est la menace qui pesait sur le système de soin, la préservation de la capacité d’accueil en soins intensifs et la capacité à traiter les pathologies générales d’urgence. Or à présent, par le fait des différentes doses de vaccin et par le fait des vagues successives, une immunité s’est construite et a réduit la proportion de personnes qui développent encore des formes sévères du virus. S’il n’y a pas de menace sur les soins intensifs, je nous vois mal revenir à des confinements aussi importants et impactants sur la vie sociale et économique."
Ces confinements justement, les voici.