Le 8 mai doit-il redevenir un jour férié ? Pas d’unanimité parmi les partis politiques

Une série de partis, surtout à gauche, suit entièrement l’argumentaire de la "Coalition du 8 mai". Face à la banalisation des idées d’extrême droite, il faut pouvoir redonner de l’importance à ce jour symbolique. C’est le cas de Groen et du PTB. "Ce jour de la libération doit être férié pour se souvenir, pour mettre en garde et pour se défendre de l’extrême droite", nous précise le porte-parole du PTB. "Il est essentiel de rappeler cette date qui symbolise la lutte contre le fascisme."

Pour le PTB et le parti écologiste flamand, ce jour férié peut s’ajouter aux autres jours de congé du mois de mai. Défi y est également favorable. Mais son président, François De Smet, précise que s’il faut une compensation, "l’un des autres jours fériés du mois de mai s’y prêterait bien".

Plusieurs partis sont effectivement ouverts à la discussion. Le 8 mai peut redevenir un jour férié, à condition d’en supprimer un autre pour ne pas ajouter un jour aux dix jours fériés légaux en Belgique. C’est l’avis du MR, d’Ecolo ou encore de la N-VA.

Reste à savoir quel autre jour férié supprimer ? La question est délicate. Les autres jours fériés sont eux-mêmes des dates anniversaires symboliques (premier mai, 21 juillet, 11 novembre) ou des fêtes du calendrier religieux (Noël, Pâques, Toussaint, etc.).

Pour résoudre ce problème, Ecolo propose de soumettre la question aux partenaires sociaux

À mi-chemin entre le jour férié supplémentaire et le remplacement d’un autre jour de congé, les socialistes flamands et francophones ont formulé une proposition originale à la Chambre. PS et Vooruit signent une proposition de loi commune pour célébrer le 8 mai tous les 5 ans, à partir de 2025.

"En 2025, il y aura 80 ans, en 2030, 85 ans, en 2035, 90 ans, en 2040, 95 ans et en 2045, 100 ans que l’humanité dont nous faisons partie aura montré son pire côté", écrivent les auteurs de la proposition de loi. "C’est pourquoi nous proposons d’accorder, tous les cinq ans, un jour férié pour célébrer le 8 mai. Célébrer, une fois tous les cinq ans, que nous avons vaincu ce mal serait la moindre des choses. Cela nous semble nécessaire pour entretenir le souvenir des victimes et pour redire 'plus jamais ça'."

Certains estiment cependant qu’il ne faut pas de jour férié supplémentaire pour assumer le devoir de mémoire. Le président des Engagés est de cet avis. "Non, il n’y a pas lieu de rendre le 8 mai férié", estime Maxime Prévot, "non pas parce que l’évènement historique qu’il commémore ne le mériterait pas, mais parce qu’il y a déjà assez de jours fériés et que le contexte socio-économique ne plaide pas en faveur d’une augmentation du nombre de jours de congé".

Les libéraux flamands de l’Open VLD partagent cette position. Il faut selon eux maintenir le souvenir de cette date et alerter lorsque nos démocraties sont en danger. "Mais ajouter un jour férié au calendrier n’est pas la question", ajoute le porte-parole de l’Open VLD à la Chambre.

Bref, on est encore loin d’un accord politique à ce sujet.

Nous avons également demandé au CD&V et au Vlaams Belang quel était leur avis dans ce débat. Les deux partis n’ont pas donné suite à notre demande.