La Pro League tire le rideau pour 2021. Une année où le FC Bruges a vu son hégémonie mise à mal par… un promu. L’Union Saint-Gilloise, si rafraîchissante, emmenée par un Felice Mazzu qui dégage une impression de force tranquille. L’année est également marquée par la lente descente aux enfers du Standard, entre crises sportive et extra-sportive. Anderlecht poursuit son chemin sinueux pour un retour vers les sommets. Voici le bilan des équipes qui ont fait cette Pro League 2021.
1. L’Union championne de D1B… et championne d’automne !
C’est une histoire incroyable qui s’écrit au Parc Duden. L’Union Saint-Gilloise, nom historique de l’histoire du football belge, retrouve la D1A 48 ans après l’avoir quittée. Bien aidés par les fonds de l’Anglais Tony Bloom, les Bruxellois ont bâti une équipe solide qui a roulé sur la D1B avant d’étonner au sein de l’élite. Victoire à Anderlecht lors de la journée inaugurale (1-3), carton face au Standard (4-0), l’Union pratique un football direct qui ravit. Il y a de la qualité à tous les postes et un entraîneur en état de grâce pour orchestrer tout cela. Felice Mazzu prouve à toute la Belgique que son expérience manquée à Genk l’a fait grandir, au point de recevoir le prix Raymond Goethals au mois de décembre. On voit mal ce qui pourrait empêcher les Unionistes de disputer les PO1.
Les tops | 1) Deniz Undav et Dante Vanzeir : le meilleur duo d’attaquants du championnat. 2) Le retour en grâce de Felice Mazzu, moteur de cette folle histoire. 3) Le public de l’Union, qui suscite la sympathie à travers tout le pays. |
Les flops | 1) Le manque de solutions pour soulager Vanzeir (95% du temps de jeu) et Undav (97%). |
2. Le FC Bruges, titre attendu, leader chahuté
Couronnés au terme d’une saison largement dominée, les Brugeois ont tout de même senti le souffle de Genk durant les PO1. Cette saison, les hommes de Philippe Clement ont un peu de retard à l’allumage, sans doute trop obnubilés par les étoiles de la Ligue des champions. Leur saison belge doit véritablement décoller cet hiver. Mais les Blauw & Zwart doivent être prudents : ils ne dégagent plus cette impression de domination outrageuse.
Les tops | 1) Charles De Ketelaere, chouchou du public brugeois propulsé chez les Diables Rouges, en attendant son possible Soulier d’or. 2) Le début de campagne en Ligue des champions, avec un 4 sur 6 prometteur. 3) Hans Vanaken, dans la forme de sa vie. |
Les flops | 1) La gestion du cas Ruud Vormer, remplaçant boudeur. 2) Les essais de Philippe Clement, qui s’est vu trop beau en fin de parcours en C1. 3) Le mercato d’été et ses transferts qui n’ont pas permis au Club de franchir un cap, en Europe notamment (Wesley, Izquierdo, Sowah, Nsoki, Maouassa). |
3. Anderlecht, objectif PO1
4. L’Antwerp, entre ambition et frustration
Dans sa quête pour déloger Bruges de son piédestal, Paul Gheysens vit quelques frustrations. Comme lors de ces PO1 où le Great Old n’a décroché qu’un succès, face à Anderlecht lors de la dernière journée, pour assurer un bon ticket en Europa League. C’était la mission conférée à Frank Vercauteren, lequel a mis les voiles dès l’issue du championnat. Le mercato estival sexy (Radja Nainggolan, Mbwana Samatta, Mickey Balikwisha, …) n’a pas eu l’effet immédiat espéré. La campagne européenne est un échec et on attend toujours la véritable griffe de Brian Priske. Malgré tous ces constats négatifs, le RAFC est embuscade. Preuve que les individualités de ce groupe assez riche peuvent faire la différence à tout moment.
Les tops | 1) Michael Frey, buteur en réussite comme jamais dans sa carrière 2) Les patates de Nainggolan. 3) Jean Butez, qui s’érige comme l’un des meilleurs gardiens de la compétition. |
Les flops | 1) Samatta, il n’a plus le niveau du joueur qui martyrisait les défenses lors de son titre avec Genk. 2) Le manque de gestion des émotions, notamment face au Standard (2-3) en décembre. 3) Les cinq cartons rouges depuis le début de la saison. |
5. Charleroi, la révolution est en marche
Après un début de saison 2020-2021 tonitruant, Charleroi avait plongé au classement pour terminer à un indigne 13e place. Signal qu’il fallait une révolution. Mehdi Bayat a été sensible à la candidature d’Edward Still, qui a mis en place de nouveaux principes, à la fois dans le jeu, le recrutement et le management de groupe. L’évolution en quelques mois est saisissante, le coach carolo convainc tous ses interlocuteurs. Le Charleroi new look a ses maladies de jeunesse mais Still est en très bon chemin.
Les tops | 1) Adem Zorgane, inconnu avant le début de saison et parmi les meilleurs milieux de terrain du pays. 2) L’éclosion des jeunes produits du cru (Wasinski, Tchatchoua), ce qui a longtemps été un problème à Charleroi. 3) Shamar Nicholson, qui a porté l’attaque sur ses épaules. Son départ pourrait être préjudiciable |
Les flops | 1) Les couacs à l’Union (4-0) et à Genk (4-2). 2) Guillaume Gillet, qui ne trouve plus sa place. 3) Il n’existe pas de solution évidente pour remplacer Shamar Nicholson, parti au Spartak Moscou. Soit Still (en trouvant une solution en interne) soit Bayat (en trouvant une solution sur le marché) vont devoir résoudre ce problème. |
6. La Gantoise, le retour du vent de 2015
La Gantoise court toujours derrière ses belles heures du titre 2014-2015. Hein Vanhaezebrouck a pu façonner son effectif cet été après avoir terminé la saison dernière en remportant les PO2. L’équipe a déjà joué 35 matchs cette saison, mais n’a encore rien lâché : qualifiés en Conference League, encore en lice en coupe et dans le bon peloton en championnat, les Gantois font peu de bruit du côté sud de la frontière linguistique, mais sont au rendez-vous.
Les tops | 1) Tarik Tissoudali, un magicien pour qui la Ghelamco Arena se garnit un week-end sur deux. Peut-être l’homme de ce premier tour, toutes équipes confondues. 2) Hein Vanhaezebrouck, qui prouve que son passage difficile à Anderlecht n’a rien enlevé à sa science du championnat. 3) Le carton face à Bruges dans la Batailles des Flandres, 6-1. |
Les flops | 1) Le début de championnat compliqué, avec 5 points sur 15. 2) Ces Belges qui jouent peu : Bruno (24% de temps de jeu), Mboyo (22%) ou De Sart (26%). 3) Pour un club de sa stature, la Gantoise sort peu de produits de son académie : Matisse Samoise est la jolie exception à cette règle. |
7. Le FC Malines, tempête derrière les Casernes
Deuxième des PO2 la saison dernière, Malines s’est installé dans le subtop de la Division 1A. La saison a mal débuté, notamment via une défaite à Seraing qualifiée comme "la pire de ma carrière" par le coach Wouter Vrancken. Son équipe est capable de véritables coups d’éclat, portée par un public malinois toujours aussi bouillant.
Les tops | 1) Nikola Storm, qui prouve à 27 ans qu’il a ce petit truc en plus que les autres. 2) Plusieurs victoires face à des adversaires de choix (Union SG, Charleroi, Standard, Bruges). 3) Le lob de Schoofs face à Mignolet. |
Les flops | 1) Le naufrage contre Anderlecht (7-2). 2) La fracture de la pommette pour Hugo Cuypers, alors qu’il était en pleine bourre (5 buts, 7 assists). 3) Gaëtan Coucke, qui n’est pas du style à rassurer une défense. |
8. Courtrai, la salle des pas perdus
En congé dès le mois d’avril vu leur 14e place en championnat, les Courtraisiens d’Elsner ont eu le temps de bâtir cette saison… Sauf que l’architecte s’est fait la malle au mois d’octobre. Karim Belhocine, ancien de la maison, a pu rapidement remobiliser les troupes. Avec deux petites défaites depuis son intronisation, Courtrai confirme sa réputation d'équipe accrocheuse qui concède peu d'occasions.
Les tops | 1) Faïz Selemani, le Comorien, meilleur buteur et meilleur passeur. 2) Karim Belhocine, qui a bien rebondi après son passage fini en mode mineur à Charleroi. 3) La défense, qui concède peu (22 buts concédés, première défense de l’élite). |
Les flops | 1) La réussite offensive (12e attaque de l’élite). 2) Le renouvellement perpétuel de cet effectif, qu’on redécouvre chaque année. 3) Le statut de "rois des matchs nuls", 7 au compteur. |
9. Genk, tombé de si haut
Vice-champion de Belgique au terme de PO1 canons (16 sur 18) et vainqueurs de la Coupe, les Limbourgeois n’ont pas profité de leur élan pour déferler sur la Pro League cette saison. Paul Onuachu n’est pas parti alors qu’il le voulait. Genk a pris l’eau en préliminaire pour la Ligue des champions, mais aussi en poule d’Europa League et s’est vu indiquer la porte en Coupe. John van den Brom n’a pas résisté à cette succession d’échecs. Bernd Storck est arrivé début décembre en réviseur d’entreprise pour tenter d’accrocher une place en PO1. Les Limbourgeois partent de loin.
Les tops | 1) Junya Ito, le slalomeur japonais, dont l’équipe est dépendant. 2) La Coupe et les PO1 de feu. 3) L’éclosion de jeunes belges (Oyen, Vandevoordt), même si le gardien n’a pas encore répondu à toutes les attentes placées en lui. |
Les flops | 1) Le manque de ressources mentales, notamment face à Bruges en championnat (2-3). 2) Le spleen de Théo Bongonda, plus aussi percutant qu’en début d’année civile. 3) La métamorphose entre le deuxième tour de la saison dernière et le premier tour de cette saison-ci. |
14. Le Standard : deux coachs, des jeunes, des tribunes qui grondent et une direction qui vacille
Mais la Pro League en 2021, c’était aussi…
L’année 2021, c’était aussi : un début de saison tonitruant pour Eupen, leader du championnat après dix journées ; le licenciement d’Yves Vanderhaeghe au Cercle à l’issue d’une… victoire contre Malines ; les coups de patte du "10 à l’ancienne" Xavier Mercier ; le licenciement hâtif de Francky Dury, qui devait prendre congé du Essevee en fin de saison ; le but stratosphérique de Gérald Kilota contre OHL ou celui de Dino Hotic face à Seraing ; les (trop rares) éclairs de génie de Christian Brüls à Saint-Trond ; le Beerschot en perdition, un an après avoir été la révélation de la Pro League.