Le cabinet de la ministre wallonne de l'Environnement Céline Tellier a pris contact ce mardi avec son homologue de la Défense, Ludivine Dedonder, afin de lui faire part de ses inquiétudes quant à une éventuelle pollution au PFAS - ces substances per-fluoro-alkylées persistantes qui représentent un danger pour l'environnement - sur la base de Chièvres.
"Il a été convenu que nous recevions une copie des résultats du cadastre demandé par la ministre de la Défense en matière de PFAS et de PFOS. Nous disposerons ainsi d'une information complète sur la situation de toutes les casernes et sites militaires de la Région", a expliqué la ministre wallonne de l'Environnement, Céline Tellier, en commisison du parlement de Wallonie.
Elle y était notamment interrogée par le député PTB Jori Dupont selon qui une contamination importante aux Pfas existe "depuis de longues années au départ de la caserne Daumerie sur la base américaine de Chièvres". "En 2018, la défense américaine a publié un rapport qui constate que le taux de Pfas est largement au-dessus des normes à Chièvres", a pointé le député d'extrême gauche.
"Dans ce rapport, on peut lire qu'en 2017, l'eau a été jugée toxique et que l'armée américaine aurait distribué de l'eau en bouteille. Pourtant, aucun habitant de Chièvres n'est au courant et le sujet n'a même jamais été abordé dans le conseil communal de la ville ni à la Région Wallonne", a-t-il ajouté. "Nous avons pu nous procurer une copie de ce rapport qui daterait de mars 2018. Ce document n'avait pas, à ma connaissance, été transmis ni au SPW, ni à la commune", lui a répondu la ministre Tellier.
"Je l'ai immédiatement transmis pour analyse à l'administration qui devra vérifier son authenticité, ses analyses et ses conclusions. Sur base de cet examen, nous verrons si le rapport contient des recommandations particulières à ajouter aux éléments déjà très complets dont nous disposons", a-t-elle poursuivi en rappelant qu'une liste non exhaustive d'entreprises susceptibles d'utiliser des substances per-fluoro-alkylées a notamment été dressée.
Contrairement à la Flandre où l'usine 3M produisait de l'acide per-fluoro-octane-sulfonique (ou PFOS, une molécule faisant partie de la famille des PFAS), il n'existe pas d'entreprise fabriquant de tels composés en Wallonie, a encore souligné Céline Tellier.
"La présence des PFOS dans l'environnement wallon s'observe de manière plus diffuse que cela n'a été constaté à Zwijndrecht. En Wallonie, cette présence est uniquement liée à l'utilisation de ces composés dans certains produits et/ou activités industrielles", et notamment dans les mousses anti-incendie utilisées sur les aérodromes ou zones d'exercice et d'entrainement des pompiers.
"La Wallonie n'a pas attendu que l'usine 3M soit pointée du doigt à Anvers pour s'intéresser à ces polluants. Grâce au réseau wallon de mesures environnementales, les PFAS font l'objet d'une attention particulière depuis 5 ans, quand leur surveillance dans les eaux de surface a été initiée. Même s'il n'y a pas d'usine de production de PFOS, ces molécules se retrouvent en concentration faible?dans l'eau et le sol wallon", a assuré la ministre selon qui "les PFAS ne sont malheureusement que l'arbre qui cache la forêt des innombrables substances chimiques qui peuplent notre quotidien".
Face à cette situation, Céline Tellier indique enfin soutenir une approche qui allie principe de précaution à l'égard de ces substances; fermeté vis-à-vis de l'industrie chimique qui doit mieux maitriser ces substances et prévention et réduction des risques, en surveillant à la fois la santé des citoyens et en réduisant leur exposition à ces substances.