Belgique

Le chef de la Défense condamne le mauvais traitement des nouvelles recrues

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Par Jean-François Noulet, avec B. Hupin et Belga

Le chef de la Défense, l’amiral Michel Hofman, s’inquiète de la manière dont sont traitées les nouvelles recrues de l’armée lors de leur formation. Ce sont les journaux néerlandophones du groupe Mediahuis qui rapportent l’information en expliquant que le chef de la Défense et le directeur du service de contrôle interne ont envoyé une note, juste avant Noël. La note dénonce les situations inadmissibles dans lesquelles se retrouvent les nouvelles recrues.

Les syndicats que la rédaction de la RTBF confirment l’existence de cette note, envoyée alors que la Défense est occupée à recruter de manière importante.

De quoi parle cette note ?

Selon les journaux du groupe Mediahuis, cette note fait suite à "plusieurs signalements et plaintes" concernant le déroulement de la phase d’initiation militaire et de la formation professionnelle spécialisée qui s’ensuit. Cette note dénonce notamment des punitions physiques trop sévères et de nombreuses "initiatives inappropriées".

Dans sa communication, le chef de la Défense interdit "toute forme de punition physique", comme le fait d’imposer une centaine de pompes à une recrue. Ceci n’est "ni légal, ni réglementaire, ni productif", souligne-t-il. Selon la note, qu’a pu consulter Het Nieuwsblad, certains instructeurs s’inspireraient du programme TV de la VRT "Kamp Waes" qui portait sur la sélection des forces spéciales de la Défense, ce qui n’a rien de comparable avec la formation de militaires classiques.

Notre rédaction a contacté la Défense pour avoir des précisions sur cette note, mais n’a pas eu, à ce stade, de réponse.

Du côté des syndicats, la note est bienvenue

Du côté syndical, Philippe Sion, dirigeant du CGPM, la Centrale générale du personnel militaire, on confirme recevoir régulièrement des plaintes de jeunes recrues. "Nous recevons régulièrement des plaintes et tous les jours, nous avons des questions venant de candidats qui sont confrontés à des situations, à un comportement inapproprié", explique Philippe Sion.

De quels types de comportement parle-t-on ? "De la violence verbale, parfois de la violence physique", explique le responsable syndical. "On doit constater qu’il y a des abus. On doit aussi souvent constater que la personne qui les subit a des craintes de dénoncer ce genre d’abus", explique Philippe Sion.

Le syndicaliste rejoint l’amiral Hofman, le chef de la Défense sur le caractère inacceptable de ces faits. "Cela fait très longtemps qu’on est confronté à ce genre de situation à la Défense", explique Philippe Sion qui plaide pour la mise sur pied d’un organe externe chargé d’examiner les plaintes, pour éviter que la Défense soit "juge et partie".

Des recrues pas assez informées?

Toutefois, le délégué syndical apporte des précisions. Les nouvelles recrues ne sont peut-être pas suffisamment préparées et informées sur ce qu’est l’armée et sur le côté assez dur et exigeant de la formation. Donc, dans certains cas, ce qui est perçu comme un mauvais traitement n’en serait pas forcément un. Il peut s’agir "parfois d’une interprétation qui est donnée par le candidat qui se faisait une autre image de la Défense quand il l’a incorporée", nuance Philippe Sion Et donc, pour lui, "l’analyse doit être prudente", car "le candidat, en fonction de ses origines, de son éducation, etc. se trouve confronté à des situations qui ne sont pas habituelles pour lui et qui peuvent être interprétées comme problématiques". Or, explique Philippe Sion, lors des formations, "les cadres utilisent un ton assez strict, sévère pour des raisons bien précises". Il s’agirait de préparer la recrue à ce qu’elle vivra plus tard sur le terrain. "On va le préparer pour ne pas qu’il se trouve perdu quand il sera sur un théâtre d’opérations", pour éviter qu’il mette en danger, lui et ses collèges.

La communication au moment du recrutement pourrait être améliorée. "Il faut quand même rappeler au candidat, quand il s’engage à la Défense, qu’il va être confronté à la violence, parce que le militaire a un métier où il doit savoir gérer la violence, être confronté à la violence et travailler avec des outils dangereux", estime Philippe Sion.

Cette rudesse de la formation, tous les candidats ne la perçoivent pas non plus de la même façon. Pour ceux qui seraient moins préparés que d’autres, "il faut que le chef de corps puisse évaluer, trouver une solution, voir si on ne peut pas utiliser le candidat dans une autre filière du métier", suggère Philippe Sion, du CGPM pour qui il faut "changer de philosophie".

La ministre de la Défense, de son côté encourage les militaires qui sont victimes ou témoins de mauvais traitements à les dénoncer.

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