Huit jours après l’invasion russe de l’Ukraine, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba s’est dit en faveur de la création d’un tribunal pénal spécial pour juger le "crime d’agression" russe en Ukraine, une initiative portée par des dizaines de spécialistes du droit international et des personnalités politiques et littéraires telles l’ex-premier ministre britannique Gordon Brown ou l’écrivain américain Paul Auster. La Cour pénale internationale a annoncé le 28 janvier l’ouverture d’une enquête sur la situation en Ukraine, évoquant de possibles "crimes de guerre" et des "crimes contre l’humanité".
"L’invasion de l’Ukraine par la Russie est grave, sévère et définie par un seul mot : agression. La Russie envahit le cœur de l’Ukraine, cherchant à renverser un gouvernement démocratiquement élu, avec un impact massif, réel et potentiel, sur la vie, la sécurité et le bien-être des civils ; ses actes ne peuvent en aucun cas être justifiés par l’une des raisons avancées par la Russie. Pourtant, tout cela est commis par un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies", a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. "La Russie viole clairement ses obligations internationales. Ses actions vont manifestement à l’encontre des règles et des principes sur lesquels les Nations unies ont été fondées."
Depuis le début de l’invasion russe, le 24 février dernier, Amnesty explique avoir recueilli des informations sur l’escalade des violations du droit humanitaire et du droit relatif aux droits humains, notamment sur la mort de civils résultant d’attaques aveugles contre des zones et des infrastructures civiles. Les frappes sur des hôpitaux et des écoles, l’utilisation d’armes aveugles comme les missiles balistiques et l’utilisation d’armes interdites comme les bombes à fragmentation peuvent toutes être qualifiées de crimes de guerre, selon Amnesty.
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"En moins d’une semaine, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché une crise massive des droits de l’homme, une crise humanitaire et une crise de déplacement qui a tout pour devenir la pire catastrophe de ce type dans l’histoire européenne récente. La Russie ne se contente pas de violer la souveraineté d’un voisin et de son peuple, elle remet également en question l’architecture de sécurité mondiale et exploite ses faiblesses, notamment le dysfonctionnement du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette situation aura des conséquences durables pour nous tous", a déclaré Agnès Callamard.
Environ un million de personnes ont déjà fui l’Ukraine, selon le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, principalement des femmes, des enfants et des aîné·es. L’ONU a déclaré s’attendre à ce que l’invasion russe de l’Ukraine entraîne l’exode de jusqu’à 10 millions de réfugié·es supplémentaires fuyant les combats.