Le phénomène est connu, mais les gens continuent à acheter dans ces usines à chiots
Chiots malades, élevés dans de mauvaises conditions: de nombreux acquéreurs sont souvent désemparés quand, quelques semaines après avoir acheté leur nouvel animal de compagnie, ils se rendent compte que celui-ci présente des soucis de santé, parfois incurables. "Des plaintes, nous en recevons encore au moins une par mois", nous dit Sébastien de Jonge, directeur du refuge Sans Collier . "Le phénomène est connu, mais les gens continuent à acheter dans ces usines à chiots ".
Alors, qu’en est-il vraiment ? Pour le savoir, nous avons joué les clients intéressés auprès de quelques éleveurs incriminés.
Alors dépêchez-vous ! Quel numéro souhaitez-vous ?
Sur son site internet, l’un d’eux annonce en grandes pompes l’arrivage de petits boomers, un croisement entre le bichon maltais et le shih tzu. La vente débute le jeudi 30 septembre à 10 heures… sur catalogue. De petites bouilles adorables, toutes numérotées de 1 à 10. Au téléphone, l’éleveur se montre très pressé de vendre : "Depuis ce matin les appels n’arrêtent pas", nous dit-il. "Alors dépêchez-vous ! Quel numéro souhaitez-vous ?". Légèrement déstabilisés, nous choisissons au hasard le numéro 6. "Ah, le 6, c’est une fifille", annonce le vendeur, "oui, elle est disponible. A quelle heure, souhaitez-vous venir la chercher ?" Nous lui répondons alors que nous aimerions d’abord voir le chiot, sentir si le courant passe, en connaître davantage sur l’animal. "Pas le temps", rétorque le vendeur. "Il y a trop de demandes, si vous espérez avoir un contact préalable avec le numéro 6, ce ne sera pas possible, il y a trop de gens qui attendent".
Nous décidons de jouer le jeu jusqu’au bout et prenons rendez-vous quelques heures plus tard. Sur place, nous sommes accueillis dans une sorte de magasin, où l’on vend toute la panoplie d’articles pour propriétaires de chiens comblés : paniers, laisses, colliers, etc. Et, au milieu de ce bric-à-brac, le petit numéro 6 nous attend dans une caisse. Telle une marchandise parmi les autres.
Impossible de voir le reste de la portée, encore moins la mère. "Elle se repose en maternité", nous répond-t-on.
On ne peut donc que croire l’éleveur sur parole, quand il nous promet que les chiots sont nés chez lui et non importés d’un pays de l’Est.