Journal du classique

Le chorégraphe Pierre Lacotte, "archéologue du ballet", est décédé à l’âge de 91 ans

© 2017 Bertrand Rindoff Petroff / Getty Images

Par Céline Dekock via

Il était surnommé "l’archéologue du ballet", le chorégraphe et danseur Pierre Lacotte est décédé ce lundi 10 avril à l’âge de 91 ans, des suites d’une septicémie. Grand nom de la danse classique, Pierre Lacotte a consacré sa carrière à la reconstitution et la mise en avant des ballets du XIXe siècle.

"Notre Pierre nous a abandonnés à 4 heures du matin ", a annoncé à l’Agence France Presse Ghilaine Thesmar, épouse de Pierre Lacotte et ancienne danseuse étoile. "Il était plein d’énergie et avait des projets pour des compagnies" dont le Ballet de l’Opéra de Rome.

Pierre Lacotte a consacré sa vie à redonner vie aux ballets oubliés du XIXe siècle, des reconstitutions qu’il chorégraphiera pour les plus grandes compagnies de danse du monde. En octobre 2021, alors qu’il avait déjà 89 ans, il créait ce qui sera son dernier ballet, une adaptation du roman Le Rouge et le noir de Stendhal pour l’Opéra de Paris.

Des chaussons de danse aux archives de l’Opéra

Pierre Lacotte intègre l’école de l’Opéra de Paris à l’âge de 10 ans, en 1942. En 1951, il entre dans le corps de ballet et depuis premier danseur, malgré une santé fragile. Trois ans plus tard, le danseur, qui veut également chorégraphier, démissionne de l’Opéra de Paris, qui lui refuse l’autorisation de représenter son ballet La Nuit est une sorcière au Théâtre des Champs Elysées. Pierre Lacotte fondera ensuite les Ballets de la Tour Eiffel, qui seront dissous en 1959. Lacotte mènera ensuite une carrière de danseur et chorégraphe indépendant.

En 1961, Pierre Lacotte participe à la défection du danseur étoile Rudolf Noureev, qui signe sa demande d’asile politique le 16 juin 1961 à l’aéroport du Bourget, alors qu’il était sommé de monter dans un avion qui le ramènerait en URSS.

C’est une blessure à la cheville qui le forcera à petit à petit raccrocher ses chaussons de danse pour se concentrer sur ses recherches de ballets anciens. C’est le début d’une nouvelle carrière de chorégraphe "archéologue du ballet". Il se plonge dans de nombreux documents d’archives pour recréer le ballet de 1832, La Sylphide, reconnu pour être l’un des fondements du ballet sur pointes. Pierre Lacotte fouille les archives et ressuscite à de nombreux ballets oubliés, tels que Coppélia (1870) et Paquita (1846) pour l’Opéra de Paris, La Fille du Pharaon (1862) pour le Bolchoï ou encore Marco Spada, à la demande de Rudolf Noureev, pour l’Opéra de Rome.

Parallèlement à ce travail de reconstitution, Pierre Lacotte écrit également ses propres chorégraphies, qui s’inspirent souvent de la littérature. Ainsi, alors qu’il est à la tête des Ballets de Monte-Carlo, il crée Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, d’après la nouvelle de Stefan Zweig sur une musique d’Hervé Niquet. En 2010, il chorégraphie pour l’Opéra de Paris un ballet inspiré des Trois Mousquetaires. Son dernier ballet, écrit pour l’Opéra de Paris, est une adaptation du Rouge et le Noir de Stendhal.

Pierre Lacotte est décédé ce lundi 10 avril d’une septicémie, liée à une infection d’une plaie. Il venait de fêter ses 91 ans.

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