Bruxelles

Le Cinquantenaire fait peau neuve pour fêter les 200 ans de la Belgique en 2030

Par Eric Boever

Si vous vous étonnez de voir fleurir les chantiers de rénovation sur des bâtiments fédéraux, ce n’est pas dû au printemps mais au bicentenaire de la Belgique. Les 200 ans de notre pays seront célébrés en 2030 mais il est temps de s’y préparer si on veut que le décor soit à la hauteur des festivités.

Après le palais royal, actuellement entouré d’échafaudages, on s’apprête à rénover entièrement le site du Cinquantenaire. Les travaux ont déjà débuté mais c’est la destination même du lieu qui va être repensée. L’objectif est d’en faire un phare socioculturel et scientifique attractif avec des lieux de rencontre, de participation, d’échange et de partage constants avec une forte orientation européenne. Les acteurs nationaux et internationaux seront impliqués, ainsi que les citoyens. Un projet de 155 millions d’euros qui va donc s’étaler sur 7 ans.

« Le projet patrimonial le plus ambitieux d’Europe », rien que ça !

Comme son nom l’indique, le site du Cinquantenaire avait été érigé en 1880 pour marquer les 50 ans de la Belgique. Un siècle et demi plus tard, il va subir une profonde refonte. Le site accueille actuellement le Musée d’Art et d’Histoire, l’Institut royal du Patrimoine artistique, le Musée Royal de l’Armée et Autoworld. Ensemble et avec les diverses autorités fédérales et régionales, ils ont élaboré un master plan qui entend redonner au lieu un statut prestigieux. C’est bien simple, on parle du projet patrimonial le plus ambitieux d’Europe.

Concrètement, le master plan vise à ouvrir les collections au public selon les normes internationales, à effectuer des rénovations à grande échelle des bâtiments et à permettre le travail scientifique des institutions d’une manière contemporaine. En clair, on va dépoussiérer le fonctionnement de ces institutions fédérales et les remettre au goût du jour.

On va par exemple explorer les synergies possibles en termes de gestion des collections et d’activités proposées aux publics sur l’ensemble du site. Il faudra aussi réfléchir à la manière d’optimiser les deux halls principaux, dont la très belle Halle Bordiau. Il est aussi prévu de couvrir le tunnel de circulation qui coupe le parc en deux, on en reparlera. Le site rénové du Cinquantenaire se veut enfin un modèle de durabilité, de rénovation écologique et d’innovation.

Rendre au lieu son rôle de phare socioculturel

Sous la bannière " Cinquantenaire 2030 ", une asbl a été créée pour donner un nouvel élan au site, afin que ses institutions redeviennent un nouveau phare socioculturel de Bruxelles. Pour réaliser cette ambition, Cinquantenaire 2030 a créé un " Outdoor Lab " où artistes et visiteurs du site peuvent dialoguer.

Le site accueillera aussi l’année de l’Art Nouveau et une exposition sur Josef Hoffmann qui se tiendra dès octobre 2023. En outre, deux projets d’envergure à l’intersection de l’art et de la science, du patrimoine et de l’innovation seront lancés à partir de 2024 : l’un questionnant le rôle d’un musée au XXIe siècle et l’autre, l’exposition "Vers de nouveaux mondes", menée par des institutions scientifiques fédérales à l’occasion de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne.

De nombreux autres projets sont en cours de préparation. Cette programmation socioculturelle qui doit animer le site a aussi pour objectif de "faire du Cinquantenaire un lieu historique où l’histoire se fait chaque jour, tous ensemble." Cela en complémentarité avec d’autres quartiers de Bruxelles, explique la Team Cinquantenaire 2030 : "la zone du canal de Bruxelles, en plein développement, met l’accent sur les arts contemporains. Le Mont des Arts est le lieu de prédilection pour les Beaux-Arts. En plus de ces deux lieux d’art à Bruxelles, nous voulons construire un nouveau phare socioculturel à Bruxelles. Ce sera le lieu où le patrimoine, la science et l’innovation se rencontrent, se renforcent et dialoguent avec le public."

 

Un budget de 155 millions d’euros est prévu mais qui va payer ?

Le budget de cette transformation atteint 155 millions d’euros, dont 48 pour rénover les châssis, les toits et les façades, 18 millions pour le parc, et surtout 88 pour l’étude et la réalisation du master plan. Pour atteindre cet objectif ambitieux, l’ASBL collabore avec la Régie des bâtiments qui apportera 75 millions, Beliris qui financera 80 millions, la ville de Bruxelles, les institutions européennes, les gouvernements fédéral et de la Région de Bruxelles-Capitale, de nombreux partenaires, acteurs privés et agences publiques comme la Loterie nationale.

Une collaboration soutenue par le Premier ministre Alexander De Croo : "Ensemble, nous voulons faire du site du Cinquantenaire un lieu de rencontre pour tous. C’est un Moonshot collectif, nous le faisons ensemble avec nos institutions scientifiques, avec les différents musées qui sont ici, avec la Régie des Bâtiments et avec Beliris".

Pour le secrétaire d’État à la Politique scientifique Thomas Dermine, c’était une nécessité : "L’ambition est grande. Le site du Cinquantenaire actuel est encore trop le miroir de la manière dont la Belgique a géré son patrimoine au siècle dernier. Le 200e anniversaire de notre pays est un moment unique pour proposer une vision d’avenir pour le site et incarner une vision pour notre pays. Nous avons l’occasion de transformer le site historique en un campus des musées et institutions qui partagent les histoires d’une société riche de sa diversité, avec des expositions qui inspirent les générations futures et des institutions qui offrent une plate-forme de recherche et de rencontre au cœur de l’Europe."

Mathieu Michel, secrétaire d’État chargé de la Régie des bâtiments, ne dit pas autre chose : "Le Cinquantenaire est un bâtiment d’importance historique qui est devenu un symbole emblématique de l’histoire et de la culture belge. Entretenir et améliorer ces bâtiments symboliques est une responsabilité que nous devons non seulement à notre histoire, mais également aux générations futures."

La cicatrice routière au centre du parc va disparaître

Les automobilistes qui empruntent le tunnel Cinquantenaire menant à la rue de la Loi le savent, à mi-parcours la chaussée ressurgit soudain en plein cœur du parc sur une centaine de mètres avant de replonger sous terre. Cette résurgence de la circulation automobile en plein cœur de ses espaces verts est une véritable plaie béante dont souffre le site du Cinquantenaire. Mais ce sera bientôt du passé. Un concours européen va être organisé pour que de jeunes architectes proposent des solutions pour couvrir le tunnel de circulation qui coupe le parc en deux. L’Union européenne dont les institutions sont voisines du parc du Cinquantenaire, sera associée au projet.

Le Commissaire européen Johannes Hahn s’en réjouit : "Le Cinquantenaire est le cœur vert qui relie les habitants de Bruxelles et d’Europe. Nous avons la chance d’avoir un parc aussi unique près de chez nous. C’est pourquoi la Commission est heureuse de participer aux nouveaux plans qui reflètent une véritable coopération belgo-européenne. Un concours pour couvrir la partie à ciel ouvert du tunnel sera organisé et je me réjouis de voir la créativité européenne à l’œuvre au Cinquantenaire. Cela pourrait devenir un projet phare dans le cadre du nouveau Bauhaus européen".

Le bicentenaire de la Belgique, une aubaine pour Bruxelles !

Les autorités bruxelloises sont parmi les premières à applaudir le projet de restauration/rénovation dont va bénéficier la ville-région, à commencer par Rudi Vervoort, ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale : " le Cinquantenaire est une porte d’entrée symbolique de notre Ville-Région. C’est un parc, c’est un joyau du patrimoine, c’est un espace de loisirs et de sport. Il est souvent traversé et aperçu au loin mais trop peu investi. C’est l’ambition que nous portons : réinvestir les lieux ! "

" Véritable vitrine des collections fédérales et du patrimoine belge, écrin de verdure au cœur de la capitale et porte d’entrée du quartier européen, le site du Cinquantenaire est sans conteste l’un des meilleurs emblèmes de notre Région. Ensemble, Fédéral et Région bruxelloise, unissons aujourd’hui nos forces pour projeter ce site dans le futur, valoriser son passé exceptionnel et transmettre son héritage aux générations futures. De quoi faire rayonner le site à l’international et en faire l’une des plus belles cartes de visite de notre Région " s’enthousiasme le Secrétaire d’État bruxellois Pascal Smet.

Un lyrisme partagé par le bourgmestre de Bruxelles-ville Philippe Close : "C’est avec énormément de plaisir que nous accueillons au cœur du quartier européen ce magnifique projet qu’est Cinquantenaire 2030. Que rêver de mieux pour ce bicentenaire de la Belgique que davantage de rencontres entre les Bruxellois, leurs institutions, la culture et la science !"

Un entrain qui oublie les clivages politiques. Même le MR, dans l’opposition à la ville comme à la région, se joint aux louanges par la voix du député-bourgmestre d’Etterbeek Vincent De Wolf : "Notre commune rayonne grâce à la présence du Cinquantenaire et nous travaillons chaque jour pour en assurer sa sécurité et pérenniser son attrait. Avec la perspective du bicentenaire du pays, le projet qui se dessine ne manque pas d’ambition et nous le soutenons. Pour que ce projet soit une réalité en 2030, nous devons associer pleinement les habitants qui entourent le Cinquantenaire, ce qui nous permettra d’encore enrichir le concept."

Pour savoir ce qu’en pensent les riverains justement, il faudra sans doute attendre un peu que le master plan soit plus concret. Mais il y a une quasi-certitude : personne ne regrettera le bout d’autoroute urbain qui défigurait le cœur du parc.

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