Si des claviers courbés ont déjà existé, ces derniers étaient accolés à des pianos standards et étaient difficiles à jouer à cause de l’allongement des touches aux extrémités. Ici, grâce à des techniques de production inconnues à l’époque et développées notamment avec la KUL, c’est tout l’instrument qui s’arrondit : la mécanique, les marteaux, les étouffoirs et le cadre, avec des cordes qui partent en éventail depuis ce clavier courbé.
La courbure du clavier a déterminé tout le profil de l’instrument et il a été impossible à Rafael Viñoly de le dessiner de façon symétrique. Ce piano ne se limite donc pas à son clavier ergonomique : c’est un tout autre instrument qui naît de l’exercice, avec des qualités sonores propres. Xavier Flament a apprécié ses basses, très larges, comme ce piano, qui sonnent un peu comme un pupitre de trombones, sa transparence, ses registres marqués entre le grave, le médium et l’aigu, et sa grande douceur.
Des qualités qui devraient faire merveille en musique de chambre. Et c’est comme cela qu’on le découvrira ce vendredi 11 novembre, à 20 heures, à Bozar, où l’altiste Tabea Zimmermann sera accompagnée par Kirill Gerstein qui a inauguré ce piano Maene-Viñoly à Verbier, cet été. Ce pianiste est aussi un ami de Daniel Barenboïm et partage avec lui la curiosité et l’envie de faire bouger les lignes, et en tout cas l’instrument piano qui n’a pas évolué depuis 140 ans.