Climat

Le "Climate Doomism" ou l’apocalypse climatique

Le "Climate Doomism" ou l’apocalypse climatique.

© John MACDOUGALL/AFP

Pour les "climate doomers", il est déjà trop tard pour sauver la planète. Ce nouveau terme, apparu dans les médias et les réseaux sociaux, propage une prophétie de l’apocalypse et cultive le désespoir chez le public. Explications.

L’inaction climatique nourrit la résignation

Ces dernières années, les scientifiques et les défenseurs de l’environnement n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme face aux catastrophes climatiques, aux méfaits de la pollution et à la disparition de la biodiversité. Face aux institutions et aux gouvernements qui continuent de financer des projets pétroliers et gaziers, certains scientifiques et défenseurs du climat utilisent le langage de la peur. En 2020, une étude suggérait que la peur était un "facteur de motivation utile" pour déclencher un meilleur engagement de la population. Pourtant, cette peur, mêlée aux données fatalistes sur l’état de la planète, est devenue un autre danger, le "climate doomism".

Ce terme désigne le fait que la planète a dépassé son point de non-retour et qu’il n’y a plus rien à faire pour la sauver. Il contamine sans surprise les réseaux sociaux comme Instagram et TikTok, où la crise climatique demeure un sujet brûlant. Sur TikTok, le hashtag "Climate Change" totalise 4 milliards de vues avec de nombreuses vidéos aux musiques dramatiques, montrant les dégâts du réchauffement climatique.

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Parmi les adeptes du "climate doonism", appelés les "climate doomers", figure le TikTokeur américain Charles Mc Bryde.

"Je suis un doomer climatique. Depuis environ 2019, je pense que nous ne pouvons rien faire pour inverser le changement climatique à l’échelle mondiale."

Ce sentiment de désespoir serait une forme progressive d’anxiété nourrie par les discours collapsologues.

Une peur contre-productive a gagné les réseaux

Et des discours de ce genre, on en trouve énormément dans la presse. Par exemple, en 2019, l’écrivain américain Jonathan Franzen écrivait pour le New Yorker un article titré "What if we stopped pretending ?" ("Et si on arrêtait de faire semblant ?"). Dès les premières lignes, l’auteur se résigne à la crise climatique, argumentant que l’apocalypse est inévitable. "L’apocalypse climatique arrive. Pour s’y préparer, nous devons admettre que nous ne pouvons pas y échapper." Un langage dur qui affecte tout particulièrement les plus jeunes, qui sont de plus en plus nombreux à craindre un avenir incertain sur la planète.

La scientifique Alaina Wood, connue sous le nom de thegarbagequeen sur TikTok, lutte contre la crise climatique. Selon elle, le phénomène du "climate doomism" est très populaire chez la génération Z. Un phénomène qu’elle tente de contester sur le réseau social chinois. Car pour elle, ce genre de discours catastrophiques pousserait les gens à baisser les bras et arrêter toutes les initiatives en faveur du climat. L’idée que la lutte contre le réchauffement climatique est déjà perdue fait d'ailleurs partie, selon l’Université de Cambridge, des douze discours retardant l’action climatique.

Non, tout n’est pas perdu !

La climatologue Friederike Otto va elle aussi dans le sens inverse de ces prophètes de l’apocalypse, dont les arguments reposent sur des faits non vérifiés selon elle. "Je ne pense pas qu’il soit utile de prétendre que le changement climatique conduira à l’extinction de l’humanité", explique-t-elle dans un article de la BBC.

Les scientifiques s’accordent à dire que la prise de conscience est non seulement augmentée par les crises climatiques mais qu’il y a aussi des changements climatiques positifs, contrairement à ce que l’on peut penser. Par exemple, la Chine a retiré de sa liste d’espèces menacées les pandas géants, longtemps menacés par les changements climatiques.

Sur TikTok, en dépit de l’expansion de ce phénomène, des socionautes se mobilisent pour donner des astuces afin de ne pas tomber dans le climate doomism. Par exemple, la TikTokeuse Sweet. Sustainability, donne trois astuces simples :

  • lire de bonnes informations climatiques comme celles sur les éco-innovations ou les découvertes de solutions environnementales;
  • essayer de mener des actions concrètes à sa petite échelle comme la réduction de gaspillage ou l’achat de vêtements de seconde main;
  • prendre part à des actions collectives environnementales, comme celles des associations locales.

L’éducation, la sensibilisation et l’activisme sont essentiels pour lutter contre le réchauffement climatique. Avec des plateformes riches en informations comme TikTok, les jeunes sont confrontés à des algorithmes qui ne leur épargnent pas les fausses informations. Pour le moment, aucune solution n’a été proposée par TikTok pour promouvoir des contenus environnementaux militants vérifiés et encourageants.

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