Le succès est au rendez-vous, avec plus de 40% de parts d'audiences. Les 600 heures de programmes par an initialement prévues dépassent vite le millier, et Dorothée squatte l'antenne quotidiennement au petit déjeuner, au goûter, lors d'un long direct le mercredi...
Mais le programme est décrié, notamment par la députée Ségolène Royal, pour sa crétinerie supposée, son aspect mercantile, et surtout la violence de ses dessins animés nippons. Qualifiés par certains de "japoniaiseries", ces derniers ont marqué durablement la France, deuxième consommateur de mangas (BD) derrière le Japon.
"Copains" disparus
"Les gens qui nous critiquaient, notamment les journalistes de la presse branchée, n'avaient jamais vu le club Dorothée", plaide Jacky.
"On a vite engagé des psychologues" pour censurer les passages inadaptés au jeune public, rappelle en outre Jean-Luc Azoulay. "On voulait amuser les enfants, mais aussi les cultiver, leur faire découvrir le monde" à travers des émissions tournées à l'étranger pendant les vacances scolaires, se défend-il, regrettant "l'absence de liant" humain dans les programmes jeunesse actuels.
Et le producteur de citer l'émission pionnière sur l'écologie "Terre, attention, danger", co-animée par Dorothée et le vétérinaire Michel Klein, ou "les séquences de bienfaisance" comme des "Millions de copains"...
Ces dernières années, les critiques visent surtout des moments jugés sexistes ou racistes, comme Dorothée chantant avec le groupe guadeloupéen Zouk Machine, le visage peint en noir, ou les clichés coloniaux de certains clips.
Desclub scènes qui "ne passeraient plus aujourd'hui" mais reflètent une époque où "les adultes n'avaient pas conscience de leur impact", selon le journaliste Alexandre Raveleau, auteur d'"AB Génération".
Le "Club Dorothée" et l'empire AB n'en restent pas moins une étape "incroyable" et "unique" de l'histoire du petit écran, estime ce spécialiste de la télévision, invoquant le "volume" de programmes produits en 10 ans.
"C'était une aventure merveilleuse", confie Bernard Minet, ancien membre du groupe Les Musclés. "Le plus terrible, ça a été la disparition prématurée des copains", avec la mort des Musclés René et Framboisier, suivis de Corbier et Ariane.