Belgique

Le commerce des esclaves a fait la fortune de ce Belge au 18e siècle

Portrait de Friedrich von Romberg

© isa.gerda-henkel-stiftung.de, Wikimedia commons

Par Alain Lechien

Au cours de l’histoire, ce que l’on a appelé "le commerce triangulaire" désigne le négoce qui a été pratiqué par les puissances coloniales, telles que la France ou l’Angleterre, et qui consistait à aller chercher par bateau des esclaves en Afrique pour les amener dans les plantations sur le continent américain, et ensuite à transporter vers l’Europe des matières premières telles que du tabac, du coton, du cacao, ou du café notamment.

Un négociant en textile, qui vivait au 18e siècle dans ce qui s’appelait alors les Pays-Bas méridionaux et qui est aujourd’hui la Belgique, a fait fortune dans le commerce triangulaire en vendant notamment des esclaves et des armes qu’il transportait dans ses navires au départ d’Ostende.

Ce Belge s’appelait Frédéric Romberg (ou Friedrich Romberg). Il est né en Allemagne en 1729 et s’est établi à Bruxelles à partir de 1755. Au départ il s’occupe de commerce de tissus, mais ensuite il développe son entreprise vers le transport terrestre, puis maritime, et ouvre des succursales à Bruges, Louvain, Ostende et Gand. Son entreprise prospère au point qu’il possède une usine textile (filature, tissage et impression de coton), a des activités bancaires et d’assurance maritime. En 1782, il possède 153 navires. En 1784, il est officiellement autorisé à faire commerce d’esclaves et obtient le titre de baron.

Frédéric Romberg équipe des bateaux afin d’organiser des voyages vers l’Afrique. Dans les ports belges ses navires sont chargés de tissus, de tabac, d’alcool mais aussi de poudre à canon et d’armes à feu, sans oublier des chaînes et des entraves pour retenir les esclaves.

Les bateaux naviguent vers l’Afrique de l’Ouest, où cette marchandise est échangée contre des esclaves. Les bateaux se dirigent ensuite vers les Caraïbes (Guadeloupe, Saint-Domingue ou Cuba). Les esclaves y sont vendus et les bateaux sont alors chargés de café, de sucre ou d’autres matières premières qui sont acheminées ensuite vers l’Europe. Les navires de Romberg ont aussi transporté de l’ivoire ou de l’or. En 1782-1783, les bateaux de Romberg ont transporté des esclaves au cours d’une dizaine de rotations.

L’auteur Herman Portocarero a publié une étude sur le trafic négrier belge, intitulée "De zwarte handel" (Standaard Uitgeverij), auquel l’historien Stan Pannier (Vlaams Instituut voor de Zee) fait référence dans un article, y ajoutant ses propres commentaires. Selon eux, un prospectus distribué à l’époque à des investisseurs potentiels par Romberg atteste du caractère violent du commerce des esclaves, puisqu’il prévoit une "perte de 9 à 10%" parmi les esclaves. Des maladies telles que le scorbut ravageaient en outre cette 'marchandise'.

La prospérité de son entreprise a permis à Frédéric Romberg d’acheter le château Beaulieu, à Machelen, en 1782.

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