Prix de l'énergie

Le cours du gaz est passé de 350 euros le mégawattheure à moins de 100 en deux mois : faut-il diminuer ses acomptes ?

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1200 euros pour un isolé. C’est le montant démentiel qu’on voit circuler depuis début octobre sur de nombreux comptes de réseaux sociaux pour les factures d’acompte d’énergie.

Et ce, apparemment en contradiction avec les nombreuses dépêches tombées ces dernières semaines sur un cours à la baisse. Pourtant, oui, la tendance générale depuis le "pic" du 26 août est à la baisse : le prix pour les contrats avec fourniture le mois suivant est passé de 350 euros le Mégawattheure ce jour-là, à moins de 100 euros ce lundi 24 octobre : la bourse néerlandaise de référence a clôturé au prix de 96,5 euros le mégawattheure.

Alors, faut-il diminuer ses acomptes d’énergie à son fournisseur ? Pas si vite. Dans de nombreux cas, il ne faut même surtout pas le faire.

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Contrat fixe ou variable ? Avec quelle indexation ?

Tout d’abord, cette potentielle baisse ne concerne que les contrats variables.

Il faut repréciser ce qu’est un contrat "variable" en termes d’énergie (que ce soit gaz ou électricité) :

  • Avec un contrat fixe, vous connaissez dès la signature du contrat le tarif auquel vous paierez votre énergie. Votre décompte final (duquel on déduira les acomptes déjà versés) ne dépendra en principe que du niveau de votre consommation. La baisse actuelle n’aura donc AUCUNE influence sur votre facture. La météo plutôt douce par contre en a une, en limitant votre consommation.
  • Avec un contrat variable, le coût de l’énergie est fixé en fonction du marché. Le consommateur supporte le risque de variation de prix, à son avantage ou son désavantage. Votre contrat comprend ainsi deux données : un tarif de base (un peu plus bas que celui établi pour un contrat fixe) ET des paramètres d’indexation, qui varient à la fois selon les fournisseurs, et chez un même fournisseur selon le type de contrat.

Parmi les conditions les plus courantes de cette indexation, on retrouve une actualisation trimestrielle selon une formule du type (INDICE * X) + Y) * TVA). L’indice trimestriel le plus courant, c’est celui qu’on appelle ENDEX303 pour l’électricité, et TTF103 pour le gaz.

Le paramètre d’indexation de l’électricité Endex303 est basé sur la moyenne arithmétique des prix journaliers durant le trimestre qui précède le trimestre de fourniture.

Le paramètre d’indexation du gaz TTF103 est basé sur la moyenne arithmétique des prix journaliers du gaz naturel durant le mois qui précède le trimestre de fourniture.

Or, le gaz a connu une flambée incroyable en été, avec son apogée en août, ce qui a eu une conséquence directe sur le prix de gros de l’électricité durant cette période. A l’origine de cette flambée, les inquiétudes liées à l’arrêt du gazoduc Nordstream, combinées au fait que les États européens ont voulu garantir leurs fournitures énergétiques pour l’hiver et ont acheté en conséquence : la demande démesurée par rapport à l’offre a fait flamber des prix déjà très hauts : le pic de 350 euros le MWh pour le gaz de fin août, c’est 17,5 fois plus que le cours de juin 2021.

Le système d’indexation trimestriel fait que cette énorme hausse se répercute dans les contrats variables, à partir d’octobre 2022, et au moins pour tout le trimestre. On le voit : pour le gaz, l’indice a presque doublé, pour l’électricité, il a plus que doublé !

Cette légère différence s’explique par le fait que pour le gaz, c’est le cours de septembre qui est envisagé, alors qu’il se tassait légèrement après le pic d’août, tandis que pour l’électricité, c’est la moyenne du trimestre (juillet-août-septembre), pic compris, donc, qui est envisagée.

La détermination des acomptes

Les détenteurs d’un contrat variable savent donc désormais à quelle "sauce" ils vont être mangés pour le trimestre… et leurs fournisseurs aussi. Ceux-ci se basent sur les consommations des années précédentes ou sur des profils types pour évaluer la consommation annuelle, répartie par mois selon des Real Load profile, ou "profils d’utilisateurs" (petit pourcentage en été, gros pourcentage en hiver), et ce, quelle que soit votre consommation réelle durant ces mois !

En multipliant cette consommation estimée par le prix indexé, les fournisseurs peuvent évaluer le prix final au moment du décompte. De cette addition, ils déduisent les acomptes déjà versés, et ils divisent la différence par le nombre de mois restant jusqu’à la date du décompte. C’est le résultat de ce calcul qui est proposé comme "futur acompte".

Et avec des indices qui ont doublé, ces acomptes ont évidemment explosé eux aussi, d’autant qu’ils concernent des mois où l’on consomme beaucoup (et le pourcentage de votre consommation annuelle sera donc important, quelle que soit votre consommation réelle).

 

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Et ensuite ?

La prochaine période d’indexation trimestrielle, c’est janvier 2023.

Si la baisse actuelle se confirme, l’indexation sera négative et le prix de base pourrait diminuer fortement. Mais attention, même en cas de baisse à partir de janvier, les tarifs pour le dernier trimestre 2022 ont été fixés et ne changeront plus. Quelle que soit votre consommation, la facture pour ces trois mois au tarif le plus haut pèsera de toute façon très lourd dans le décompte final et dans la régularisation.

Il reste deux cas de figure :

  • si votre décompte annuel est à la fin de cette année, vous ne pourrez bénéficier de cette éventuelle baisse en janvier que lors de votre prochaine période de facturation. Dans ce cas, il ne faut surtout pas diminuer vos acomptes, car la facture finale risque alors d’être méchamment salée. Par contre, vos acomptes diminueront à partir de janvier.
  • Si votre décompte annuel est prévu en 2023, la baisse actuelle pourrait faire baisser le décompte final… si elle se confirme. Mais un hiver rude et une reprise de la consommation pourraient encore complètement infléchir ce scénario.

En résumé, il vaut mieux en ce moment être prudent et ne pas diminuer ses acomptes même si "on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise"…

 

Diminution du prix du gaz sur les marchés de gros

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