Economie

Le coût lié aux problèmes de santé mentale représente 5% du PIB

Le marché matinal

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Par Anthony Roberfroid, d'après le marché matinal de Wahoub Fayoumi

Quel est le diagnostic de la population belge en termes de santé mentale ? Un colloque organisé par le Conseil de la santé tire de premières conclusions, et celles-ci ne sont pas brillantes. Les Belges sont de plus en plus nombreux ces dernières années à souffrir d’anxiété ou de dépression, et même de formes graves de maladies mentales. Cette évolution a des effets massifs sur l’économie belge et ce sont les jeunes qui sont les plus touchés.

La part des jeunes âgés de 18 à 29 ans souffrant de problèmes de dépression a triplé pour passer de 9% à 28% pendant les deux dernières années de la pandémie de Covid. Ce pourcentage peine à diminuer aujourd’hui encore.

Ce constat est à l’image d’une tendance globale dans notre société aujourd’hui. Selon une étude de Sciensano, 19% de la population belge souffrirait d’anxiété et 17% de dépression. C’est une augmentation de 40% en à peine cinq ans.

Les multiples crises qui se sont succédé ont une réelle influence, elles ont accentué la pression sur la population en termes d’inquiétude, comme le prix de l’énergie pour se chauffer, la situation internationale instable avec la guerre en Ukraine ainsi que les impacts de plus en plus visibles de la crise climatique.

Des manifestations de plus en plus visibles

La population est donc bien plus touchée qu’auparavant par ces maladies mentales, et celles-ci se manifestent davantage dans notre société, notamment chez les jeunes : "En termes de problématiques de santé mentale grave et sérieuse, on voit des aspects inquiétants, comme l’automutilation, qui est un signe très clair de troubles mentaux graves", explique Olivier Luminet, professeur de psychologie de la santé à l’UCLouvain et coprésident du groupe Santé mentale au Conseil Supérieur de la Santé. "C’est quelque chose qui était en forte augmentation et toute la sphère des idéations suicidaires est aussi en forte hausse", ajoute-t-il.

Conséquence : les services de soins psychiatriques sont pris d’assaut. Le professeur constate une forte augmentation de la demande d’intervention : "Ça se répercute très largement dans le nombre de demandes d’admission en urgence psychiatrique pour les adolescents et les jeunes adultes. En termes de consultations, où on a une véritable explosion du nombre de demandes", détaille Olivier Luminet.

Selon des chiffres de l’OCDE, l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques, 42% des jeunes qui n’ont pas de difficultés financières risquent de tomber en dépression. Un chiffre élevé mais bien moindre que celui des jeunes les plus précarisés puisque 70% de ces derniers risquent de tomber dans un état dépressif.

Si le Belge déprime, l’économie déprime également

La situation mentale des Belges a aussi un effet sur l’économie du pays. Si la première n’est pas bonne, la seconde suit la même tendance. Incapacité de travail, burn-out… Les coûts liés aux problèmes de santé mentale représentent 5% du PIB belge (richesses produites en Belgique) chaque année.

La santé mentale des jeunes reste donc une priorité pour le bien-être de la population, mais aussi pour notre économie et ce, sur le long terme, comme le détaille Olivier Luminet : "Si c’est la catégorie la plus touchée et la plus jeune, on a fortement intérêt à ce qu’ils aillent mieux pour eux-mêmes, mais aussi pour pouvoir réintégrer le marché de l’emploi, parce que si c’est la catégorie qui est la plus en arrêt maladie, ce qui est quand même assez paradoxal, ça va avoir un impact énorme au niveau de notre fonctionnement économique dans les années à venir."

En termes de politique publique, les choses bougent tout de même dans notre pays. En 2021, le budget consacré à la santé mentale a quadruplé de 39 à 152 millions d’euros. Le remboursement des consultations a également augmenté et les lignes d’aide ont été renforcées.

Mais pour les praticiens et les chercheurs, la population n’est pas assez informée des possibilités de soins. La plupart des personnes malades ne savent pas où s’adresser. Savoir vers qui se diriger facilement et de façon ciblée est la première amélioration à mettre en place aujourd’hui selon les experts.

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