Week-end Première

"Le coworking sonne le glas du traditionnel métro-boulot-dodo à papa"

"Le coworking sonne le glas du traditionnel métro-boulot-dodo à papa"

© Thomas Barwick - Getty Images

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Par Olivier Marchal avec Garance Fitch Boribon

Le coworking gagne petit à petit du terrain dans la tête des travailleurs et des entreprises. Il consiste à faire travailler plusieurs métiers pas forcément liés dans un même espace. Ses atouts principaux : la flexibilité et le partage. Le coworking casse donc les codes de l’entreprise "classique", mais au-delà de l’effet de mode, quels sont ses avantages ? Olivier Marchal, sociologue et directeur de la Cité des métiers de Charleroi, s’est penché sur cette nouvelle mode.

 

Qu’est-ce que le Coworking ?

Coworking signifie " travailler ensemble ". Jusqu’ici rien de très original, c’est vrai. Sauf que, lieu mixte et partagé, " ni maison, ni lieu de travail classique ", le coworking s’apparente plus à ce que le sociologue Ray Oldenburg a baptisé " Tiers lieux ".

Certains font remonter l’origine du coworking au Berlin des années 90. Mais c’est au début des années 2000 que San Francisco s’empare de l’idée pour la renvoyer ensuite en Europe avec ce petit supplément mythologique " made in Silicon Valley " qui le rendra incontournable de part et d’autre de la planète.

Véritable fusion entre bureau, salon, cuisine et salle de jeux vidéo, les espaces de coworking maltraitent littéralement les codes et les manières de travailler, sonnant le glas du traditionnel métro-boulot-dodo à papa.

Les millénials (celles et ceux né.e.s entre 1990 et 2000), constituant la fameuse Génération Y, adeptes des colocations, zappeurs-voyageurs, nourris à l’indépendance et à la créativité, voient dans les espaces de Coworking la possibilité de s’épanouir loin des schémas poussiéreux de leurs parents et d’enfin pouvoir travailler de leurs propres ailes. Ils en sont les principaux utilisateurs actuellement.


Coworking : nouveau monde, nouveau mode ou bien nouvelle mode ?

Avec près de 2 millions de coworkers dans le monde et plus de 5 millions attendus 2024 ans (les prévisions datant d’avant la pandémie de Covid19), une révolution est en marche où chacune et chacun trouvera de quoi se déployer à son rythme et à sa manière. Car le coworkeur peut bosser le lundi à Charleroi, le mercredi à Chimay (à travers les espaces de coworking ruraux), et le jeudi à Berlin.


Véritable globe trotteur professionnel, architecte de sa propre existence, le coworker est l’incarnation de l’auto-entrepreneur moderne et porte en lui les germes d’un nouveau monde, celui des slashies (ces personnes qui travaillent par choix sur plusieurs jobs ou projets à la fois), mais aussi l’esquisse d’une société de et par projet.

Quels avantages par rapport au travail "classique" ?

Choisir de coworker c’est quitter les sentiers rassurants (et ennuyeux) du salariat ; c’est booster sa productivité dans un contexte toujours renouvelé. De nombreux avantages collatéraux en découlent : plus besoin de matériels et de locaux coûteux. On paie à l’heure, ou au forfait. Idéal pour démarrer un projet !

Coworker c’est aussi bénéficier de la proximité immédiate de conseils en démarches administratives, en stratégie commerciale, en prototypage produit, ou bien encore l’octroi de prêt tremplin pour lancer son activité. Car les espaces de coworking sont souvent intégrés dans des consortiums de services de conseils et d’accompagnement dont l’exemple le plus probant est celui de Charleroi-Entreprendre.

Dernier avantage et non des moindres : là où jadis au boulot autour de la machine à café, le maximum de mixité, c’était de croiser Mika de la compta, et Julie de la com’, avec le coworking c’est l’hybridation absolue et dans le canapé ou autour du baby-foot, on découvre Kevin et son projet de food truck bio, Géraldine et son app’pour créateurs de cup cakes, ou bien encore Tony qui se lance dans le technotourisme.
Ce " mélange des genres par le mélange des gens ", est crucial pour l’innovation et l’émulation !

 

Le Coworking n’est pas fait pour tout le monde


Si la nouveauté ou la mixité vous déstabilisent ; si les gens qui tchachent et jargonnent un anglais d’entreprise, vous saoulent un peu ; si vous avez besoin de cloisons, de routines, ou d’un chef qui cadre votre travail, le Coworking ne sera probablement pas votre tasse de thé.

Pour les autres : jetez-y un œil. Des espaces comme ceux-ci : il y en a partout. De Bruxelles en Wallonie. En ville comme en campagne.
Et pour celles et ceux qui se sentent prisonniers d’un salariat un peu rigide, parlez-en à vos boss, c’est le moment.

Car bientôt, quand le télétravail sera la norme. Quand vous passerez la journée complète à travailler chez vous, à culpabiliser parce qu’il faut vider le lave-vaisselle, ou bien tenté par votre conjoint qui sort de la douche en tenue d’Adam. Qui sait s’il ne sera alors pas plus judicieux pour votre productivité, de rejoindre l’espace de coworking le plus proche et retrouver sur un même plateau : Jeannine la voisine qui bosse pour une banque ; Igor qui corrige les mémoires de ses étudiants, et Akim peaufinant l’analyse de marché de son futur produit high tech.

Car si manger local est aujourd’hui une évidence. Travailler local n’est encore qu’à l’état de semence. Il reste du boulot, mais ce qui est certain : c’est qu’on avance !


 

Réécoutez la chronique d’Olivier Marchal dans Week-end Première !

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