Cyclisme

Le cyclisme belge a de beaux jours devant lui : "On est paré avec plusieurs coureurs pour chaque type de course"

De Lie, Uijtdenbroeks et Nys font partie des jeunes à suivre dans les saisons à venir.

© Belga

Si Wout van Aert et Remco Evenepoel ont déjà fait flotter bien haut le drapeau belge lors des championnats du monde, ils ne sont pas les seuls à faire briller les couleurs noire-jaune-rouge sur ces Mondiaux de cyclisme.

Alec Segaerts et Florian Vermeesch ont également remporté une médaille sur le contre-la-montre junior pour l’un et espoir pour l’autre. Focus sur une nouvelle génération prête à faire vibrer tout un pays.

Les championnats du monde de cyclisme se déroulent cette année sur nos terres, en Belgique. Si beaucoup de regards sont déjà tournés vers la course des élites dimanche, la course à l’arc-en-ciel donnera également l’occasion de voir des jeunes belges à l’œuvre dans les catégories juniors et espoirs. Des talents à garder à l’œil car le vélo belge semble avoir de belles années devant lui.

Certains ont encore l’âge de courir chez les espoirs mais font déjà partie du peloton professionnel. C’est le cas notamment d’un Remco Evenepoel, qu’il ne faut évidemment plus présenter, lui qui le week-end dernier à remporter une belle médaille de bronze sur le contre-la-montre des championnats du monde, seulement devancé par Filippo Ganna et Wout van Aert. D’autres viennent de dépasser l’âge limite et vivent une magnifique saison, comme c’est par exemple le cas de Jasper Philipsen.

Une sélection bien fournie aux Mondiaux

Il ne faut donc pas s’inquiéter pour le cyclisme belge qui compte en plus de futurs talents dans les catégories de jeunes. "On a une belle génération qui est déjà professionnelle et derrière eux, il y a encore de tous bons coureurs donc il n’y a pas de quoi s’inquiéter pour l’instant", souligne Christophe Detilloux, directeur sportif chez Bingoal Pauwels Sauces WB.

L’équipe espoir peut d’ailleurs espérer un bon résultat sur les routes des championnats du monde. "Florian Vermeersch est sélectionné avec les Espoirs alors qu’il roule avec les professionnels donc c’est dire le niveau. Et je pense qu’on aurait pu mettre 10-15 coureurs sur la course espoirs", souligne l’ancien coureur. Aux côtés de Vermeersch, on retrouve un Thibaut Nys fraîchement champion d’Europe espoir et un Arnaud De Lie en pleine bourre cette saison chez les espoirs.

Mais il n’y a pas que sur les championnats du monde que la Belgique peut briller. Les talents sont nombreux et les spécialités variées comme l’explique Christophe Detilloux : "On est paré à tous les niveaux. On a de très bons espoirs pour grimper avec des gars comme Uijtdebroeks, pour le sprint avec des garçons comme De Lie et Van Mechelen et dans les équipes de développement, on a de très bons grimpeurs".

La montre peut trembler

Alec Segaerts, Cian Uijtdebroeks et Florian Vermeersch sont l'avenir du chrono belge.

On l’a vu sur ces championnats du monde avec les médailles de Wout van Aert et Remco Evenepoel, la Belgique est devenue une grande nation du chrono et cela pourrait bien être encore le cas dans le futur. Les médailles de Vermeersch et Segaerts et la sixième place d’un Uijtdebroeks, légèrement blessé, dans les catégories d’âge montrent que le chrono noir-jaune-rouge a de belles années devant lui.

"Si on prend la Grande-Bretagne, qui est une référence dans l’exercice, la majorité des courses sont des contre-la-montre. Ils ont ça dans leur ADN. En Belgique, on n’avait pas du tout la culture du chrono auparavant mais ça commence à changer depuis 6-7 ans. Des tests ont été mis en place pour les jeunes et dès les juniors, ça se professionnalise avec du bon matériel et un travail sur la position. Ils ne montent pas sur leur premier vélo de contre-la-montre quand ils sont professionnels", retrace Christophe Detilloux.

Un changement de mentalité qui porte donc ses fruits et qui devrait voir la Belgique jouer la gagne sur les chronos. Une qualité qui devrait également aider Remco Evenepoel et Cian Uijtdebroeks dans leur quête de résultats sur les grands tours.

Les nouveaux Flandriens

Thibau Nys sur des pavés, l'image pourrait bien se répéter de nombreuses fois dans le futur.

La Belgique a toujours brillé sur les flandriennes. Les pavés font partie de l’histoire du cyclisme noir-jaune-rouge et ça devrait encore être le cas dans le futur. "Pour moi Thibau Nys est le futur crack belge des classiques flamandes", affirme Christophe Detilloux.

Le fils de Sven issu lui aussi du cyclo-cross a déjà fait parler de lui. A seulement 18 ans, il vient de remporter les championnats d’Europe espoirs. Après des victoires sur le Tour du Brabant Flamand et sur le Tour de la Province de Namur, il avait terminé 2e aux championnats de Belgique espoirs avant donc de remporter le maillot aux étoiles chez les juniors.

"Tout le monde disait que le Tour du Brabant-Flamand n’est pas une course professionnelle mais le gamin de 18 ans a fait toute la saison avec les pros et a fait de bons résultats, ce qui est exceptionnel", assure Christophe Detilloux.

Il faut dire qu’avec les phénomènes Pogacar, Evenepoel et Bernal, les suiveurs se sont sans doute habitués à voir des jeunes à peine passés professionnels briller sur les plus grandes courses. Mais ceux-ci restent des exceptions et le passage dans le peloton professionnel est une étape difficile.

S’il réussit son adaptation, Thibau Nys a donc tout pour devenir le nouveau Flandrien.

L’école du sprint semble avoir retrouvé des fidèles

Jasper Philipsen est la tête d'affiche d'un sprint belge qui a retrouvé des couleurs.

Pendant quelques années, la Belgique a semblé se chercher un nouveau sprinter vedette. Avec les bons résultats de Tim Merlier et Jasper Philipsen, l’école du sprint semble être relancée.

Et chez les jeunes, des coureurs rapides, il y en a. Arnaud De Lie a remporté quelques belles victoires, notamment sur le Tour de l’Alsace. Il faudra également tenir à l’œil le très jeune Vlad Man Mechelen, 17 ans à peine. "Il a réalisé une magnifique quatrième place sur les championnats d’Europe junior en remportant le sprint du peloton", explique Christophe Detilloux.

Les jeunes à suivre la saison prochaine chez les pros

Arnaud De Lie va continuer l'aventure avec Lotto Soudal mais la saison prochaine ce sera chez les professionnels.

La saison prochaine, quelques jeunes quitteront les catégories espoirs et juniors pour rejoindre le peloton professionnel. Parmi eux, il faudra garder un œil attentif sur Arnaud De Lie (Lotto Soudal) et Cian Uijtdebroeks (Bora-Hansgrohe) à en croire Christophe Detilloux.

L’ancien coureur est d’ailleurs convaincu que le passage chez les pros devrait bien se passer pour le sprinteur de chez Lotto : "Arnaud De Lie va devoir découvrir la catégorie mais je pense qu’il est capable de faire directement des résultats. Il a vraiment du niveau et en plus c’est un bosseur. Il devra se spécialiser et je pense qu’il a intérêt à le faire sur les classiques flamandes parce qu’il va très vite au sprint, il sent bien la course et il est vraiment facile sur les pavés".

Cian Uijtdebroeks va tenter le passage chez les professionnels sans passer par les espoirs.

Pour Cian Uijtdebroeks, le directeur sportif de Bingoal Pauwels Sauces WB est un peu moins optimiste mais il sera quand même attentif à l’adaptation du grimpeur : "Je ne suis pas pour le fait de passer directement des juniors aux professionnels sans passer par les espoirs. Ce sont de très bons coureurs avec de bonnes valeurs mais ils se privent d’une catégorie où ils peuvent continuer à gagner. Moralement, pour des gamins qui sont les plus forts depuis qu’ils roulent à vélo, qui gagnent quasi toutes les semaines, passer pro c’est apprendre à se prendre des raclées, ce n’est pas facile".

Le passage dans le peloton professionnel est également plus délicat pour les coureurs au profil de Uijtdebroeks. La haute montagne ne faisant aucun cadeau. "Un sprinteur comme De Lie, même s’il est à 100% mais que les autres sont meilleurs que lui, il peut faire des tops 10 ou 5 parce qu’il sait se placer et qu’il va vite. Un grimpeur, s’il lui manque les 10-15% par rapport au top professionnel, à ce niveau-là, il va faire 35e parce que sur une arrivée au sommet, ce sont les meilleurs qui sont devant. Pareil en chrono, si on prend ses chronos en junior, c’est exceptionnel mais si on les rapporte aux professionnels, il y en a quand même 15 devant lui. Il faut qu’il soit prêt moralement à se dire qu’il ne gagnera pas toutes les semaines", prévient Christophe Detilloux.

Un autre paramètre important est l’arrivée dans une grande écurie comme Bora-Hansgrohe dont le fonctionnement est bien différent du monde junior : "C’est souvent un double programme chez les pros, donc deux fois sept coureurs. Donc il y en a quand même une quinzaine qui reste à la maison. Il va parfois rester trois semaines, un mois sans être sélectionné et pour un jeune, dans la tête ce n’est pas évident".

Henri Vandenabeele va passer professionnel avec la Team DSM après avoir couru pour leur équipe de développement.

Un fonctionnement qui est similaire dans les équipes de développement de ces grandes équipes qui n’a pas forcément bien réussi à tous les Belges qui y ont tenté l’aventure : "Pour moi, Henri Vandenabeele est moins bien maintenant chez DSM que quand il était chez Lotto où il parlait néerlandais, il était avec des copains, il était en terrain conquis. Il courait beaucoup parce qu’en Belgique on a des courses régulièrement. Chez DSM, ils font une belle course toutes les trois semaines et entre les deux ils font des camps d’entraînement. Je ne suis pas sûr qu’en Belgique tous les coureurs sont prêts à ça, beaucoup de coureurs aiment la compétition".

Si la Belgique devrait continuer à occuper le premier plan, elle devra se battre face à des concurrents sérieux car d’autres pays ont de belles générations qui arrivent pour Christophe Detilloux : "La Norvège et le Danemark sont très impressionnants aussi. L’Espagne a Ayuso qui a déjà signé chez UAE à 19 ans. On ne va pas être les rois du monde, il y aura de la concurrence. Mais la Belgique est parée avec plusieurs coureurs pour chaque type de course"

En attendant de les voir débarquer dans la cour des grands, les exploits de nos juniors et de nos espoirs aux championnats du monde seront à suivre vendredi sur les différents médias de la RTBF.

Filippo Ganna Champion du Monde devant Wout van Aert et Remco Evenepoel

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Gustav Wang en or, Alec Segaert en bronze, Cian Uijtdebroeks sixième

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