Pour Cian Uijtdebroeks, le directeur sportif de Bingoal Pauwels Sauces WB est un peu moins optimiste mais il sera quand même attentif à l’adaptation du grimpeur : "Je ne suis pas pour le fait de passer directement des juniors aux professionnels sans passer par les espoirs. Ce sont de très bons coureurs avec de bonnes valeurs mais ils se privent d’une catégorie où ils peuvent continuer à gagner. Moralement, pour des gamins qui sont les plus forts depuis qu’ils roulent à vélo, qui gagnent quasi toutes les semaines, passer pro c’est apprendre à se prendre des raclées, ce n’est pas facile".
Le passage dans le peloton professionnel est également plus délicat pour les coureurs au profil de Uijtdebroeks. La haute montagne ne faisant aucun cadeau. "Un sprinteur comme De Lie, même s’il est à 100% mais que les autres sont meilleurs que lui, il peut faire des tops 10 ou 5 parce qu’il sait se placer et qu’il va vite. Un grimpeur, s’il lui manque les 10-15% par rapport au top professionnel, à ce niveau-là, il va faire 35e parce que sur une arrivée au sommet, ce sont les meilleurs qui sont devant. Pareil en chrono, si on prend ses chronos en junior, c’est exceptionnel mais si on les rapporte aux professionnels, il y en a quand même 15 devant lui. Il faut qu’il soit prêt moralement à se dire qu’il ne gagnera pas toutes les semaines", prévient Christophe Detilloux.
Un autre paramètre important est l’arrivée dans une grande écurie comme Bora-Hansgrohe dont le fonctionnement est bien différent du monde junior : "C’est souvent un double programme chez les pros, donc deux fois sept coureurs. Donc il y en a quand même une quinzaine qui reste à la maison. Il va parfois rester trois semaines, un mois sans être sélectionné et pour un jeune, dans la tête ce n’est pas évident".