Euro 2024

Le Danemark, boosté par l'esprit "Eriksen", veut faire tomber l'Angleterre pour passer du cauchemar au conte de fée

La détresse de la femme de Christian Eriksen, réconforté par le capitaine Simon Kjaer.

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Par Antoine Hick

Samedi 12 juin, Parken Stadium de Copenhague, 18h41, environ, on ne sait plus vraiment en fait.

Le coeur de Christian Eriksen s’arrête. Le maestro danois s’écroule. Le match s’arrête. Le sport s’arrête.

Dans le stade, des larmes, des gestes d’impuissance, des regards tétanisés. Sur la pelouse, des coéquipiers exemplaires, un staff médical héroïque et un cœur qui se remet à battre, dissimulé par les épais draps brandis par son équipe pour le protéger des caméras.

Très vite, les minutes deviennent des heures. Dans le stade, un silence assourdissant. Devant leur télé, des téléspectateurs médusés. Tout le monde attend la nouvelle. Elle tombe finalement quelques dizaines de minutes plus tard : Christian Eriksen est dans un état stable à l’hôpital. Soulagement infini.

Le public réagit au malaise de Christian Eriksen à l’Euro 2020.
Le public réagit au malaise de Christian Eriksen à l’Euro 2020. © AFP or licensors

3 juillet 2021, Stade de Bakou. 19.55h.

La République Tchèque pousse, le Danemark recule. Mais les Danois mènent 2-1. Ils le savent, ils sont donc virtuellement qualifiés. Mais encore faut-il tenir six minutes de plus. Irrespirables arrêts de jeu.

Michael Kremncik, le géant tchèque, repart à l’abordage. Il le veut son premier but du tournoi. Mais sa tentative passe largement au-dessus. Même frustrant refrain pour Barak, qui ne casse rien du tout. Le Danemark est trop solide, diablement bien organisé.

Les trois coups de sifflet de l’arbitre percent finalement l’épais nuage de tension qui régnait dans le stade. C’est fait. Malgré un dernier baroud d’honneur tchèque, le Danemark est en demi-finale de l’Euro 2020. Soulagement infini.

La joie de l’équipe du Danemark à l’Euro 2020.
La joie de l’équipe du Danemark à l’Euro 2020. © AFP OR LICENSORS

Entre ces deux évènements, 21 jours tout pile. 3 semaines où les doutes et les incertitudes ont été balayés d’un féroce coup de crampon par les Danois. Eriksen conscient et hors de danger, c’est tout un pays qui s’est remis à respirer.

On le fait pour Christian” ont commencé à clamer les Danois, à l’unisson, avant et après chaque rencontre. Un refrain devenu le leitmotiv d’une équipe plus soudée que jamais. Comme si soudainement, elle puisait, dans l’absence de son maestro, cette énergie du désespoir qui lui permettait de renverser n’importe quelle montagne. Et comme si, niché du haut de sa petite chambre d’hôpital, le chef d’orchestre Eriksen distillait ses conseils et guidait ses couleurs, comme il avait pris l’habitude de le faire sur le terrain depuis de longues années.

Quand les Danois se sont donc retrouvés dos au mur après la frustrante défaite face à la Belgique et le 0/6 qui en découlait, ils n’ont jamais paniqué. Ou jamais donné l’impression de paniquer. Presque miraculés, ils ont profité de la démonstration face aux fantômes russes (4-1) pour s’ouvrir les portes des 8e de finale, malgré leurs trois petits points. Une qualification in extremis, qui a eu un savoureux goût de devoir accompli. Parce qu’à partir de là, tous les rêves, même les plus chimériques, étaient à nouveau permis.

Kasper Schmeichel portier du Danemark.
Kasper Schmeichel portier du Danemark. © AFP

En mission, les Danois ont d’abord renvoyé le pays de Galles à ses études d’un 0-4 bien tassé. Ils ont ensuite évité les mailles du piégeux filet tendu par les Tchèques pour s’inviter dans le dernier carré (2-1). Un exploit monumental pour certains, la juste continuité d’un travail de sape pour eux. Ils y affronteront l’Angleterre pour une place en finale.

Et si, avant le tournoi, les Three Lions auraient probablement été placardés grandissimes favoris de cette rencontre, la donne a changé. Parce que dans l’esprit de nombreux observateurs, les Danois sont désormais capables de tout.

2e meilleure attaque du tournoi avec ses 11 buts, (derrière les 12 de l’Espagne), le Danemark a pris l’habitude de se montrer cynique, réaliste, carnassier devant les cages. L’orgie d’occasions ratées face à la Belgique n’étant plus qu’un lointain souvenir, les Scandinaves ont retrouvé leur froid réalisme.

Défensivement, c’est l’équipe qui concède le moins de tirs depuis l’entame du tournoi, menée d’une main de maître par son impérial portier Kasper Schmeichel, la robuste charnière Kjaer-Christensen et les infatigables pistons Maehle-Stryger Larsen.

Au tapis en début de tournoi, l’outsider danois s’est donc relevé pour déjouer tous les pronostics. Jusqu’à brandir le trophée du vainqueur le 11 juin prochain ? Pas forcément. Mais on se rappelle qu’en 1992, ils avaient été repêchés au tout dernier moment suite au forfait de la Yougoslavie, avant de créer la sensation et de braquer les favoris un à un. Bis repetita en 2021 ? Impossible n’est pas Danois. Surtout depuis le 12 juin dernier.

Danemark - Belgique : 17 juin 2021 (1-2)

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