Cinéma

Le dîner de cons a… Juste 25 ans !

Jacques Villeret est le con de Thierry Lhermitte

© Gaumont

Par Nicolas Buytaers

C’était le 15 avril 1998 au cinéma pour être exact. Et depuis, vous avez tous tenté d’en organiser un le mercredi soir. En attendant, quelle est votre réplique préférée de cette comédie culte ?

Ah bon, il n’a pas de prénom ?

Si, et il vient de le lui dire. Pierre Brochant vient d’annoncer à François Pignon que son interlocuteur s’appelle Juste Leblanc.

Votre prénom c’est François, c’est juste ? Eh bien lui, c’est pareil, c’est Juste !

Des yeux exorbités d’incompréhension, une certaine bêtise qui se lit sur son visage, Pignon travaille du ciboulot mais ça ne percute toujours pas. La scène est géniale et le dialogue sonne… juste ! Elle est peut-être là votre scène préférée du film "Le dîner de cons" ? Ou ailleurs car il y en a tellement dans cette comédie culte sortie en salles le 15 avril 1998, il y a… juste 25 ans !

Loading...

Mais reprenons tout depuis le début. De quoi parle ce fameux "Dîner" ? Tout commence dans un train. C’est là que nous faisons la connaissance de François Pignon (Jacques Villeret). Employé au Ministère des Finances, Pignon n’a qu’une passion : les maquettes de monuments célèbres en allumettes. Il pourrait vous en parler des heures de ses reproductions. Rien que pour celle de la Tour Eiffel, il lui en a fallu 346.422 exactement ! Des allumettes, bien entendu. Il n’en faut pas plus pour allumer la curiosité et l’intérêt de Pierre Brochant (Thierry Lhermitte), un éditeur parisien, et de ses amis qui organisent les mercredis de drôles de dîners. D’ailleurs Pignon est invité chez Brochant pour mieux faire connaissance. Oui mais voilà, ce soir-là, Brochant est au plus mal. Un tour de reins le plie en deux. Pire encore, Christine, sa femme, vient de claquer la porte car elle en avait assez de voir son compagnon ridiculiser ces pauvres bougres que ses amis et lui invitent pour leur Dîners de cons. Ne pouvant compter que sur Pignon (aïe), Brochant tente de récupérer sa femme…

Loading...

À l’origine, "Le dîner de cons" est une pièce de théâtre écrite par Francis Veber ("La chèvre", "Les compères", etc.) en 1993. Une pièce mise en scène par Pierre Mondy au Théâtre des Variétés et jouée par Claude Brasseur (Brochant) et Jacques Villeret (Pignon). Cette pièce cartonne, à Paris mais aussi en tournée, jusqu’en 1997. Il n’en fallait donc pas plus ni moins pour en faire un film après quelques ajustements, tant du côté du scénario, tant du côté du casting, Thierry Lhermitte, Francis Huster et Daniel Prévost remplaçant respectivement Claude Brasseur, Michel Robbe et Gérard Hernandez dans les rôles de Brochant, Leblanc et Cheval. La merveilleuse idée de ce casting étant d’avoir gardé Jacques Villeret pour cette incarnation de François Pignon. Une interprétation cinématographique (vue par plus de 9 millions de spectateurs) concrétisée par le César du Meilleur acteur reçu en 1999. Prévost sera aussi récompensé (Meilleur second rôle), tout comme Veber pour le Meilleur scénario.

Loading...

Notez encore que ce duo Pignon/Brochant sera repris et joué par d’autres comme Dany Boon et l’animateur Arthur en 2007, Régis Laspalès et Philippe Chevallier en 2009, voire chez nous en Belgique avec Pascal Racan et Daniel Hanssens en 2014.

Loading...

D’après la légende et surtout d’après les mémoires de l’acteur André Pousse (son livre "Touchez pas aux souvenirs" est sorti aux éditions Robert Laffont en 1989), célèbre second rôle du cinéma français, éternelle gueule de ce même cinéma, les dîners de cons ont réellement existé…

Avec Michel Audiard, on faisait de temps à autre un dîner de cons. C’est un jeu que j’avais expérimenté avec Jean Castel, sur une idée à lui. On se réunit à cinq ou six, et chacun d’entre nous invite le type le plus con qu’il connaît. Au premier abord, c’est un jeu qui semble méchant et prétentieux. Mais, si on réfléchit un peu, on s’aperçoit bien vite que ce n’est pas méchant, pour la bonne raison que les cons ne savent pas qu’ils le sont !

Loading...

Pignon n’est pas que le héros d’une seule comédie à succès chez Veber. Tout a démarré avec une autre pièce à succès bien des années plus tôt, en 1973. La pièce s’intitulait "Le contrat". Au cinéma, elle s’est transformée en "L’emmerdeur" avec notre Jacques Brel national et Lino Ventura. Ensuite Pignon a été le héros gaffeur des "Compères" (en 1983, c’était Pierre Richard), le héros maladroit dans "Les Fugitifs" (en 1986, avec encore et toujours l’immense Pierre Richard), le héros prétendument gay dans "Le Placard" (en 2001, avec Daniel Auteuil) et le héros naïf dans "La Doublure" (en 2005, avec Gad Elmaleh). Des personnages de fiction qui ne plaisent guère aux véritables François Pignon de France (ils sont 11). Pour marquer leur mécontentement face aux brimades et autres railleries, ces Pignon ont monté une association revendiquant leur droit… à l’oubli ou plutôt à la fin des moqueries. Francis Veber a été touché par leurs demandes mais son amour pour son Pignon est trop fort. Et le nôtre aussi.

Loading...

Et puis, s’il ne fallait garder qu’une réplique du film, ce serait… juste celle-ci…

Vous êtes bien chez François Pignon, mais il n’est pas là pour l’instant. Laissez un message après l’bip, il vous rappel’ra, nom d’une pipe ! Ahaha !

Loading...

Inscrivez-vous à la newsletter à la Chronique de Hugues Dayez

Chaque mercredi, recevez dans votre boîte mail la chronique du spécialiste Cinéma de la RTBF sur les sorties de la semaine.

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous