La crise ukrainienne aura-t-elle une influence sur notre situation politique ? Si immanquablement, l’extrémité orientale de la rue de la Loi à Bruxelles, côté institutions européennes, vivra au rythme des évènements autour du Donbass dans les prochaines semaines ou mois, à l’autre bout de la même rue, siège du gouvernement et parlement fédéraux belges, des tensions sont à craindre.
La Belgique face à l’invasion
Comme de coutume dans ces circonstances, le gouvernement belge se calera dans le peloton des pays membres de l’Union Européenne ou de l’OTAN. Aucune singularité à attendre. La langue de bois diplomatique s’active déjà. Ne fâcher personne ou au pire, le moins possible. De toute façon, que pèse notre pays sur l’échiquier planétaire ? Le président Macron, en campagne électorale, s’expose ainsi bien plus quand il tente de jouer les émissaires de paix avec la Russie et que celle-ci lui répond par une action militaire brutale.
La Belgique a déjà fait savoir que son action militaire resterait limitée et dans le strict cadre de l’OTAN, hors d’Ukraine.
Par ailleurs, le gouvernement belge, plutôt partagé, préfère même temporiser quant à aider l’Ukraine. Formulée il y a près d’un mois, une demande simple demande de casques ou gilet pare-balles a été laissée de côté. La Belgique ne veut pas fâcher Vladimir Poutine.
L’énergie au bout de la rue
La Belgique s’inscrira dans le programme de sanctions que décideront OTAN ou Union Européenne, même si les précédents en Crimée, Transnistrie, Abkhazie, Ossétie, etc. …, où chaque fois la Russie annexait une partie de territoires voisins par la force, n’a jamais infléchi la volonté du Kremlin.
Mais si la majorité fédérale doit encore finaliser son attitude diplomatique, elle risque plus cruellement de se diviser sur le sempiternel dossier " énergie " qui s’y trouve désormais lié.
La fermeture des centrales nucléaires à l’horizon 2025 reste hypothétique, surtout depuis que sous l’impulsion de son nouveau président, le MR a viré sa cuti sur la question par rapport au gouvernement précédent, aidé en cela circonstanciellement par la flambée des prix du gaz. Les écologistes se retrouvent isolés et le Premier ministre en posture délicate. L’invasion russe va pousser les prix à la hausse et accentuer la pression.
De report en report, ce débat énergétique est devenu lui-même radioactif ! Il peut provoquer une crise politique profonde. Depuis 2003, la Belgique politique a refusé de décider. Désormais, elle risque de devoir le faire au plus mauvais moment, dans les pires circonstances. Et là, ce ne sera pas la faute de Vladimir Poutine.