Du 10 au 19 novembre, le festival queer bruxellois propose une sélection de films des quatre coins du monde, qui revisitent le désir sous de multiples angles. Début des hostilités avec le sensuel et mordant “Fogo-fátuo” du cinéaste portugais João Pedro Rodrigues.
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, ainsi qu'au Brussels International Film Festival, “Fogo-fátuo” fait aujourd'hui l'ouverture du Pink Screens, et le cadre lui sied plutôt bien. Cette " fantaisie musicale " de João Pedro Rodrigues (" L'Ornithologue ") revendique fièrement ses désirs et ses inclinations. Dans les sens du terme, le long-métrage est à la croisée des genres : comédie musicale, film érotique et satire, il se teinte même de science-fiction.
Son récit débute en effet en 2069, où le vieux prince Alfredo gît sur son lit de mourant dans un monde qu'on devine en ruine. Mais ce n'est qu'un point de départ pour nous plonger dans sa grivoise jeunesse, pendant la décennie 2010. Pris d'une envie de combattre le feu qui ravage son pays et la planète, le prétendant au trône rejoint le corps des sapeurs-pompiers. La compagnie de jeunes hommes bien bâtis qui passent leur journée à entraîner leurs muscles n'est sans doute pas pour lui déplaire. Dans la caserne règne une ambiance de camaraderie testostéronée et plus que sensuelle. Rejouant pour les beaux yeux du prince quelques tableaux, les pompiers adoptent avec exubérance des positions extrêmement lascives. Le reste du film est au diapason.
S'abandonnant joyeusement à un érotisme peu subtil, “Fogo-fátuo” prend aussi à bras le corps quelques sujets brûlants d'actualité, du réchauffement climatique à l'absurdité de la royauté, du coronavirus à la fétichisation raciale des corps — des préoccupations que João Pedro Rodrigues traite avec une certaine sincérité, mais surtout un sens mordant de l'humour. Le film a son propre langage, se jouant des codes et des convenances (l'adresse aux spectateurs, la présence sporadique de scènes de comédie musicale) pour mieux piquer et ravir son public. Un objectif qu'il devrait parvenir à accomplir sans trop de difficulté : loin d'être appesanti par ses lourdes thématiques, le film est porté par une lubricité qui a quelque chose de salvateur.
Le Pink Screens Festival se tiendra du 10 au 19 novembre prochain
Cinéma
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